Je m'identifie

Joseph Drouhin

23/09/2019
Un temps d’avance

Le nom Drouhin est intiment lié à la Bourgogne et à « l’élégance naturelle de ses grands vins ». A la tête d’une maison fondée en 1880, la famille a su faire preuve de clairvoyance et d’un esprit pionnier à chaque génération. L’histoire se perpétue...

Parler de maison familiale à propos de Joseph Drouhin relève de l’euphémisme. La maison a su s’appuyer ces dernières décennies sur un capital humain hors du commun. Tout d’abord Robert Drouhin, 86 ans, resté le véritable patriarche. Et bien sûr ses enfants, aujourd’hui aux manettes : Véronique, l’œnologue ; Philippe, passionné par la vigne ; Laurent, le commercial, l’homme du grand large. Et enfin, Frédéric, le benjamin mais aussi le chef d’orchestre. Philippe qui devait reprendre la direction de la maison a été incité par son père à s’intéresser à la culture de la vigne. Pris de passion pour l’agronomie il ne l’a finalement plus quittée ! Frédéric de son côté a pris la mesure des talents et complémentarités qui ne demandaient qu’à s’exprimer autour de lui. Une des grandes décisions de sa génération aura été de prendre très tôt le chemin de la viticulture bio (1988) et de la biodynamique (1997). A la tête de près de 80 hectares en Bourgogne (dont 38 à Chablis), le challenge était de taille.

« La biodynamie apporte », me semble-t-il, « de la profondeur, un supplément d'âme, une complexité, un côté multidimensionnel. Il est clair que nous ne ferions pas marche arrière aujourd'hui, même si ce n'est pas facile quand nous connaissons des épisodes météo capricieux. Ceci dit, la météo est la même en culture conventionnelle. Le changement climatique reste plutôt une bonne nouvelle pour la Bourgogne. Nous connaissons une évolution vers des vins plus charnus, plus suaves », explique Frédéric Drouhin.

Frédéric et Véronique Drouhin avec Paolo Basso.

Un esprit pionnier qu’elle a aussi fait prospérer ailleurs qu’en Bourgogne. Robert Drouhin fut l’un des premiers à croire au potentiel de l’Oregon, vignoble alors méconnu de la côte ouest des Etats-Unis (tandis que la Californie triomphait). Ses enfants lui ont donné une ampleur que lui-même n’aurait sans doute pas soupçonnée au début de l’aventure, notamment depuis le rachat du second domaine familial en 2013 : Roserock. « French Soul, Oregon soil », pour reprendre le slogan de la famille à propos de l’Oregon. Entretemps, la cuvée Laurène (du nom de la fille de Véronique Drouhin en cours d’études viti-vinicoles) est devenue l’un des classiques du vignoble.

« Une des valeurs de notre famille est de raisonner sur des horizons lointains : 30 ans. Progressivement, nous nous sommes dit que nous étions complémentaires mais que ce ne sera pas facile de travailler ensemble parce que les relations frères/soeur doivent s'effacer devant la relation professionnelle. On doit être performant et ce n'est pas parce qu’on s'appelle Drouhin qu'on l'est forcément. Nous avons un devoir d'exemplarité devant le personnel de la maison et il faut être cohérent, d'accord sur la stratégie de la maison ».

La famille Drouhin forme maintenant la prochaine génération. Autre époque, autre défi. S’il devait être mené à l’image des précédents, on ne peut que l’imaginer couronné de succès.

Laurent Gotti


 

Ce qu’en pense Paolo Basso

Joseph Drouhin, Chassagne-Montrachet 1er Cru Morgeot Marquis de Laguiche 2017
Nez intense d’élevage fin aux arômes de levures, de beurre, de brioche, assez distingué. Très belle bouche dense, savoureuse, distinguée et de belle structure. Une finale très persistante et expressive.

Joseph Drouhin, Corton-Charlemagne Grand Cru 2017
Nez retenu par la jeunesse, levures et agrumes, boisé fin très discret. Une très belle bouche dense, expressive, minérale et savoureuse avec beaucoup de distinction, de la longueur, élégance et velours. Une finale très persistante et expressive avec une belle intensité. Un très grand vin.

 

www.drouhin.com