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Paolo Basso : rencontres et découvertes en Bordelais

01/16
Wine Tour - Meilleur Sommelier du Monde

Alors que la vigne se développe à vue d'oeil avec l'arrivée des beaux jours, Paolo Basso est parti à la rencontre des vignerons du Bordelais pour découvrir le millésime 2014 encore en barriques, mais aussi pour mesurer les efforts que tous ont fait cette dernière décennie pour parfaire leurs vins, leurs terroirs, leur domaine.
Nombre de viticulteurs ont en effet pris la mesure du besoin de maintenir Bordeaux à hauteur de sa réputation face à la montée qualitative d'autres pays producteurs, mais également de se conformer à la demande du marché pour des vins accessibles, plus faciles à boire. C'est un sujet qui est revenu souvent dans les conversa­tions lors des visites de Paolo Basso chez les producteurs. L'envie de tous de rendre à la nature ce qu'elle leur donne en étant plus respectueux de l'environnement transparaît également partout en filigrane.
Alors que l'on sait tous qu'il a été titré depuis maintenant deux ans Meilleur Sommelier du Monde, l'on soit moins qu'il est d'autant plus expert en vins de Bordeaux qu'il a fait une partie de sa carrière chez un grand négociant de vins de Bordeaux en Suisse.
En escapade en Bordelais, suivez l'expert!
 

Paolo Basso au Château Pontac-Monplaisir
 

Grand Enclos du Château de Cérons

Les Graves avec un accent d'ailleurs

Le Grand Enclos de Cérons est un domaine de 30 hectares dans les Graves. Il a été repris en 2000 par deux hommes, tombés dans le vin tout petits déjà, Giorgio Cavanna et Bertrand Léon. Giorgio, né à Rome, a passé beaucoup de temps avec son père dans la propriété viticole de ce dernier en Toscane. Ils étaient conseillés et éduqués au vin de qualité par un oenologue bordelais, Patrick Léon, père de Bertrand, dès 1980. Bertrand est aussi oenologue et s'occupait de la propriété familiale à Fronsac.

Le vignoble du Grand Enclos bénéficie de conditions naturelles idéales. Il repose essentiellement sur des graves de 6-7 mètres de profondeur. Il y a un peu de calcaire par endroits. «Dans les millésimes très chauds, la vigne résiste très bien», confirme Giorgio.

Dès 2000, des travaux sont entrepris pour remettre en état la belle endormie. Giorgio explique : «On a fait quelque chose de sobre mais de qualitatif.» Le chai à barriques des rouges a été installé dans l'ancien chai en moellons qui permettent une bonne aération. Le cuvier a été équipé en cuves tronconiques thermorégulées. Larges pour les rouges,les cuves sont petites pour les blancs et les rosés, et sont travaillées en parcellaire. Le travail à la vigne comme au chai est très soigneux. «Nous, on aime voir les gênes du terroir, voir ce qu'il donne de meilleur,» confirment en choeur Giorgio et Bertrand. Les vignes de blanc sont fort âgées (de 35 à 70 ans, patrimoine des vieux liquoreux) alors que celles des rouges ont plus de marge de progression (de 35 à 45 ans), «l'âge des vignes pour les rouges restant un axe de progrès».

«Sur les blancs, nous sommes des traditionnalistes. Quand nous avons commencé, il y avait une forte proportion de Sémillon mais en observant le marché, il fallait rééquilibrer avec le Sauvignon.» Bertrand précise qu'ils ont «toujours voulu gardé la parité Sémillon-Sauvignon mais qu'ils font la part belle au Sémillon», qu'ils considèrent comme leur patrimoine distinctif. Ils opèrent le bâtonnage sur roulettes pour éviter d'ouvrir la bonde. L'élevage se fait en bordelaises classiques mais aussi dans des barriques de 600 l pour les Sémillons depuis quelques millésimes pour un boisé plus marié. «On a toujours recherché la fraîcheur.» La récolte des blancs se fait même la nuit et au petit matin. Le Sémillon est élevé sous bois et le Sauvignon en cuve. «Ici nous produisons des Sauvignons fins, pas de ceux qui sentent le poivron ou le buis», confie Giorgio.

«Notre intransigeance qui veut épouser le respect du terroir se traduit aussi dans le rouge. Nous élaborons des rouges avec une grande majorité de Cabernet. Le challenge est d'obtenir un Cabernet mûr. Ce n'est pas si facile en Bordelais.» Les rouges passent 12-15 mois en barriques.

La visite de Paolo Basso a été une belle occasion de présenter la gamme des vins du Grand Enclos : 2010 et 2012 pour le Graves blanc sec ; 2006, 2009, 2010 et 2011 pour le Graves rouge.

La cuvée prestige se nomme à juste titre Elixir, issue d'une sélection drastique des plus vieilles vignes et du raisin avec 6 grappes par pied au maximum, un effeuillage des deux côtés pour une matière plus mûre, et vinification intégrale en barriques neuves pour le rouge, et avec un peu plus de barrique neuve sur Elixir blanc que le Grand Enclos, «sans compromis commercial», un grand vin de garde. Ils ne produisent ce vin que dans les bons millésimes et à seulement 1000-1500 bouteilles. «Nous ne faisons pas des vins de concours. Ce vin est un exercice intellectuel et la recherche des limites d'un terroir. » Paolo a pu en découvrir le blanc 2012 et le rouge 2010 qu'il a qualifié de grands vins.

Giorgio Cavanna et Paolo Basso

La deuxième étiquette, le Château Lamouroux, existe en Graves rouge et blanc et Bordeaux rosé. Un vin à boire plus rapidement «car nous sommes défiés par le marché qui demande des vins prêts à consommer jeunes et dès l'ouverture de la bouteille». Une question sur laquelle Paolo Basso le rejoint, «c'est le grand débat : éduquer ou suivre le marché.»

