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Alsace : nouveautés et spécificités

03/14
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Nouveautés
et spécificités

Perle Noire d’Arthur Metz, Grands Chais de France

Les Grands Chais de France ont été créés en 1979 par l’Alsacien Joseph Helfrich, un visionnaire! Ce patriarche doit sa réussite à la commercialisation avant l’heure des vins de cépage. Il s’appuie sur 1.450 ha de vignoble répartis sur toute la France, dont 35 ha en Alsace. La Maison Arthur Metz, acquise par le groupe en 1991, a innové en fin d’année dernière avec la mise sur le marché d’un Crémant d’Alsace Perle Noire traité comme un joyau, monocépage auxerrois, «cousin du Pinot Blanc», nous confie Anne-Laure Helfrich, product manager.

Cette cuvée, vinifiée selon la tradition avec deux fermentations, une prise de mousse en bouteille, un faible dosage (6 g/l), et un vieillissement sur lattes pendant 24 mois, dévoile un bouquet aromatique complexe, sur des arômes de fruits mûrs (pêche, abricot), un nez tout en fraîcheur et une bouche tout en rondeur. Gourmand, ce Crémant, mais aussi innovant dans son packaging qui n’est pas sans rappeler les codes du Champagne.

Il a obtenu une médaille d’or au Concours des Meilleurs Effervescents du Monde. Sa bouteille est une champenoise noire brillante. Son étiquette est ronde comme un halo et se pare d’une perle rutilante dont la brillance est obtenue avec un passage de vernis holographique. Son nom en toutes lettres,Perle Noire, est traité en vernis gonflant et les autres mentions utilisent le con­traste mat-brillant. Un luxe abordable pour un apéritif ou tout un repas.

www.arthurmetz.fr



Le Pinot Noir d’Alsace, Domaine Valentin Zusslin

Au XXe siècle, l’Alsace était grande productrice de vins rouges élaborés avec du Pinot Noir. Ce cépage si apprécié dans le monde, qui fait aujourd’hui les beaux jours de la Bourgogne, n’est plus reconnu Grand Cru en Alsace depuis 1911. Cette directive n’a pas découragé sa poussée. De très nombreux vignerons alsaciens continuent à le cultiver. Et certains se sont regroupés pour demander à l’INAO de reconsidérer l’appellation.
«Sur le Domaine Zusslin situé à Orschwirr (entre Colmar et Mulhouse), sur nos terres au sous-sol argilo-calcaire ferrugineux, aux pentes Est couvertes de loess sur les landes sèches du Bollenberg (microclimat semi-méditerranéen) propices à son épanouissement, explique Marie Zusslin, la co-gérante, le Pinot Noir a toujours existé. Notre vignoble est conduit en biodynamie depuis 17 ans. Des rendements faibles mais maîtrisés, une belle maturité du raisin, un tri sévère à la vendange, une macération avec pigeage manuel et régulier, un élevage en pièces de chêne pendant 14 mois, sans chaptalisation, ni levurage, et enfin un long vieillissement: voilà résumés les bons soins que nous apportons à ces Pinots Noirs pour qu’ils montrent leur caractère.»
Sont actuellement proposés à la vente les millésimes 2007 et 2008. «Nous sortons ces vins rouges quand ils sont sources de plaisir». Harmonie 2010 dégusté en primeur, et présenté en carafe vu son jeune âge, séduit l’amateur avec son nez de fraise écrasée, sa belle matière en bouche qui confirme le nez et évolue sur la cerise au kirsch, et enfin sa finale tout en longueur. Un régal! On comprend que de grands adeptes du Pinot Noir bourguignon viennent à eux, en Alsace…

www.zusslin.com

Clos du Zahnacker, Cave de Ribeauvillé

L’Alsace compte une vingtaine de Clos. Rares sont ceux situés en Grand Cru mais tous s’avèrent passionnants sur un plan œnotouristique. Ils permettent d’appréhender l’Histoire du terroir, d’une région, voire d’un Château. Le Clos du Zahnacker, propriété de la plus ancienne coopérative de France (1895), dominé par le Château du Haut-Kœnigsbourg, au cœur du Grand Cru Ostenberg, en est un vivant exemple.

Ce Clos a un passé légendaire, sa genèse remonte au VIIIe siècle. Il porte toujours le nom de son premier exploitant connu, le Moine-Chevalier Martin Zahn, “acker” signifiant “le champ”. Louis XIV adorait ce vin. Sur ce clos de 124 ares orienté sud-est, le temps a suspendu son vol.

Les 3 cépages historiques: Riesling, Pinot Gris et Gewurztraminer, sont toujours plantés à part égale sur la parcelle Grand Cru d’origine. La complantation étant toujours la règle, la vinification des trois cépages dans la même cuve l’est aussi et permet de produire des millésimes de caractère et de garde qui vieillissent minimum trois ans en cave avant de voir le jour. À retenir, ce vin historique pour un pèlerinage aux sources.

www.vins-ribeauville.com

Les Grands Vins de Terroir de Marcel Deiss

La famille Deiss a enraciné sa vigne à Bergheim en 1744. Après la Seconde Guerre mondiale, Marcel Deiss donne son nom au domaine et l’entretient avec son fils André. Aujourd’hui c’est son petit-fils Jean-Michel, aidé de son propre fils Mathieu, qui gère et sert les 220 parcelles constituant les 27 hec­tares répartis sur 9 communes et 20 km de côte viticole. Leur volonté est d’élaborer des vins de terroir, «des vins qui expriment le génie du lieu, cette énergie qui vient du fond comme un cri, commentent-ils, plutôt que des vins de cépage, trop simples et réducteurs. Dans la grande tradition alsacienne, ces terroirs prennent le nom cadastral, et la complantation est la règle absolue de cette exigence, comme c’était le cas partout ailleurs (en Bordelais, Bourgogne, Côtes du Rhône) à l’âge d’or des vins français, réputés d’une grande complexité».
Pour la retrouver, les actuels vignerons ont complanté, en appellation Grand Cru Altenberg de Bergheim, jusqu’à treize cépages dans les mêmes parcelles: les Pinots, Riesling, Muscat, Traminer… et autres Chasselas ou Sylvaner mélangés à plus de cinquante plantes associées, herbes, fleurs et arbres fruitiers.
Jean-Michel défend cette vision bucolique du terroir. Il ne souhaite pas tout contrôler. Plus les conditions sont difficiles, plus la vigne métissée s’arc-boute et compense. «En 2013, époque de vaches maigres pour la plupart, j’ai récolté 5 % de raisins en plus alors que mes voisins constataient un manque à gagner de 30 %. Nous avons donc une légitimité à planter des vignes mixtes, et à conduire le vignoble comme les ancêtres le faisaient: labour, piochage, compost, enherbement, en proscrivant pharmacopée, désherbage et engrais chimique. Septembre nous livre alors sans souci un éventail de saveurs divines, un raisin magnifique, un vin complexe».
Et, de fait, dans le verre se développe une expression aromatique époustouflante de force et de saveurs inconnues qui font accourir en rangs serrés amateurs et professionnels à ses dégustations. Du jamais vu!


www.marceldeiss.com

Marie-Caroline Bourrellis