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Bulgarie : un vignoble qui s’étend et s’améliore

03/14
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Monde Bulgarie

Déjà, l’ère soviétique avait connu dans les années 50 et 60 des plantations massives de cépa­ges internationaux (Cabernet Sauvignon, Merlot, Chardonnay, Syrah…) destinés surtout à l’URSS, mais aussi à l’Occident: «Pepsi-Cola échangeait alors des soft drinks contre du vin bulgare, explique Lioubomir Stoianov, maître d’hôtel et sommelier au restaurant-cave Di Wine à Varna, sur la mer Noire. Dans les années 1970, le Cabernet Sauvignon était bon, exporté en Amérique, Suède, Angleterre, etc., et couvrait 20.000 hectares, deuxième superficie après le Bordeaux».




Et puis la qualité a baissé pour faire face à la demande, Gorbatchev a lancé sa croisade con­tre l’alcoolisme. Résultat: chute des exportations. Il a fallu tout reconstruire au sortir du communisme. Des Australiens, des Chiliens ont alors investi, parfois dans de grands domai­nes comme l’excellent Boyar dans la plaine thrace au sud (Lambol, Sliven et Korten). Des experts bordelais ont prêté main-fortedès la fin des années 1990 : Marc Dvorkin, toujours à Bessa Valley, domai­ne où a investiStephan von Neipperg, propriétaire à Saint-Émilion ; Michel Rolland à Castra Rubra près de Stara Zagora, au sud du pays; ou Stéphane Derenoncourt, auparavant à Terra Tangra, non loin de là.

Dans la région orientale, près de la Mer Noire, sont produits les meilleurs blancs de Bulgarie, très secs, avec de très beaux Traminer (proche du Gewurtz­traminer), mais aussi des Sauvignon ou Chardonnay. Au nord, dans les plaines du Danube, et au sud dans celle de Thrace, les rouges (Cabernet Sauvignon et Franc, Merlot, Syrah et Pinot Noir, Petit Verdot et Marsala qui débutent) sont souvent meilleurs que les blancs (Chardonnay, Sauvignon). Mais quid des cépages locaux? À Bessa Valley (et ailleurs), «on a opté pour Syrah, Cabernet Sauvignon, Merlot et Petit Verdot, après avoir fait analyser des échantillons de sols dans le Bordelais. C’est le terroir qui dicte les cépages, on veut des vins exceptionnels», justifie l’oenologiste Svetolzar Dzhurov. Inévitable dans un pays qui vend 65 % de ses vins à l’étranger (Asie, Allemagne, Angleterre ou Pays-Bas), demandeur de cépages connus?



Certains cépages bulgares sont en outre médiocres: « Il n’existe pas de bons Rkatsiteli ou de Mavrud blanc[ndlr: très productifs] », prévient Lioubomir Stoainov. Il apprécie par con­tre «le très aromatique Misket (hybride de Dimiat et de Riesling), à boire rapidement en raison de son absence d’acidité». Le Dimiat produit un vin demi-sec à doux: «En association avec le Chardonnay, il donne un vin très aromatique comme celui de Dragomir Winery à Plovdiv», note le sommelier.

Du côté des rouges, la star bulgare produite dans le sud du pays, c’est le Mavrud, puissant et au goût de prune : «Quand les grappes sont séchées (chez Zagreus près de Plovdiv) façon Amarone italien, cela donne aussi un excellent vin de dessert». Le Rubin, hybride de Syrah et Nebbiolo, «puissant, velouté et complexe», toujours selon le sommelier, se trouve autour de Plovdiv et de Melnik.

Dans le sud-ouest du pays, à la limite de la Grèce, la région au climat méditerranéen de Melnik s’illustre par son cépage éponyme: «Très épicé, tannique, à bonne acidité et d’extraction moyenne, il donne chez Damianitza, Villa Melnik ou Kiosev, et comme le Rubin, de bons vins de garde», poursuit Lioubomir Stoianov. Ci­tons encore le Gamza (Ka­dar­ka hongrois) de Borovitza Winery dans le nord-ouest de la Bulgarie: «une jeune femme capricieuse, car délicat à mener à maturité, mais velouté, minéral, tannique et de bonne acidité, ressemblant un peu au Pinotage».

Les vignerons bulgares seront bien inspirés d’exporter aussi ces vins bien plus typés.

Texte et photos: Frédéric Ville

Di Wine Restaurant
& Wine Cellar
9000 - Varna - Bulgaria
Fixe: +359 878 606050
office@diwine.bg