Enfin la petite perle du domaine, le Cérons, un blanc moelleux botrytisé qui n'a rien à envier aux grands Sauternes. 100 % Sémillon, issu de vignes de 55 à 70 ans d'âge, il est produit à seulement 2 ou 3000 bouteilles. «La propriété était connue pour ce vin et ne produisait que le liquoreux», raconte Giorgio.

Les vins de Grand Enclos sont à découvrir, ils sont de grande garde, au moins 10 ans pour les blancs. A oublier dans la cave, les liquoereux, et pour les rouges, prenez aussi le temps, car "il faut 10 ans pour obtenir du velours", confie Giorgio.

Grand Enclos de Cérons

Graves, blanc, 2012

Au nez, les agrumes, le pamplemousse, la cire d'abeille, les épices douces. Belle attaque de caractère, évolution élancée, belle note savoureuse en milieu de bouche, un caractère délicat, une finale d'intensité moyenne.

Graves, rouge, 2010

Nez plaisant de cassis, de mûres, avec une belle note de confiture de framboises. En bouche, riche et expressif, belles densité et profondeur, structure importante, savoureux tanins abondants et assez fins bien que jeunes, finale persistante.

— www.le-grand-enclos.com —

 

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Cap sur Château le Sartre

Une décennie de progrès

Ce domaine en AOC Pessac-Léognan datant du 19e siè­cle, disparu en 1945 après le phylloxera, les guerres et crises du 20e siècle, est racheté par la famille Perrin et remis en valeur dès la fin des années 70. Depuis 2004, il est géré par Marie José Perrin et son mari René Leriche avec l'aide de leur chef d'exploitation et œnologue David Château.

René Leriche et Paolo Basso

Dès la reprise du domaine, «nous voulions donner la priorité à la qualité», explique René Leriche et un des objectifs prioritaires est de produire des vins de garde en rouge comme en blanc. Dans la vigne, le travail est mené avec une grande précision, de façon raisonnée, parcelle par parcelle. Depuis 2005, les vendanges sont entièrement faites à la main et en cagettes pour éviter tout écrasement et maintenir l'intégrité de la baie. Les cépages et les parcelles sont vinifiés séparément. En blanc comme en rouge, tout est fait pour exprimer la pureté du fruit, conserver la fraîcheur et, pour les rouges, assouplir les tanins.

Le Château Le Sartre bénéficie de toute la palette des terroirs de l'AOC. Le domaine se divise en deux grands ensembles : 26 hectares autour du Château avec des sols très graveleux sur socle argilo-calcaire ; un peu plus de 7,5 hectares à un kilomètre de là et 1,5 hectare proche de Carbonnieux où les vignes reposent sur des alluvions garonnaises. Grâce à une étude et un remaniement des sols, Château Le Sartre tire le meilleur parti des cépages typiques de Pessac-Léognan. Les vins blancs sont assemblés en moyenne avec 90 % de Sauvignon et 10 % de Sémillon; les rouges avec 60 à 65 % de Cabernet et 35 à 40 % de Merlot.

Garantie du bon vieillissement, les mises en bouteilles sont sous-traitées aux meilleurs spécialistes capables entre autres d'opérer sous inertage à l'azote, et depuis 2012, les bouchons sont plus serrés pour augmenter l'étanchéité. «Nous travaillons beaucoup sur le problème du bouchon car nous pensons que ce bouchage traditionnel n'a pas d'équivalent», explique David Château.  

Pour les barriques, «nous organisons tous les ans une journée de dégustation pour les tonneliers. La dégustation se fait à l'aveugle et nous établissons une notation selon une grille spécifique. Cela permet de valider ou modifier nos choix de fournisseurs et de modalités.» Chaque année ce travail de fond conduit à un renouvellement d'en moyenne un tiers des barriques, les neuves étant sélectionnées avec le plus grand soin afin que les vins bénéficient de l'élevage traditionnel sous bois sans perdre leur fraîcheur.

En mai, ils recevaient Paolo Basso pour une dégustation verticale et soumettre les dif­férents millésimes au palais du Meilleur Sommelier du Monde: Château Le Sartre blanc 2009-10-11-12 et Château Le Sartre rouge 2005-06-07-08-09-10-11-12. L'oc­casion d'exposer le travail d'une décennie et de montrer les progrès obtenus grâce aux investissements et à l'équipe de pro­fessionnels passionnés réunie autour de Marie José et René Leriche.

 

Château Le Sartre

Pessac Léognan, rouge, 2009

Nez classique et de belle complexité sur des notes de cerises mûres, de cassis bien mûr, de graphite. Très belle bouche structurée, riche et savoureuse, avec une sucrosité plaisante et équilibrée par la juste fraîcheur. Tanins abondants et fermes avec belle longueur en finale.
 

Pessac Léognan, blanc 2011

Notes de fruit de la passion, d'ananas, de mangue et de sauge. Excellente attaque avec une note sucreuse, belle structure goûteuse avec une astringence plaisante, finale plus discrète. Très expressif et plaisant.

— www.lesartre.com —

 

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Château Suduiraut

L'art et la matière

Après les Graves et Pessac-Léognan, Paolo Basso se rendit en Sauternais, à la rencontre de Corinne Michot, directrice communication d'Axa Millésimes, et Pierre Montégut, directeur technique, au Château Suduiraut, Premier Grand Cru Classé de Sauternes. Une verticale instructive, mais aussi source d'émotions car ils terminèrent avec le millésime 1964.

Château Suduiraut, Premier Grand Cru Classé de 1855, fait partie des fleurons de cette appellation dont le vin blanc liquoreux est certainement un des plus connus au monde. Le domaine prend son nom au 16e siècle par mariage de Nicole d'Allard avec Léonard de Suduiraut. Pillé et détruit au milieu du 17e sous la Fronde, il renaîtra grâce à un neveu de la famille Suduiraut, Jean Joseph Duroy. La maison se pare d'une cartouche réunissant les armes de Suduiraut et Duroy qui devient le blason du Château Suduiraut. Le château sera racheté en 1992 par AXA Millésimes qui se donnera pour «seule» mission de préserver ce patrimoine et maintenir son vin au rang d'excel­lence en visant toujours la perfection. Pierre Montégut prend la direction technique en 2004.

