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Eric Zwiebel suit l’exemple de Gérard Basset

11/12
Interview

Interview Royaume-Uni


Eric Zwiebel suit l’exemple de Gérard Basset

Il sera le candidat du Royaume-Uni au Mondial

Représentant de la France à trois reprises dans les grands concours internationaux, l’Alsacien, Chef sommelier du Relais & Châteaux The Summer Lodge, à Evershot dans le Dorset, défendra désormais les couleurs du Royaume-Uni où il travaille depuis 15 ans. Il est déjà sélectionné pour le prochain mondial au Japon.

Finaliste par deux fois du concours du Meilleur Sommelier d’Europe, à Paris en 2006 puis à Sofia en 2008, ainsi que du Mondial organisé à Rhodes en 2007, Eric Zwiebel a toujours fait honneur aux couleurs de l’Union de la Sommellerie Française. Pourtant, en mars prochain, à l’occasion du concours mondial organisé au Japon, c’est sous le drapeau du Royaume-Uni qu’il se présentera, succédant alors à Gérard Basset qui a finalement suivi le même parcours jusqu’au sacre, au Chili, en avril 2010.

Eric Zwiebel

«C’est particulier et c’est cohérent par rapport à ma carrière. Cela fait 15 ans que je vis et travaille en Angleterre et c’est dans ce pays que j’ai remporté un titre national. Je reconnais aussi que me remettre dans le contexte français pour préparer une sélection était devenu plus compliqué. La France est toujours le pays de la sommellerie mais elle a aussi une idée bien précise du type de sommelier qu’elle veut pour la représenter. Malheu­reu­sement, aujourd’hui, je ne suis plus dans ce moule. Dans cette situation, mon échec à la sélection pour le mondial au Chili a plutôt été un mal pour un bien. Je me suis remis en question et j’ai donc décidé de tourner la page».
Sans amertume, le Ribeauvillois s’est donc préparé pour les épreuves qui désigneraient le représentant britannique appelé à faire le voyage au Japon. «J’ai concouru dans mon championnat, mais je suis toujours Français et très attaché à l’UDSF!»




Eric Zwiebel voit bien au-delà de la France. Son objectif, c’est le Japon.

Trois Français et un Allemand en sélection

Des épreuves organisées à Londres au début de l’été dernier. Ce jour-là, Eric Zwiebel retrouvait deux autres Français, Mathieu Longuerre (La Trompette à Londres) qui représentait déjà le Royaume-Uni au derniers concours Europe, et Nicolas Clerc (son ancien assistant aujourd’hui au restaurant Le Pont de la Tour à Londres), et un Allemand, Jan Konetzki (Restaurant Gordon Ramsay). Intégralement disputée en anglais, la sélection a révélé un nouvel Eric Zwiebel. «Là, je suis conscient d’être dans la bonne dynamique. J’ai évolué, gagné en sagesse et en confiance. Un coach qui n’a rien à voir avec le monde du vin m’a aidé à changer, à avoir une image positive de moi-même et à être à l’aise en public. Tout ce qui m’em­pêchait de m’exprimer tota­lement, j’ai eu besoin d’une bonne claque pour m’ en libérer!» Après une pause de trois semaines, «pour m’occuper de moi et de mes proches», il a débuté véritablement sa préparation.
«Le matin, je travaille sur des cartes et l’après-midi est consacré à des questionnaires, de la théorie et de la mise à jour de connais­sances. Enfin, le dernier mois sera uniquement dédié à la pratique et au service, c’est essentiel une fois sur scène.»

Un autre visage

Eric est certain d’une chose: la gestion du stress peut tout changer. «Quand on est contracté, on écoute mal. Ce fut flagrant à Rhodes, lors du Mondial. Je savais faire, mais je n’allais pas au bout. Non pas par incompréhension mais par manque d’attention et de concentration. La faute au stress. Mais ça, c’était l’ancien Eric. Aujourd’hui, j’ai énormément changé. J’ai appris à avancer pour moi et pas à me comparer en permanence aux autres.»
Cette période de doute, marquée par son absence lors du Mondial chilien et du concours Europe organisé à Strasbourg, ne l’a pas été dans l’esprit des propriétaires du Summer Lodge, un hôtel restaurant de charme niché dans la campagne, au sud-ouest de l’Angleterre. «Ici, j’ai toujours été soutenu. On m’aide à organiser mon emploi du temps, on m’assure aussi certaines facilités financières notamment au niveau de l’achat des produits, en particuliers des spiritueux, afin de faciliter ma préparation. Cette confiance est essentielle!»
A 39 ans, Eric Zwiebel se prépare donc à vivre un nouveau grand défi. Et pour la première fois, il sera plus nourri de confiance que de certitudes.

Jean Bernard