La dégustation prestige Champagne par SommelierS International devient un rendez-vous automnal pour les sommeliers et les professionnels du vin. A l’approche de la Journée du Champagne, comme un signal annonciateur de cette fête, cet événement est une grande célébration dans le cadre prestigieux de la mairie de Reims, entre colonnes de marbre, escalier d’honneur, bas-reliefs et cariatides. Les stands s’alignent entre cheminées et boiseries en chêne sous les plafonds hauts à en perdre le souffle. La nature locale, suggérée en motifs de vigne et de raisin, offre un bel accueil aux maisons, vignerons, coopératives, prêts à accueillir des professionnels affluant de la France et de l’international.
Pour cet événement, de grands noms de la sommellerie étaient présents. A l’image de Raimonds Tomsons Meilleur Sommelier du Monde ASI, Mattia Antonio Cianca, Meilleur Sommelier ASI d’Italie et d’Australie, Julia Scavo, Meilleur Sommelier de Roumanie ASI, ou encore Philippe Faure-Brac, Meilleur Sommelier du Monde ASI et Fabrice Sommier, Meilleur Ouvrier de France et président de l’UDSF, venus tout deux remettre à Raimonds Tomsons le trophée UDSF sacrant son titre. Étaient des nôtres également, cavistes, restaurateurs et blogueurs.
L’événement reflète la réalité viticole champenoise, un point de convergence pour les maisons, vignerons et coopératives. 35 acteurs de la profession présentaient cette année une sélection de leur gamme. Entre habitués et nouveaux présents, plus les dégustations proposées à table au déjeuner, il était possible de couvrir une grande partie de la sélection, laissant place à l’envie d’y revenir l’an prochain.
La plupart des maisons présentaient leurs cuvées prestiges issues le plus fréquemment du millésime 2013, avec quelques 2014 et 2015 présents. D’autres proposent encore le légendaire 2008 et optèrent pour la présentation des cuvées millésimées. A ce chapitre, quelques 2016 commencent à émerger, les coopératives évoluaient autour de 2015 et quelques inflexions, les vignerons offraient la possibilité de rencontrer des millésimes plus récents tels 2017, 2018 ou 2019.
Le millésime 2013 a de quoi surprendre dans tous ses aspects. Il a plongé la nouvelle génération champenoise deux à trois décennies en arrière quand les vendanges d’octobre étaient de mise, mais il s’est fait attendre au long d’un cycle erratique pour dévoiler un style de précision, complexité et concentration. Les vins sont d’une jeunesse incroyable, certaines grandes cuvées restent encore sur la retenue et se dévoileront logiquement de longue garde. 2014, fortement sous-estimé à sa sortie fut une année sans histoires particulières ni extrêmes, si ce n’est l’apparition de la mouche Suzukii de manière aléatoire selon les secteurs et notamment sur le meunier. Finalement, ce millésime se dévoila mûr, direct et ouvert, charmeur, apte aussi à se bonifier avec le temps. Quant au 2015, les grandes cuvées apparaissent de manière timide, mais l’on a vu défiler déjà les cuvées millésimées : il restera dans la mémoire pour son caractère distinctif. Millésime chaud, solaire, il offre un paradoxe similaire à 2011 par ses tonalités végétales. Cela varie beaucoup d’un style à un autre et selon la sensibilité des dégustateurs. Il est intéressant de souligner, que sur l’ensemble des 2015 goûtés sur l’événement en cuvée spéciale ou millésimé, la note herbacée évoquant la fougère apparue rarement.
Aujourd’hui, les coopératives viticoles champenoises sont loin de l’image d’antan, celle de grosses unités de production. Elles offrent aux vignerons la voie alternative par rapport aux Maisons, créent pour la plupart leur propre marque, certaines déjà reconnues à l’échelle nationale, mais aussi en dehors des frontières. La mise en commun des énergies donne un sens aux efforts cumulés des vignerons coopérateurs, leur laisse le choix de commercialiser le champagne sous leur propre marque, en tant que récoltant coopérateur ou bien sous la marque de la coopérative, sous l’acronyme « CM » Coopérative de Manipulation. Dans les deux cas, l’aventure collective démultiplie les effets qualitatifs, le produit final bénéficie du savoir-faire, des investissements, des outils et installations communs. Les six coopératives présentes sur l’événement portent haut le fleuron champenois, se réinventant d’année en année.
Les vignerons apportaient sel et poivre à l’événement, certains fidèles incontournables, d’autres représentant la nouveauté de chaque année et dévoilant la diversité des sous-divisions plus ou moins officielles de la Champagne. En effet ni le CIVC, ni l’UMC n’ont encore sorti une démarcation exacte des nombreuses sous-régions, les 319 crus sont encore répartis de manière générale sur : la Montagne et le Val de Reims, la Vallée de la Marne, la Côte des Blancs et ses environs, plus la Côte des Bar. Or, la division est encore plus morcelée. Cette année l’événement mettait en valeur cette diversité proposant des vignerons dont la signature s’articule pour certains sur des Grands Crus emblématiques de la Montagne de Reims tels Bouzy, Verzy et Verzenay. Ces vins sont structurés autour du pinot noir et ses diverses stylistiques selon un positionnement plus ou moins au nord et leurs expositions variées.
Villers-Marmery ne manquait pas dans le secteur avec ses expressions de chardonnay de Montagne plus chablisiennes. D’autres venaient du Val de Reims, dans le secteur entre l’Ardre et la Vesle, majoritairement sur le meunier sur marnes, argiles et sables. Le sud d’Epernay était aussi représenté entre Vallée de la Marne, Côte des Blancs, là où le meunier et le chardonnay se partagent les terres. La Grande Vallée de la Marne, le petit appendice de Boursault proposaient d’autres expressions du meunier. La Côte des Bar, royaume du pinot noir, connu aussi pour des cépages oubliés, était représentée par deux producteurs en plus des deux maisons.
Julia Scavo / Photos : Michel Jolyot
SommelierS International tient à remercier ses partenaires :
- Lehmann Glass
- Coravin
- Caviar Maison Noble
- Empreinte par Audiard
- Les étudiants du lycée de Bazeilles
Ils sont les indétrônables des cartes des vins, les égéries des vitrines des liquor store...
Une édition haute en couleur qui fait la part belle aux appellations plus confidentielles, aux iconoclastes aux expérimentations vitivinicoles détonantes.
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