Corinne Michot

Tout l'art de l'élaboration du Sauternes dépend de la maîtrise de la pourriture noble, le Botrytis Cinerea. Ce champignon présent sur le raisin dès la floraison se développe sur les baies à la maturation. Une alternance d'humidité le matin et de journées chaudes permet au champignon de se transformer en la fameuse pourriture noble qui concentrera les raisins. La proximité de Suduiraut avec la rivière Ciron et le fleuve de la Garonne est particulièrement favorable à son apparition grâce aux brumes matinales de l'automne naissant et des journées chaudes de la fin de l'été. Viendront ensuite des vendanges minutieuses avec jusqu'à 5 passages dans les rangs, à mesure de l'évolution du botrytis, le plus souvent par partie de grappes; puis un pressurage lent pour extraire toute la richesse des arômes. Enfin la vinification et l'élevage en barriques de 18 à 24 mois viendront transformer le précieux jus en vin d'or.

Assis sur un vignoble sablo-graveleux de 92 hectares, le ter­roir de Suduiraut est idéal pour le Sémillon (90 %) et le Sauvignon (9 % gris, 1 % blanc). L'excellence chez Suduiraut réside dans la haute densité de plantation (7000 pieds à l'hectare), l'âge élevé des vignes (en moyenne 30 ans), la culture raisonnée, de faibles rendements (15 hl/ha). A Suduiraut, la quête de perfection est obsessionnelle. Dès 2004, Pierre Montégut a mis en place une sélection parcel­le par parcelle. Les vins ont gagné en pureté.

Paolo Basso

Le grand vin de Suduiraut, de grande garde, est issu des terroirs les plus prestigieux. L'exigence est telle que certaines années de moindre qualité, il n'a pas été produit. Mais il est soutenu par ses petits frères: Castelnau de Suduiraut et Lions de Suduiraut. Plus accessibles dans leur jeunesse, ils sont issus de parcelles spécifiques, avec un assemblage propre à chacun. Ce sont des vins parfaits pour s'initier à la grandeur du Sauternes. Enfin il existe également un vin blanc sec élégant et raffiné, S de Suduiraut.

Paolo Basso a été reçu dans l'Atelier des Arômes, ainsi nom­mé car y sont exposées des bonbonnes contenant neuf arômes souvent présents dans les vins de Suduiraut. La verticale offrait un retour dans le temps de 2011 à 1964. Ce voyage permit de comparer les millésimes, mais aussi les stades d'évolution en fonction de l'âge du vin et des grandes étapes de renouveau du château. Tous les arômes du Château Suduiraut ont pu être dévoilés au palais de Paolo Basso. Le style de Suduiraut se définit par la grande richesse des arômes, la minéralité, la fraîcheur soulignée par une pointe d'acidité, parfois d'amertume, en finale. La mangue, l'ananas, le safran, les épices douces, puis le miel, l'anis, la cire d'abeilles, des notes de pêche rôtie, de tarte s'expriment dans une belle structure riche avec une grande délicatesse et une belle complexité.
La magie du Sauternes a encore opéré. Une rencontre aux portes de la perfection, chaleureuse et amicale, qui s'est soldée par un dîner dans le cadre somptueux du château.

 

Château Suduiraut,

1er Cru Classé, 2009

Mandarine confite, fleurs de jasmin, biscuits au beurre, belle complexité aromatique qui commence à avoir un caractère fondu. Riche, structuré, sucre bien balancé par l'acidité, très goûteux, finale longue intense et expressive, beau caractère. Belle réussite.
 

1er Cru Classé, 2005

Jasmin, floreal et épices douces, miel de chataignes, belle complexité. Riche et puissant avec profondeur et sapidité, strusture imposante et gouteuse, finale longue et expressive sur des notes intenses de mangue et ananas qui persistent longuetemps. Grand vin. 97.

— www.suduiraut.com —

 

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Château Destieux

Un Grand Cru de Saint-Emilion aux accents de voyage

Un vigneron médecin biologiste!

Deuxième journée dans le vignoble pour Paolo Basso. Rendez-vous au Château Destieux avec son proprié­taire Christian Dauriac. C'est un homme surpre­nant au parcours singulier. Son père était négociant et propriétaire du Château Poulvère en Monbazillac. Il distribu­ait Destieux qui était alors une cave coopérative. «A son décès, nous avons tout vendu.» Et la mère de Christian Dauriac rachète Château Destieux en 1971. Alors qu'il est biologiste médical de formation, Christian viendra vinifié son premier millésime en 1976 à la demande de sa mère. Ce fut une révélation. Il fera des études d'œnologie et d'ampélologie, s'octroyant une double casquette. C'est là qu'il fait la connaissance de Michel Rolland qui est devenu son ami et plus proche consultant pour les Vignobles Dauriac. Christian Dauriac mène une double vie, celle de médecin à la tête d'un réseau européen de laboratoires d'analyses médicales et d'un créateur de vins passionné. En 1984 il rachète le Château Montlisse, Grand Cru de Saint-Emilion, et en 1996 Château La Clémence en Pomerol.

Christian Dauriac et Paolo Basso

Grand Cru oblige, le vin de Destieux est finement travaillé. A la vigne, Christian Dauriac peut compter sur Michel Duclos, champion de France de taille de vigne. Ce dernier conduit les 8 hectares en agriculture raisonnée. Le terroir de Destieux est perché sur le second plus haut point de Saint-Emilion et se compose de sols argilo-calcaires avec un léger affleurement d'une fine veine silicieuse sur le haut du vigno­­ble. Au chai œuvre Laure Ininger, l'oenologue. Le chai compte 8 cuves. «Sur les 8 hectares, j'ai distingué 23 crus, j'ai identifié les pieds et fait 8 ensembles », explique Christian Dauriac. En 30 ans, il a su amélioré la qualité et verra Château Destieux classé Grand Cru en 2006.

