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Château Tronquoy-Lalande

Le phénix de Saint-Estèphe

Quelques mois après l’achat de Château Montrose, 2ème Grand Cru Classé de Saint-Estèphe, Martin et Olivier Bouygues ont acquis le Château Tronquoy-Lalande à Saint-Estèphe en 2006. Plutôt que d’absorber cette propriété confidentielle qu’ils auraient pu rattacher à Montrose, ils ont décidé d’en faire un phénix. Récit d’une résurrection spectaculaire.
 

Paolo Basso, Hélène Brochet et Yves Delsol

« Les sols des chais étaient en terre battue, le vignoble morcelé, avec un grand nombre de pieds manquants, l’ambition commerciale se limitait à la vente exclusive confiée à un seul négociant de la Place… Le domaine de 16 hectares finalement n’attendait qu’un repreneur pour renaître », confie Hélène Brochet, directrice de la communication. Dix millions d’euros seront investis sur les trois ans qui ont suivi l’acquisition pour redresser cette « pépite » historiquement réputée pour être l’un des plus beaux terroirs de Saint-Estèphe. La première phase a consisté à reconstituer le vignoble d’origine, aujourd’hui de 30 hectares, puis à replanter les pieds manquants et à ouvrir la voie à une viticulture bientôt 100 % biologique.

Sur les terres qui dominent la Gironde à 23 mètres d’altitude, composées de belles graves très profondes mélangées à des blocs d’argile, bien différentes de celles de Montrose, le Merlot domine dans l'encépagement, suivi par le Cabernet Sauvignon et 6 % de Petit Verdot. Dans les projets de replantation, les propriétaires ont décidé de consacrer 1,8 hectare à l’élaboration d’un grand vin blanc, assemblage de 2 cépages : le Sémillon et le Sauvignon gris. En 2008, la deuxième étape a consisté à remettre en état les installations techniques avec des équipements totalement modernes, de la réception vendanges au cuvier, en passant par le chai à barriques, la mise en bouteille, le stockage… Des installations dignes d’un cru classé. Yves Delsol, directeur exploitation du château depuis plusieurs années, fait visiter son nouveau royaume avec plaisir : « Lors des vendanges, nous procédons à un ramassage intra-parcellaire très précis. Chaque cuve conserve ensuite son identité lors des vinifications, ce qui nous permet de révéler le meilleur de notre terroir ».

Aujourd’hui, la propriété produit environ 150 000 bouteilles de vin rouge, dont environ 20 % en second vin, le Tronquoy de Sainte-Anne et, depuis 2011, une cuvée confidentielle d’environ 5000 bouteilles de Château Tronquoy-Lalande Blanc.

« Bien que n’étant pas Cru Classé en 1855, nous travaillons à la manière d’un Grand Cru. Tronquoy-Lalande est un vin qui allie la puissance d’un Saint-Estèphe à des arômes de fruits mûrs et des tanins soyeux et fins », précise Hervé Berland, le gérant. Il est maintenant distribué par une quinzaine de négociants de la Place de Bordeaux et le domaine est désormais ouvert aux visites et aux dégustations. Les 13 ans de l’ère Bouygues ont fait renaître Tronquoy-Lalande. La saga peut désormais continuer.

Bénédicte Chapard




www.tronquoy-lalande.com