Je m'identifie

Invindia : la griffe de l’audace

Des assemblages audacieux, des noms atypiques, une griffe aromatique originale. Quatre entités sont aujourd’hui regroupées sous la marque Invindia, une signature qui se veut atypique sur la rive droite de Bordeaux.
 

Patrick Clarens, Jean-Pierre Derouet et Hugues Laborde.

Invindia, filiale vignoble du groupe V and B, regroupe aujourd’hui 102 hectares de vignes sur 4 domaines : Château Haut-Meyreau dans l'Entre-Deux-Mers, Château Bellevue Malartic à Bordeaux, La Vieille Croix à Fronsac et Château Le Conte à Saint-Emilion. Dès l’acquisition de son premier domaine, Château Haut-Meyreau dans l’Entre-Deux-Mers, Jean-Pierre Derouet jongle entre l’anticonformisme et la réinvention avec des ruptures culturelles fortes. Il faut dire que dans cette rive droite traditionnelle, si sage, les petits Bordeaux peinent. Peinent à se vendre et à imposer une identité. Jean-Pierre Derouet décide d’emblée de bousculer les traditions. Lui, le petit gars de la Mayenne, les tempes battantes, ancien boxeur, créateur de la marque V and B (160 aujourd’hui en France) et d’un réseau de vente de commerciaux qui vendent chaque année 250 000 bouteilles en porte à porte, revendique d’abord des vins d’épicuriens et de méditation et des étiquettes affirmant son esprit libre-penseur. Il met en place du parcellaire pour une vingtaine de crus au total dont l’amateur éclairé devenu vigneron puise l’inspiration dans son intuition. Oser pour séduire. Il y a « Les raisins de la colère » (vin nature), pour réveiller les papilles endormies à l’uniformisation du goût et guérir ceux qui baissent les bras du venin mélancolique, « L’aurore » (10 hectares en bio) car pour ceux qui rêvent, les matins de brume sont des guides, « La Lubie d’Arsimelont » à Fronsac, du nom d’un sombre seigneur qui brûlait les récoltes de ses voisins, mis à mort par le Duc de Mayenne envoyé par le roi pour empêcher ses lubies, « Sirventes » en vin de pays, en référence à ces petits poèmes anarchistes que chantaient les troubadours occitans au Moyen-Âge…  Dans le verre, là aussi, Jean-Pierre mise avec panache sur la différence. Il fait de son Bordeaux « Bellevue Malartic » un haut de gamme avec vendanges en vert, effeuillage, barriques neuves, et de sa Lubie à Fronsac un vin sur le fruit…  Peu à peu, le groupe s’étend jusqu’à sa dernière acquisition, il y a un an : Château Le Conte : 4 hectares en Saint-Emilion Grand Cru. Là aussi, Jean-Pierre Derouet reste en marge pour sa locomotive, bouscule l’ordre établi par les grandes marques. Le domaine arbore une étiquette à la Rothschild avec un tableau qui changera tous les ans. Noté en primeur par 14,5 dans le Point pour le millésime 2017. Un coup de maître pour un premier millésime. Qui signe aussi une nouvelle stratégie : « savoir-faire et faire savoir ». Et s’il tient les rênes des 4 propriétés et vient régulièrement, notamment pour dessiner dans les éprouvettes les meilleurs assemblages, l’équipe en place vient de changer. Patrick Clarens, en poste depuis le début de l’aventure, laisse désormais sa place à Hugues Laborde, jeune ingénieur agronome « animé d’une belle énergie » précise Jean-Pierre. Pour de nouvelles cuvées… qui ne laisseront pas de place pour la banalité.

Bénédicte Chapard

www.haut-meyreau.fr