Le Mandela Wine

La passion de Christian Dauriac ne s'arrête pas aux portes du Saint-Emilionnais. Il a une propriété en Afrique du Sud, Marianne Wine Estate. Il y vinifie comme à Saint-Emilion et réussit à faire des vins qui vieillissent bien. «Nous avons trouvé un terroir exceptionnel à 45 % d'argile. Avec Michel Rolland, nous y faisons des assemblages bordelais et des vins de cépages, puis des vins pour le marché africain.» Sur la haut de gamme, la marché sud-africain reste à éduquer. Christian Dauriac a créé des marques qui fonctionnent bien localement pour soutenir la production de ses vins prestige. «Nous sommes enfin arrivés à l'équilibre mais pendant 10 ans, j'ai envoyé de l'argent», sourit-il.

Un véritable coup de pouce a sans conteste été la célébration des 90 ans de Nelson Mandela à Londres en 2008. Le sommelier de Gordon Ramsay, chef étoilé en charge du dîner, avait lancé un appel d'offres qui avait été remporté par Marianne avec la cuvée Floréal et le Sauvignon Blanc. «Je suis devenu le Mandela Wine et Marianne est devenu un domaine phare en Afrique du Sud. La fondation Mandela a acheté le reste du millésime.» L'année précédente, les Michelangelo Wine Awards avaient élu Marianne meilleur Syrah 2007.
La visite de l'international Paolo Basso a transformé la dégus­tation en un voyage gustatif de Saint-Emilion à Stellenbosch: Château Destieux 2010 et 2001, Château Montlisse 2011, Château La Clémence 2010 et 1998. Puis les vins de Marianne: Selena 2011, Cape Blend 2009, Pinotage 2008, Merlot 2008, Cabernet 2008, Syrah 2008, les cuvées Desirade 2005, Floreal 2006 et L'Escapade 2012. Une belle rencontre entre deux passionnés du vin.
 

Château Destieux

Grand Cru Classé de Saint-Emilion, 2010

Herbes aromatiques, réglisse, vanille, épices douces, crème de cassis au nez. Belle attaque en bouche, riche et volumineuse, grande structure et élégance, goûteux, tanins arrondis et juteux, très persistant et intense en finale avec des notes d'épices et de vanille. Prévoir une demi-heure d'oxygénation. Un très gran vin.
 

Grand Cru Classé de Saint-Emilion, 2001

Au nez, des senteurs de feuillage, de champignons, de fruits des sous-bois, de tabac. Belle bouche traditionnelle et ronde, fondue, complexe. De belles saveurs et une persistance intrigante soutenue par une belle force. Un très beau vin. Très expressif.

— www.vignobles-dauriac.com —

 

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Domaine de Chevalier

Un voyage sur la lune

Quittant Saint-Emilion, Paolo Basso a fait un petit intermède en Graves au Domaine de Chevalier. Reçu par Olivier Bernard, il a pu dégusté le Do­mai­ne de Chevalier rouge 2014, mais égale­ment la gamme de Clos des Lunes, cuvée céleste créée par la famille Bernard il y a 3 ans.
Olivier Bernard, à la tête de 60 hectares au Domaine de Chevalier, poursuit depuis son arrivée au château en 1983 la quête d'excellence commencée au 19e siècle par ses prédécesseurs. Elle l'a mené en Sauternais où la famille exploite 45 hectares de vignes au Clos des Lunes. Sur ces terres où naît le vin d'or, le Sauternes, «le botrytis ne s'installe que sur les grands raisins. Notre challenge est de ramasser avant son arrivée». Olivier Bernard a prouvé que l'on pouvait ici créer aussi des grands vins blancs secs.

Précision, éclat du fruit, pureté aromatique, élégance…

Clos des Lunes se décline en 3 «satellites»: Lune Blanche, Lune d'Argent et Lune d'Or. Olivier Bernard s'appuie sur le travail des vignerons qui s'occupent de la vigne jusqu'à l'effeuillage. Pour les vendanges en vert, les travaux d'été, les vendanges, l'équipe du Domaine de Chevalier prend le relais. On apporte autant de soin à la vinification qu'aux vins de Chevalier. Clos des Lunes est vendangé à la main, en cagettes, le matin, et comme pour le célèbre liquoreux, on peut repasser 3 à 5 fois dans les rangs pour cueillir baie par baie, à parfaite maturité. Lune Blanche est élevé en cuve, c'est un vin de plaisir immédiat; Lune d'Argent passe pour 25 % en barriques sur lies et Lune d'Or, la Quintessence est élevé à 100 % en barriques. La production totale de 180000 s'est vendue en 2 semaines. «A seulement trois ans du lancement, nous sommes très fiers du résultat», se félicite Olivier Bernard.
 

Clos des Lunes

Lune d'Argent, Bordeaux blanc, 2014

Joli nez de bonne complexité, fruit tropicaux et élevage de qualité. Belle attaque agréable et sapide, joli corps, finale assez longue et plaisante. Un vin intéressant.
 

Lune d'Or, Bordeaux blanc, 2014

Beau nez boisé fin français, agrumes et fumé. Belle matière soutenue par une acidité vive, assez savoureux, belle finale longue. Très beau vin.

www.domainedechevalier.com
www.closdeslunes.com

 

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Château Fontbonne

Qualité et convivialité

« Quand j'ai repris le domaine en 1993, j'ai commandé un pelle mécanique et j'ai rasé les bâtiments d'exploitation et une partie du cuvier ! » C'est ainsi que Philippe Rénier démarre son histoire au Château Fontbonne. Il reprend le domaine familial à la suite de sa mère. Un virage professionnel pour lui car Fontbonne où il a grandi étant partagé entre l'élevage et la culture de la vigne, Philippe avait initialement choisi de devenir... boucher par passion ! Le bétail toujours existant se nourrit aux prés qui entourent le vignoble. Une richesse environnementale que Philippe s'échine à préserver. Il a arrêté le désherbage chimique et les traitements phytos sont très raisonnés.

