Je m'identifie

Entretien avec Greg Lambrecht, créateur de Coravin

13/03/2024

Parlez-nous de votre carrière avant de créer Coravin ?
Avant Coravin, je gérais deux entreprises dans le domaine médical. Je travaillais au développement de nouvelles thérapies médicales. Notamment un système en chimiothérapie, pour les patients atteints de cancer, impliquant l'implantation sous la peau d'un dispositif permettant d'injecter la chimiothérapie via une aiguille chirurgicale.

Pourquoi avez-vous décidé de créer Coravin ?
Je l'ai fait avant tout pour moi. Je suis tombé amoureux du vin alors que j'étais mineur en Californie. J'avais 16 ans et j'étais fasciné par le goût magnifique, les belles odeurs, et la variété des vins. Cependant, le problème de l'oxydation me frustrait car il m'obligeait soit à finir la bouteille rapidement, soit à la jeter. En tant qu'amateur de vin, je voulais pouvoir comparer ces merveilleux vins. Pour cela, je devais inventer un nouveau processus, ce qui a nécessité beaucoup de travail. J'étais frustré à l'idée d'acheter une bouteille de 75 cl et de n'en boire qu'un verre. Comment pouvais-je savourer un verre sans ôter le bouchon ?

En 1999, j'ai réalisé mon premier prototype dans ma cuisine, en utilisant une aiguille médicale, une source de gaz et un régulateur. La première nuit, j'ai goûté cinq vins différents, puis encore cinq vins différents la nuit suivante. Je comparais des Bordeaux, des vins espagnols, divers millésimes... Mon but était de démontrer qu'il était possible de boire un verre par jour et de retrouver, cinq ans plus tard, le même vin avec un goût inchangé. C'était mon objectif. Pour cela, j'organisais des dégustations à l'aveugle régulières afin de vérifier l'absence de différence. Il m'a fallu 11 ans de dégustation pour y arriver. J'ai lancé l'entreprise en 2011, après avoir expérimenté avec divers vins de différentes régions, cépages, vins naturels et millésimes. Ma cave s'est transformée en véritable magasin de vins, comptant jusqu'à 3 000 bouteilles réparties dans ma maison. J'avais le plus grand programme de dégustation de vin au verre aux États-Unis, chez moi.
 

En 2021, vous avez sorti le Coravin Sparkling. En quoi diffère-t-il du Coravin Timeless ?
C'est complètement différent. Il y a deux problèmes avec le champagne lorsque vous ouvrez la bouteille : il peut s'oxyder et perdre son effervescence. La bonne nouvelle est que le champagne contient du dioxyde de carbone, qui est plus lourd que l'oxygène, donc très peu d'air entre lorsque vous le versez. Avec Coravin, nous utilisons du gaz argon, un gaz noble, qui pousse le vin hors de la bouteille dans le verre, minimisant l'exposition à l'air. C'est le principe du Timeless. Avec Coravin Sparkling, le vin pétillant se protège de l'air entrant lors du versement grâce à la libération de CO2 qui repousse cet air. Cependant, vous devez vous assurer qu'aucun dioxyde de carbone supplémentaire ne s'échappe et qu'aucun oxygène n'entre. Donc, nous avons un bouchon qui s'adapte à n'importe quelle bouteille. Vous pouvez boire de plusieurs bouteilles à la fois. Cela change la manière dont les vins pétillants peuvent être servis dans les restaurants et comment vous les consommez à la maison.

La technologie de Coravin est-elle applicable à d'autres secteurs en dehors du vin ?
Nous avons vu certains de nos produits être utilisés avec des whiskies, du scotch, des sakés et des sherrys. Nous utiliserons le produit Pivot, qui fonctionne avec tous types de bouteilles et de bouchons.

Dans quels pays êtes-vous distribué ? Quel pays utilise le plus Coravin ?
Nous sommes dans 60 pays, à peu près partout où le vin est produit ou vendu. Notre plus grand marché est les États-Unis, suivi par la France, le Royaume-Uni, l'Australie, l'Italie, les Pays-Bas et la Suisse.

Quels sont vos projets futurs ?
Nous envisageons de nous concentrer davantage sur le secteur de la restauration. J'aimerais que les sommeliers puissent utiliser Coravin pour servir des doses précises, comme 25cl ou 50cl, sans avoir à estimer visuellement. Actuellement, avec Coravin, il faut rester attentif au volume servi. C'est l'objectif que je me suis fixé pour l'avenir !

Entretien réalisé par Sandy Bénard Ravoisier

 

www.coravin.fr