A 22 ans, ce Lorrain qui achevait tout juste sa formation, a remporté la finale du Trophée Duval-Leroy face à Edmond Gasser, Yohan Nguyen et Quentin Vauleon. Une dernière étape organisée en marge de Vinexpo.
Loin de Vertus, berceau de la maison de champagne partenaire du concours depuis 2009, c'est dans un vaste amphithéâtre du Palais des Congrès de Bordeaux que Pierre Jacob est devenu le quatrième lauréat du Trophée Duval-Leroy du Meilleur Jeune Sommelier de France. Et lui qui a avoué être sujet au stress, a finalement bien maîtrisé la tension entourant l'épreuve pendant deux jours. En effet, tout a commencé à Libourne avec la demi-finale réunissant les 10 candidats retenus après une phase de sélection organisée sur divers sites au printemps.
Certains parmi eux avaient déjà été opposés lors d'un concours. Edmond Gasser et Yohan Nguyen étaient déjà en demi-finale de cette même épreuve en novembre 2013. Bastien Debono et Pierre Jacob avaient, en mai de la même année, participé à la finale du Chapoutier. Le Marseillais s'était alors imposé et le Lorrain avait pris la troisième place.
Adversaires et finalement assez complices, tous ont été, une fois encore, surpris par les ateliers qui ont suivi l'incontournable questionnaire. Souvent déstabilisés, parfois perplexes faute d'avoir bien analysée l'épreuve, ils ont dû attendre le lendemain pour connaître qui seraient les quatre d'entre eux retenus pour la finale disputée en public.
La finale, dans ce décor impressionnant, a réuni les ingrédients traditionnels d'un concours avec assez d'épreuves pratiques pour juger lequel de ces jeunes professionnels mériterait le plus le titre. Pierre Jacob qui achevait alors son BP sommellerie en alternance (lycée Albert-Bayet à Tours, Restaurant La Côte Saint-Jacques à Joigny) était opposé à Edmond Gasser (hôtel Konigshof à Munich), Yohan Nguyen (Le Chambard à Kaysersberg) et Quentin Vauleon (Taillevent à Paris). Du service à la dégustation, le futur vainqueur a apprécié chacun des exercices. «Mais j'ai eu un vrai penchant pour le travail autour de la Saint-Jacques. Nous avions cinq vins différents, de l'effervescent
au vin rouge en passant par un Sauternes et pour chacun, il nous fallait proposer un plat à base de Saint-Jacques. Avec le Sauternes Suduiraut 2006, j'ai choisi de travailler les noix juste snackée accompagnées d'un tartare de mangue avec des trompettes de la mort relevées au poivre timut. Au sucre du vin, il fallait répondre par un touche de fraîcheur et le caractère compoté de la mangue complétait bien l'accord.» Son sens de l'accord, justement, lui a valu d'être sollicité par quelques revues spécialisées réclamant, au détour d'articles, de proposer des mariages originaux.
Le début d'une nouvelle vie professionnelle pour un jeune sommelier qui a achevé son séjour en Bourgogne au cours de l'été. «J'étais heureux d'avoir fait parler de cette maison mais après deux ans, je souhaitais passer à autre chose.» Et il aurait pu avoir l'embarras du choix car les sollicitations ont été nombreuses. «Mais avant même la finale du concours j'avais donné mon accord à Antoine Petrus pour le rejoindre au Clarence, le futur restaurant de l'hôtel Dillon qui ouvrira à Paris en fin d'année.»
Un choix décisif pour ce Lorrain originaire de Yutz et formé à Metz. Il a d'abord décroché un BEP puis un Bac Pro et enfin une mention complémentaire sommellerie au lycée Raymond-Mondon avant de faire le choix d'approfondir un peu plus encore ses connaissances en matière de vin avec un brevet professionnel. «Christian Péchoutre, mon professeur, m'a incité à me lancer dans ce concours et à remettre en cause ma manière d'être. Et finalement j'ai plus fait de travail sur moi que des révisions sur le vin. A partir de novembre, je vais me remettre au travail afin de préparer les sélection du Meilleur sommelier de France et étudier aussi le concours Sud de France au moment de Vinisud.»
D'ici-là, il aura réglé le problème qui constituait son épreuve au mois d'août: trouver où se loger à Paris!
Jean Bernard