Château Fonplégade : travail de précision pour une ambition affichée et réaliste

Portraits de vignerons Saint-Émilion

Château Fonplégade

Travail de précision
pour une ambition affichée et réaliste

Il y a l’Histoire avec un grand H et l’autre, plus discrète, qui donne du contenant, du vécu, à un domaine. Les flancs sud des coteaux du village de Saint-Émilion, terroir du château Fonplégade, étaient incontournables dans l’Histoire dès l’époque des Romains, puis des pèlerins, qui venaient étancher leur soif à cette fontaine d’abondance à l’origine du nom de la propriété.

L’illustre négociant Jean-Pierre Beylot fut le premier à comprendre le potentiel unique du domaine. Il lui donna sa taille actuelle et y fit construire le château en 1852, ouvrant une première époque de faste pour Fonplégade dont la réputation s’accrut encore avec les propriétaires suivants, qui n’étaient autres que les demi-frère et demi-sœur d’un certain Napoléon III.

Médaillé d’or lors de l’Exposition Universelle de Paris en 1867, le cru continue son ascension et est promu Premier Grand Cru, distinction qu’il conservera jusque dans le milieu des années quarante. Il lui faut attendre le premier classement des vins de Saint-Émilion, en 1955, pour se voir hissé Grand Cru Classé. Des familles saint-émilionnaises s’y sont succédé sans être conscientes du réel potentiel de ce vignoble entouré de Premiers Grands Crus.

Après des années d’oubli, un nouvel âge d’or s’annonce: en 2004, Stephen et Denise Adams, un couple d’Américains aux cursus universitaires et professionnels hors normes, se penchent sur son histoire, après avoir acquis le Domaine L’Enclos à Pomerol. Dès 2006, ils envisagent par conviction le suivi du vignoble en agriculture biologique: challenge réussi avec la certification obtenue cette année pour l’ensemble des 18,5 hectares - dont 17,5 en production - et surtout la reconnaissance des dégustateurs émérites et journalistes du monde entier. Après une expérience dans les vignobles de feue Catherine Péré-Vergé à Pomerol, Jean-Christophe Meyrou, le directeur de la propriété, est arrivé en 2010 pour conduire l’ascension du Château jusqu’à son titre historique de Premier Grand Cru Classé pour le prochain classement de 2022. Ambition affichée et cohérente avec une approche de plus en plus précise des 92 % de Merlot, complétés par des Cabernet-Francs situés sur le haut du domaine.

La restructuration du vignoble et sa conversion en bio permettent à Jean-Christophe Meyrou et son équipe de travailler davantage au chai. 75 % de la vendange sont vinifiés en foudre avec pigeages et remontages, puis la fermen­tation malolactique et l’élevage s’effectuent en barriques. Des micro-vinifications dans des fûts bourguignons de 500 l sont élaborées pour certains lots «avec 10 à 15 % de morceaux de rafles rouges dès l’entonnage, pour apporter du velouté, du sexy, et de la fraîcheur au vin», commente le directeur.
Seuls 8 % du grand vin sont élevés dans des «œufs» pour conserver minéralité et pureté du fruit. Le parc à barrique a été repenséen diminuant de 20 % la quantité des barriques neuves, mais en augmentant la qualité de chacune d’elles: moins mais mieux, avec des chauffes plus lentes et plus adaptées à la matière première.
Tests, observations et réflexions permettent, millésime après millésime, de reconquérir l’image de ce cru trop longtemps discret, de redorer son blason pour qu’il retrouve la place que son terroir mérite.
La superbe boutique accueillant près de 7.000 personnes par an, un Wine Club de 700 membres privilégiés en constante augmentation, la reprise en main d’une distribution qualitative des vins, les derniers millésimes bien jugés par les professionnels, laissent présager une prochaine ascension dans le classement… Histoire à suivre.
Florence Varaine

Château Fontplégade

1, Fonplégade
33330 Saint-Émilion - France
Tél.: +33 (0) 5 57 74 43 11

www.fonplegade.com