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L’Ouzbékistan, où la route des vins croise la route de la soi

06/15
Monde

Monde Ouzbékistan



Laissez-vous surprendre par les couleurs azurées des medersas (universités) aux peintures dorées, perdez-vous dans les ruelles de Samarcande, Boukhara ou Khiva qui créent le rêve et entretiennent l’imaginaire… Vous êtes en Ouzbékistan, là où les caravaniers ont creusé l’empreinte d’un périple devenu mythique: la route de la soie.

Plus grande et plus riche république des cinq que compte l’Asie Centrale, ce pays grand comme l’Espagne est essentiellement désertique avec seulement 10 % de terres exploitées (cultures agricoles intensives et vallées irriguées), sous un climat de type continental très contrasté, froid l’hiver (-10 à -30°) et très chaud l’été (+35 à 40°), ce qui protège naturellement la vigne.

Depuis son indépendance en 1991, l’Ouzbékistan, à forte densité agricole, a considérablement développé son potentiel, essentiellement avec le coton, dont le pays est un des principaux exportateurs mondiaux, ainsi qu’avec les fruits et légumes.

La vigne a certainement été introduite en Ouzbékistan à l’époque romaine en liaison avec la route de la soie. Sous l’époque Gorbatchev, une grande partie du vignoble fut arrachée pour lutter contre l’alcoolisme.



Said Raubaev, directeur de Yasmina Tour.

Actuellement le vignoble ouzbek s’élè­ve à 127000 hectares (raisins de cuve et de table confondus). Le développement du secteur viticole est devenu une priorité nationale depuis 2006 et prévoit une augmentation de la surface du vignoble de 22000 ha d’ici 2015, ce qui l’amènerait à près de 150000 ha.

Uzvinprom Holding, entreprise d’Etat, est un des plus importants producteurs de vin du pays et détient 4 % du vignoble national. C’est l’organe responsable de l’élaboration et de la gestion de la politique sectorielle. L’entreprise conduit des études de marketing, élabore les stratégies d’export, travaille avec les instituts de recherche pour élaborer des nouveaux produits.

Depuis 10 ans le vignoble a bien évolué avec l’introduction de nouveaux cépages, la modernisation grâce à des investissements en outils de vinification, de traitement, de froid et de stockage pour répondre aux normes internationales et se positionner sur les marchés export. Avec une telle révolution, l’Ouzbékistan est actuellement en phase d’adhésion comme nouveau membre de l’O.I.V.

Aujourd’hui il reste de nombreux cépages indigènes de l’époque soviétique qui sont également présents dans les pays du sud Caucase. La plantation de cépages européens (Cabernet Sauvignon, Pinot Noir, Riesling…), avec une parfaite maîtrise technologique de la vinification, génère de nouveaux vins ouzbeks à profil organoleptique européen destiné tant au marché national qu’à l’export.



La Cave Mehnat


Pascale Tétot et Alisher A. Abdullaev.

Les caves

Autour de Tachkent et Samarcande, on trouve des caves proposant d’intéressantes dégustations d’une très large variété: des vins de l’époque soviétique, généralement sucrés et aromatiques, aux vins à profil européen.

A une centaine de kilomètres de Tachkent (vers Ferghana), les vignobles Hamkor à Parkent élabore à 1.600 m d’altitude des vins assez confidentiels, destinés en grande partie à l’export (Japon, Russie, Chine, Kazakhstan...), principalement avec des cépages européens. Cette cave à culture francophile a mis en place des marques comme Champs Elysées, Joséphine, Louvre, Monte Cristo.

A Tachkent se trouve la cave la plus importante, Mehnat Group, créée en 1993 (capitaux privés). Mehnat Group élabore d’excellents vins vifs, aromatiques, secs élaborés à partir de Pinot Noir, Cabernet Sauvignon, Saperavi et Hindogni pour les rouges, et Riesling, Rkatsiteli, Bayan Shirei et Kuldginskii pour les blancs. Elle exporte actuellement 20 % de sa production, en Russie, au Kazakhstan et vers d’autres républiques d’Asie centrale. En parallèle, elle élabore aussi des eaux-de-vie de vin qu’elle met sur le marché après 3 ans de passage en barrique.

Une vendangeuse ouzbèke

On trouve également la cave Tashkentvino qui produit des vodkas de luxe, des eaux-de-vie vieillies... Depuis 2010, l’entreprise a ouvert un nouveau site et développe son outil technologique.

Sur la route de Samarcande, les caves Jomboy Sharab et Khovrenko, à profil encore soviétique, commencent à développer une nouvelle technologie à l’européenne. Cette région connut son développement viticole en 1868 grâce à Dimitry Filatov et par la suite en 1927 à Mikhael Khovrenko, chimiste qui développa l’élaboration des vins et vins de liqueurs. Dans leurs musées, il est possible de déguster des vins collections, de desserts, muscatés.

L’Ouzbékistan est une véritable mosaïque à découvrir. De Ferghana et son extraordinaire oasis, à Samarcande, carrefour des civilisations, en passant par Tachkent, ville contrastée, découvrez aussi l’architecture, l’art et la gastronomie de ce pays dont le vin gagnera certainement une belle place sur la scène internationale.

Pascale Tétot
Photos: Claude SAMSON et YASMINA TOURS

Ambassade d’Ouzbékistan
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