Le domaine faisait 10 hectares en 1994, aujourd'hui Philippe règne sur 32 hectares en AOC Bordeaux, un terroir de qualité se partageant entre Faleyras, Blasimon et Ruch. De 1995 à 2000, Philippe a complètement retravaillé son cuvier et son chai à barriques pour améliorer la qualité de son vin qu'il s'est mis à commercialiser en bouteilles.

Des rouges qu'il faut savoir attendre

Philippe admet que face à la puissance de ses vins rouges, il doit «attendre avant de les mettre sur le marché.». Majoritaires Merlot, ils sont joliment fruités, de bonne structure tannique qui demande à se fondre.

Paolo Basso

Le Sauvignon, un défi à Fontbonne

Pour ses blancs, Philippe a choisi de travailler le Sauvi­gnon, bien que «les consommateurs craignent le Sauvignon car beaucoup de Bordeaux sont souvent trop acidesà leurs goûts», confie-t-il. Un défi qu'il a relevé avec succès car ses vins sont régulièrement récompensés de médailles aux concours français et internationaux.
Sa gamme se compose de Château Fontbonne en rouge, blanc et rosé, de la cuvée Henriette en blanc, la cuvée Marie ainsi que la cuvée Edouard de Fontbonne en rouge. Pour présenter le fruit de ces années de reconstruction et d'efforts, Philippe a invité Paolo Basso à déguster ses vins. Une rencontre de sous le signe de la qualité, de la sympathie et de la convivialité, sans prétention et sans chichi, à l'image de Château Fontbonne.
 

Château Fontbonne

Cuvée Marie, Bordeaux, rouge 2003

Au nez, des notes de laurier, de menthe, d'eucalyptus, de cerises mûres. Belle attaque pleine et chaleureuse, évolution croissante, du corps avec une pointe de rusticité, tanins légèrement secs. Belle finale goûteuse.
 

Cuvée Marie, Bordeaux, Rouge 2012

Beau nez fruité mûr, menthe, pointe d'eucalyptus. En bouche, riche et concentré, belle structure. Des tanins un peu rigides. Un beau vin au caractère viril.

— www.chateau-fontbonne.com —

 

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Château Lascombes

L'excellence est aussi une histoire d'hommes

Second Grand Cru Classé de Margaux, le Château Lascombes est posé en plein cœur du village de Margaux. Paolo Basso y était attendu pour une verticale du grand vin et un déjeuner en compagnie de Dominique Befve, Karine Barbier, responsable communication, et Delphine Barboux, œnologue.

Le Château de Lascombes s'as­seoit sur 112 hectares de vignes en appellation Margaux et 6 hectares en Haut-Médoc. Le domaine bénéficie de sols très recherchés à Margaux, qui se divisent à parts égales entre croupe grave­leuse pour les Cabernets Sau­vignons et le Petit Verdot (5 % de l'encépage­ment total), de graves argileuses qui portent Merlots et Cabernets Sau­­vignons, et des parcelles argilo- cal­cai­res, près de 30 % de la surface, pour le Merlot. Cette particularité porte le Merlot en cépage majoritaire (50 %), un fait plutôt original pour le Médoc.

Entre le 17e siècle et le 21e siècle, l'histoire du château sera marquée par plusieurs personnages embléma­tiques qui laisseront leur empreinte sur son architecture, sa renommée, son développement technique. Le plus ancien proprétaire connu est le Chevalier Antoine de Lascombes qui ancrera le destinée du domaine. Un de ses descendants, Jean-François de Lascombes, conseiller au Parlement de Bordeaux, procureur du roi à l'Amirauté, membre de l'Académie de Bordeaux en 1761, consacrera sa fortune à donner un niveau qualitatif au vin. En 1855, Château Lascombes sera classé Second Grand Cru. En 1952, le propriétaire Alexis Lichine, négociant, fera connaître Lascombes à travers le monde.

Dernier propriétaire en date, le grou­pe MACSF (assurance mutualiste des professionnels de la santé) continue depuis 2011 à perpétuer l'excellence de Lascombes. Depuis 2001 déjà, le domaine a bénéficié de l'expertise d'un homme qui a fait ses armes notamment au Château Lafite-Rothschild, Duhart-Milon, l'Evangile: Dominique Befve. Il est à l'origine du renouveau technique des installations et de la modernisation de la vinification. Il affinera le travail sur la maturité dans la vigne, multipliant les dégustations du raisin sur le terrain et adaptera les cépages à chacun des sols. Il équipera également les chais de plus de cuves bois et inox pour affiner le parcellaire.
Il s'est entouré d'un équipe à la mosaïque de profils, autant de richesses qui nourrissent par la passion de ces femmes et hommes l'excellence du Second Cru Classé. Une jeune œnologue, Delphine Barboux, conseillée par Michel Rolland que l'on ne présente plus, un maître de culture, Miguel da Fonseca, originaire du Douro, qui travaille au château depuis 1976, et une quarantaine de personnes qui participent tous par leur ferveur au maintien de Château Lascombes à son rang.

L'ambition de la qualité, exigeante, amène parfois des choix difficiles comme de réduire les volumes pour soutenir la qualité. A la vigne déjà, tous les travaux sont manuels. On pratique l'effeuillage et les vendanges en vert. Le cuvier est construit sur quatre niveaux pour pouvoir travailler par gravité et préserver l'intégrité des baies. Bien évidemment, ici les parcelles et les cépages sont travaillés séparément en cuves inox et bois. A Lascombes on pratique la macération préfermentaire à froid (5° pendant une semaine) pour plus de profondeur et de stabilité de la couleur, ainsi qu'une meilleure complecité des arômes. Enfin, l'élevage se fait sur lies, en barriques de chêne français et le château s'est équipé de tins Oxoline qui facilite la rotation et la manipulation pendant cette phase. Le vin passera 18 à 20 mois en barriques.

