Je m'identifie

« Boire, voir Sociando et mourir »

Détournant la célèbre expression de Goethe saisi par la beauté de Naples, c’est ainsi qu’un amateur s’est présenté à Sociando-Mallet, espérant repartir avec quelques précieux flacons. Du haut de ses presque 50 ans d’existence, défiant tous les classements, affichant sans complexe une des plus belles vues sur l'estuaire de la Gironde, le vin n’a de cesse d’envoûter des amateurs fidèles. En digne héritière de Jean Gautreau, Sylvie sa fille, a repris les rênes du domaine.
 

« Lorsque mon père a acheté Sociando-Mallet en 1969, cette propriété de 5 hectares était en ruine. Ce jour-là, le temps était couvert, un rayon de soleil a laissé entrevoir derrière un amas de ronces une vue incroyable. Ce fut le coup de cœur », raconte Sylvie. Une vue sur l’estuaire en contrebas de ses terres et tout ce que cela signifie d’émotions sauvages et civilisées. Quand le ciel bas des matins brumeux s’accroche à la Gironde et se dispute le reflet vert turquoise des vignes d’été… Sans oublier cette promesse liée à un vieux proverbe médocain : ne dit-on pas que les meilleures vignes sont celles qui voient le fleuve ? Les ronces sont arrachées, les bâtiments rénovés et Jean achète au fur et à mesure les parcelles avoisinantes pour agrandir le domaine qui comprend aujourd’hui 83 hectares dont 55 % de Cabernet Sauvignon, 40 % de Merlot et 5 % de Cabernet Franc. Les amateurs ont depuis longtemps consacré ce cru pourtant absent de tout classement officiel. Ni bourgeois, ni classé, ni extravagant, ce Haut-Médoc rivalise cependant avec les plus grands. L’insolente ascension a véritablement démarré en 82, sur ce millésime hors norme qui marqua également sa fille : « C’est ma première émotion pour le vin », confie-t-elle.

Tel père…

« J’aime que les gens disent “on reconnaît bien Sociando”. Je ne cherche pas à révolutionner le style. Au contraire, je reste fidèle à l’esprit de Sociando. Ce n’est pas un vin de dégustation, c’est un vin à boire, un vin de plaisir, dans une gamme de prix accessible », aime à préciser Sylvie, avant d’ajouter : « J’ai apporté quelques modifications aux assemblages pour aller vers plus d’élégance, de finesse, perfectibilité de la sélection parcellaire pour être le plus précis possible sur la maturité. Mais toujours pas de vendange en vert ni d’effeuillage. » Au plus près de la terre, au plus près de son père, à l’aube de ses 90 ans.
Le 2003 lui tient à cœur « un millésime atypique, compliqué dont je suis fière. C’est juste une pure gourmandise ». Gérard Basset, de passage à la propriété, confirme : « Nez surprenant de viande rôtie mais aussi de fruits confits, le tout très séduisant. » Et la tribu d’amateurs ne s’y trompe pas. Sociando bénéficie d’une clientèle fidèle et dont les générations se suivent : « C’est étonnant, de plus en plus de jeunes viennent car Sociando était dans la cave de leurs parents… ». Pour les recevoir, les Gautreau proposent désormais un gîte, la villa Sociando au port la Maréchale à 3 kilomètres de la propriété. « Depuis 2 ans, nous gardons un petit volume à la propriété, notamment pour satisfaire cette clientèle qui vient nous rendre visite au domaine. Tout le reste est vendu au négoce bordelais par l’intermédiaire des courtiers. Sylvie, confiante et sereine, nous confie que les ventes en primeurs se font en quelques jours sans trop de difficulté. Sociando continue de laisser son empreinte. Ab origine fidelis.

Bénédicte Chapard
 

Gérard Basset et Sylvie Gautreau

 

Ce qu’en pense Gérard Basset

Château Sociando-Mallet,
Haut-Médoc, rouge, 2014

Couleur rubis d’intensité moyenne avec une frange violette. Nez très classique avec du fruit noir et du graphite. A l’aération le vin est très expressif, beaucoup sur la prune. Au palais, le vin est souple bien lisse. La rétro-olfaction révèle du chocolat qui enrobe bien les fruits noirs. Un joli vin qui se dégustera assez jeune. Accords mets & vins : un mignon de veau aux morilles.
 

Château Sociando-Mallet,
Haut-Médoc, rouge, 2010

Couleur rubis d’intensité moyenne avec une frange couleur cerise noire. Nez assez exubérant avec de jolis fruits noirs et rouges sur lequel viennent s’ajouter des arômes épicés plutôt sauvages. Le palais est très bien structuré avec des tannins puissants mais bien intégrés. Il y a beaucoup de fruits en bouche et tout est très droit. C’est un vin délicieux et qui plaira aux amateurs de Bordeaux classiques et pas lourds. Accords mets & vins : avec un filet de bœuf en croûte.