Les vins de Château Lascombes peuvent s'enorgueillir de toutes les qualités médocaines, complétées d'un bouquet suave et d'une grande longévité. La grande proportion de Merlot est certainement sa marque de fabrique et en fait des vins appréciables jeunes. Le grand vin (300000 bouteilles en moyenne) est fait pour être garder. Les impatients pourront se délecter de Chevalier de Lascombes (150000 bouteilles) qui s'appréciera dans les 10 premières années. Un Haut-Médoc est également produit (20000 bouteilles), plus souple, plus rond, à boire jeune.

Apprenant la venue de Paolo Basso dans le vignoble, Dominique Befve a souhaité le recevoir au Château pour une grande verticale (1999-2001-03-05-07-09-11-13-14) et un déjeuner dans le splendide salon du Château. La dégustation amenait le Meilleur Sommelier du Monde au travers des grandes étapes de la vie du Château, car les millésimes couvraient les années avant-après Dominique Befve, mais également par delà 2011, date de rachat par MACSF. Paolo Basso n'a pas manqué de noté la grande com­plexité des arômes et la belle expression ouverte, fruitée, la structure riche et élancée de ces grands vins.
 

Château Lascombes 2001

Très jolie expressivité olfactive sur des notes d'épices douces, de toasté, de cuir, d'eucalyptus, de cassis mûr. Frais et tendu dans son attaque en bouche, il évolue vers une structure de bonne densité avec des tanins serrés et une finale élancée sur des notes de réglisse.
 

Château Lascombes 2009

Net ouvert et flatteur sur des arômes d'encre, de crême de cassis, de cannelle et d'épices douces. Belle bouche dense et savoureuse soutenue par une bonne acidité, juteuse et de bonne richesse. Tanins plus fermes en finale.

 

— www.chateau-lascombes.com —

 

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Château Tour des Termes

Style et finesse

La famille Anney trouve ses racines dans le Médoc dès 1678 avec un nommé Anney qui était laboureur. Son arrière-petit-fils deviendra viticulteur à Saint-Estèphe en 1876 et quelques générations plus tard, en 1938, Pierre Anney se portera acquéreur du Châ­teau Tour des Termes. Aujourd'hui Christophe Anney a pris la relève de son père Jean, fils de Pierre, avec son épouse.

Le domaine totalise 25 hectares dont 15 hectares dédiés à la production du premier vin Château Tour des Termes (Cru Bourgeois) et 8 hectares pour le second vin Préface de Tour des Termes. La famille possède également le Château Comtesse du Parc, domaine historique de la famille sur 9 hectares à Vertheuil en AOC Haut-Médoc. La gamme se complète de Château Saint-Corbian et Château Haut-Paradieu, deux crus de Saint-Estèphe.

L'encépagement au Château des Termes est majoritaire Merlot, complété de Cabernet Sauvignon, et une pointe de Petit Verdot qui donne une touche de personnalité. «Ici nous recherchons le style et la finesse», explique Christophe Anney.

Le vignoble est enherbé entre les rangs. «Nous aimerions passer Terra Vitis.» Les vendanges vertes sont pratiquées systématiquement car «il vaut mieux des rendement faibles et éviter le botrytis.» Les vendanges sont faites à 80 % à la machine. «Je veux dédiaboliser les machines. Elles sont aujourd'hui très performantes». L'équipe travaille avec des bennes vibrantes car les baies s'en trouvent moins triturées qu'avec la vis sans fin. Les raisins passent ensuite sur deux tables de tri.

Christophe Anney et son épouse aux côtés de Paolo Basso.

80 % des jus sont vinifiés en double cuve pour faciliter le travail de délestage. L'extraction se fait en douceur et évite de lessiver seulement une petite surface comme dans les remontages classiques. Les 20 % restant subissent une vinification intégrale en barrique. Tous les vins passent ensuite sous bois pendant 15 mois pour le premier vin (avec 50 % de chêne neuf) et en barriques de 2 à 3 vins pour Préface. «Notre vin se distingue par une capacité à très bien vieillir grâce à des tanins très mûrs et bien enrobés, jamais agressifs ni durs.»

Ne recevant à son goût pas assez de grands internationaux, Christophe Anney avait invité Paolo Basso pour recueillir son avis. Après avoir présenté Comtesse du Parc 2012 et Préface des Termes 2012, Christophe Anney avait préparé une verticale de Château Tour des Termes de 2009 à 2014. Une belle occasion d'évoquer millésime après millésime les difficultés et les satisfactions. Comme 2013, inégal dans le Bordelais, «une course contre la montre» que le définit Christophe Anney. Ce fut pourtant une belle réussite pour Château Tour des Termes, un pied de nez aux détracteurs de ce millésime. Ou le 2014 que la famille a pris beaucoup de plaisir à vinifier. «On a pu échelonner les vendanges», raconte-t-il. Cette dégustation aura confirmé que Château Tour des Termes est digne de son rang avec des «vins de terroirs non maquillés» comme Christophe Anney aime à le dire.
 

Château Tour des Termes

Saint-Estèphe, 2009

Très beau nez de cerises mûres, de griottes, de confiture de myrtilles, une note balsamique. Riche et volumineux en bouche sur une trame serrée et savoureuse, du corps, des tanins fermes et juteux. Une belle finale sans amertume de persistance moyenne.
 

Saint-Estèphe, 2014

Nez typique du vin en cours d'élevage, fraises, framboises, floral, très plaisant. Riche et volumineux en bouche, une évolution croissante vers un corps structuré, sucreux et riche. Une masse tannique importante et juteuse, une belle finale avec un caractère savoureux. Un beau vin.

— www.chateautourdestermes.com —

 

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Château Pontac-Monplaisir

Un écrin dans la ville

Alain Maufras

Le Château Pontac-Monplaisir, en AOC Pessac-Léognan, se découvre au détour d'une rue, au coeur de la ville. Une singularité qui en fait aussi un défi. L'avantage du Château est d'avoir ses 16 hectares d'un seul tenant autour du château, une situation bien pratique en milieu péri-urbain.

Développé par Jean Maufras, le domaine est aujourd'hui géré par son fils Alain et son petit-fils Alex qui a rejoint la propriété depuis deux ans. 90 % du terroir de Pontac-Monplaisir est composé de sols argilo-calcaires alors que les voisins sont sur des graves. Côté vignoble, la vigne est conduite avec le plus grand respect pour ce terroir de qualité. Un premier tri sélectif est effectué sur pied dès les vendanges. En cave, la famille travaille encore dans des grandes cuves en béton vieilles de 80 ans encore très efficaces ! L'élevage dure environ 12 mois selon les vins se fait en barriques bourguignonne, les Maufras ayant opté pour le bois bourguignon qui apporte plus de fruité. La différence est marquée sur les blancs dès 2013 grâce au changement du type de barriques et l'apport de Sauvignon gris.

En complément de la gamme du Château Pontac-Monplaisir, la famille a acquis en 1951 un voisin le Château Limbourg, sur 3 hectares dont 1 de blanc. Au nom prédestiné, les vins de Limbourg sont produits surtout pour les marchés hollan­dais et belge. La couleur orange de l'étiquette et la capsule en témoignent !

60 % de la production de Pontac-Monplaisir est vendue au négoce pour l'export, mais vous aurez la possibilité de trouver les vins de la famille Maufras dans un réseau de cavistes et dans le CHR, ou encore directement au château. Le domaine ouvre régulièrement ses portes pour des cours de dégustations, des manifestations artistiques, des événements gastronomiques. Sa position dans l'agglomération bordelais le rend facile d'accès.

En visite éclair par une belle matinée de mai, Paolo Basso a pu déguster Pontac-Monplaisir rouge dans les millésimes 2006-07-08-09-10-12 et blanc en 2011-12-13. Il en ressort une confirmation du travail de qualité effectué par la famille depuis plusieurs générations qui font des vins de Pontac-Monplaisir une valeur sûre de Pessac-Léognan et des beaux vins de garde.
 

Château Pontac-Monplaisir

Pessac Léognan, 2009, rouge

Cassis mûr, note de cerises et de griottes, épices douces, prunelles. Riche et volumineuse avec un joli soutien chaleureux, belle matière solide et goûteuse, masse tannique importante et mûre, belle finale persistante et intense. Un vin de force et de virilité.
 

Pessac Léognan, 2013, blanc

Nez de jeunesse sur des notes discrètes d'agrumes rôtis, de mangue et d'épices douces. Belle bouche tendue et assez savoureuse, corps moyen, délicat avec une finale discrète. Belle attaque et finale plus en retenue dû aux contraintes du millésime.

— www.pontac-monplaisir.fr —

 

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Château d’Issan

L'autre vin des rois

En cette belle matinée ensoleillée, le Château d'Issan, une des plus vieilles propriétés du Médoc, ouvrait ses portes à Paolo Basso. Une rencontre très actuel­l­e autour du nouveau millésime 2014 dans un lieu empreint d'histoire.

L'histoire viticole du Château commence au 12e siècle alors que son vin (qui portait encore le nom de Lamothe-Cantenac) a été servi au mariage d'Aliénor d'Aquitaine qui épousait Henri de Plantagenêt, futur roi d'Angleterre. Au 18e siècle, toujours en Angleterre, il sera très apprécié. Plus près de nous, au début du 20e, il deviendra le vin préféré de l'empereur François-Joseph à la cour d'Autriche. C'est alors que né la devise du Château d'Issan : «Regum mensis aris que Deorum» - Pour la table des Rois et l'autel des Dieux. La famille Cruse, des négociants bordelais, s'est portée acquéreur en 1945 du château tombé en désuétude malgré sa grandeur d'antan. C'est aujourd'hui Emmanuel Cruse, Grand Maître de la Commanderie du Bontemps, qui tient la barre.

Emmanuel Cruse

Les bâtiments datent du 17e et sont classés à l'inventaire complémentaire des Monuments Historiques. Flanqué de ses deux tours, le château est partiellement entouré de murs d'enceinte, et ceint de douves, traversées de petits ponts. Un environnement qui invite à rêvasser et revenir quelques siècles en arrière. «Comme on ne peut rien construire dans le périmètre du château, on garde un côté historique et authentique», explique Emmanuel Cruse. «D'ailleurs je pense que les clients traditionnels de Bordeaux cherchent plutôt ce côté-là au lieu de wineries ultra-design.» Le chai du 17e, le «chai du festival», sert toujours pour les vins de presse qu'Issan aime exploiter.

Classé 3e Grand Cru de Margaux en 1855, le domaine s'asseoit sur 47 ha autour d'Issan. La route menant au château sépare le vignoble en deux: d'un côté les vignes en Margaux plantées sur des graves pour les grands vins (Château d'Issan et son second Blason d'Issan); de l'autre, les vignes en appellation Bordeaux Supérieur (10 ha) pour un second vin «Moulin d'Issan».

Deux cépages se partagent la vedette, le Cabernet Sauvi­gnon (65 %) et le Merlot (35%). Le style d'Issan se définirait par «authenticité». Les vignes sont menées en biodynamie, les vendanges sont manuelles. Issan peut d'ailleurs compter sur des vendangeurs danois et français très fidèles. La vinification est parcellaire et les vins sont élevés 18 mois sous bois avec 50 % de barriques neuves. Le château est conseillé par Eric Boissennot.

Emmanuel Cruse, rompu, au travers de sa mission à la Commanderie, à la promotion des vins de cette partie du Bordelais, aimerait que le Margaux semble plus accessible aux consommateurs. «Je regrette que, depuis le 2009-2010, le vin soit devenu un produit spéculatif. Le vin se place comme un produit de luxe alors que ça devrait rester un produit plaisir.» Ainsi aimerait-il que les visiteurs viennent voir au château le travail accompli pour mieux comprendre le pla­ce­ment prix des Grands Crus.

Paolo Basso fut invité à déguster le millésime 2014 de Château d'Issan et de Blason d'Issan 2014.

« Nous avons eu une chance inouïe sur ce millésime, explique Emmanuel Cruse. Le 2014 est une vraie réussite compte tenu des conditions climatiques. La densité des Cabernets a beaucoup aidé. Nous n’avons pas été sous pression pour les vendanges. Le 2014 est le meilleur des millésimes ‘nonexceptionnels’. Nous avons retrouvé des rendements normaux bien que pas exceptionnels. » Il précise aussi que « Blason d’Issan est un second vin mais pas par défaut. Nous faisons un vrai travail parcellaire. » Vint ensuite le Château d’Issan 2012 qui pour Emmanuel Cruse fera partie des belles surprises. « C’est un millésime de crise mais il fera partie des bons millésimes. »
La rencontre se poursuivit autour d’un déjeuner qui permit de découvrir Château d’Issan 2008, 2005 et 2000 sur des mets nobles dignes du rang de ce 3e Grand Cru Classé de Margaux : Homard, Côte de Boeuf, qui rappellent somme toute que le Château d’Issan est un vin de grande classe.

 

Blason d’Issan - Margaux 2014

Belle note fruitée, fraîche. Des arômes de cassis, d’encre, de réglisse et d’épices douces. Structure ferme, linéaire et fraîche, tanins bien arrondis et finale délicate avec une pointe d’amertume.
 

Château d’Issan - Margaux, 2014

Belle note d’épices, de réglisse, de cerises mûres, de lierre. Très beau volume, un vin savoureux et riche, du corps, des tanins mûrs et intégrés. Finale plus discrète marquée par la fraîcheur qui devrait s’ouvrir durant l’élevage.

 

— www.chateau-issan.com —

 

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Château de Chantegrive

UNE HISTOIRE DE TIMBRES !

L’histoire du Château de Chantegrive commence comme un conte pour enfants. Henri Lévêque était courtier et passionné de vin. En 1967, il décide de se séparer d’une collection de timbres commencée à l’âge de 15 ans pour acquérir 2 hectares de terre à Podensac. Il baptisera le domaine Chantegrive, hommage à la colonie de grives qui peuplait le terrain. Sa femme et lui achèteront parcelle après parcelle et le château totalise aujourd’hui 96 hectares en AOC Graves.

La surface du vignoble est divisée quasi équitablement entre blanc (50 % Sauvignon et 50 % Sémillon) et rouge (50 % Merlot et 50 % Cabernet). Le terroir de Chantegrive se compose exclusivement de graves peu profondes sur une couche argilo-calcaire. Proche de Cérons et du plateau de Sauternes, les sols sont propices à la production d’excellents vins blancs.

Le Château de Chantegrive est désormais géré par la nouvelle génération de la famille représentée par les cinq enfants des fondateurs Marie-Hélène, Agnès, Carine, Patrice et François. Depuis 2006, ils sont conseillés par Hubert de Boüard qui leur a fait prendre un virage qualitatif, notamment sur les vins rouges. Ils ont gagné en fruité et gourmandise.

Marie-Hélène Lévêque et Paolo Basso

Aux vendanges le tri commence dans la vigne et se poursuit en cave. Les raisins subissent des soins méticuleux pour préserver au maximum la fraîcheur et le fruité attendus dans les vins. Les blancs sont inertés pendant près d’un mois. Les rouges passent 12 mois en barriques (moitié neuves, moitié d’un vin). « Nous cherchons à faire des vins charmeurs, avec un équilibre entre les tanins naturels du raisin et la structure de la barrique », explique Marie-Hélène Lévêque.

Château de Chantegrive était déjà le plus grand domaine en Graves et a conforté cette position en passant le cap des 100 hectares en 2015 avec le rachat du Château Madère à Podensac, leur voisin. Planté en Sémillon, ce vignoble de 12 hectares viendra consolider la production de vin blanc sec, surtout la cuvée Caroline, car les volumes actuels ne suffisent plus à faire face à la demande.

En mai, la famille a reçu Paolo Basso au château. Il n’aura pas manqué d’être touché par la vive sympathie qu’ils attirent par leur chaleur et leur sens de l’accueil. Car le vin est avant tout partage, et les Lévêque le font bien. En témoigne le Prix Chantegrive dont la 13e édition s’est déroulée en juin. Il récompense des étudiants du Lycée Hôtelier de Talence pour les meilleurs accords mets et vins de Chantegrive. C’est aussi le lycée de Talence qui a préparé le dîner pour Paolo Basso.

Ce dernier a rendu visite à la famille Lévêque en clôture de sa semaine dans le Bordelais. En guise d’introduction, Marie- Hélène avait préparé une grande verticale de Château de Chantegrive en blanc (2001-09-10-11), Cuvée Caroline (1997, 2007-12-13-14) et Château de Chantegrive rouge (1985, 90, 99, 2000-01-02-09-10-11-13-14). Le dîner en famille qui a suivi a fait voyager les convives des Graves à Saint-Emilion, berceau de la famille, jusqu’en Argentine où le frère de Marie-Hélène, Patrice, a investi dans un domaine à Mendoza avec son épouse Hélène Garcin (Château Barde- Haut, Grand Cru Classé de Saint-Emilion).

Sylvia van der Velden
 

Château de Chantegrive Graves rouge, 2011

Belle complexité aromatique d’épices, de lierre et de réglisse. Attaque fraîche et dynamique, tanins serrés, finale délicate et une pointe d’amertume.
 

Château de Chantegrive Graves blanc, 2011

Orties, fruit de la passion, bourgeon de cassis. Très belle entrée en bouche, structure de bon corps, finale

 

— www.chantegrive.com —