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Sur les traces de Montesquieu : balade dans les Graves d’hier à aujourd’hui

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France Graves




Sur les traces de Montesquieu

Balade dans les Graves
d’hier à aujourd’hui


Charles-Louis de Secondat, Baronde La Brède et deMontesquieu (1689/1755), noble, politicien, philosophe, auteur desLettres Persanes et de l’Esprit des Lois, était avant tout fier de ses racines bordelaises.
Illustre propriétaire-vigneron de la région des Graves, libre penseur et fervent défenseur du vignoble en son temps, son souvenir reste indissociable du souffle de modernité qui anime aujourd’hui les vignerons. Qu’ils soient en appellation Graves ou Pessac-Léognan, en Cru Classé ou non, chacun insuffle une dynamique à la vigne, aux chais, et à la promotion des vins.


Château Carbonnieux. Caroline et Xavier Perromat, au Château de Cérons, ont relancé avec succès les vins du Château éponyme en appellation Graves blanc et rouge, en plus de l’appellation initiale en vins liquoreux: Cérons. Ils ne ménagent pas non plus leurs efforts dans le développement de l’accueil au Château, une superbe chartreuse du 18e siècle.
Au sud des Graves, Jean et Geoffroy D’Antras, s’occupent des 55 hectares du Château Magence, depuis plus de deux siècles dans la même famille. Les deux frères sont à la recherche du meilleur au vignoble et s’essaient à une technique expérimentale: la musique dans les vignes*.


A gauche : Caroline Perromat et Dominique Guignard, Président de la Route des vins de Bordeaux en Graves et Sauternes. A droite : Jean d’Antras du Château Magence.

À cheval sur les deux rives, Bertrand Guindeuil aime à jongler, non sans contraintes, entre appellations Graves au Château Le Cossu, à l’étiquette résolument moderne, et Premières Côtes de Bordeaux au Domaine Darlan. Une touche d’expérience et d’originalité l’ani­me pour tester un lot en vinification «dans l’œuf»…
Les femmes ne jouent pas les seconds rôles. En appellation Graves, au Château Grand Abord, la porte-parole du château, tant à la propriété qu’à l’export, est Marie-France Dugoua. L’emplacement des chais à Portets, proche de la route, l’a incitée, avec son mari, à investir dans une salle de dégustation cosy et fonctionnelle pour accueillir comme il se doit chaque amateur ou néophyte.


Bertrand Guindeuil et“L’œuf”.

En appellation Pessac-Léognan, Stella de Sigoyer-Puel, est sur tous les fronts. À la vigne, elle préserve le biotope de son vignoble aux portes de Bordeaux; au chai, elle réceptionne la vendange, suit la vinification. Sans oublier le plaisir qu’elle a à recevoir: elle vous fait découvrir ses vins, son miel et les cerises à l’eau-de-vie du domaine et vous accueille le temps d’une rencontre culturelle ou d’une soirée musicale… chez elle, au château Bardins.


Sol de graves.

Déjà implantés dans chacune des appellations et attachés à leur propriété, certains n’hésitent cependant pas à se diversifier en conservant la même philosophie de travail. Au sud des Graves, sur les domaines de Brondelle et Ludeman, Jean-Noël Belloc, travailleur acharné, et sa femme Muriel ont sans doute écouté quelques douces sirènes pour s’engager, en cette période difficile, en appellation Pessac-Léognan. Depuis 2008, Château d’Alix comprend 12 hectares en rouge et 2 en blanc. Investis­sement inconsidéré? Bien au contraire, c’est en période tendue qu’il faut aller de l’avant!
Dans le sillon du Cru Classé Malartic-Lagravière, Séverine Bonnie fait découvrir un joli bijou travaillé dans le même esprit que le grand vin: Château Gazin Rocquencourt, une belle image gustative de Pessac-Léognan, en retrait du Cru Classé, mais avec panache.


Dégustation au Château Gazin Rocquencourt.

L’appellation reste attractive aux portes de Bordeaux. Récemment, Patrice Pichet, promoteur immobilier, a acquis le Château Les Carmes Haut-Brion, au carrefour de Bordeaux, Mérignac et Pessac, aux abords de Château Haut-Brion. Son ambition est d’accroître la qualité par le parcellaire, la sélection et la précision dans la vinification. Il a pour projet de bâtir des chais fonctionnels signés Philippe Stark dans le parc. Il envisage aussi de créer une seconde étiquette, c’est pourquoi il vient de racheter 5,6 hectares du Château Le Thil.
Tout au long de la route de la région des Graves, de la simple chartreuse bor­delaise au château des plus imposants, l’architecture, l’histoire, les siècles se sont succédé… Rochemorin et ses 550 hectares furent l’un des plus grands domaines de la Baronnie de la Brède. Des bâtiments de ferme viticole imposants aux château et vignoble contemporains, l’actuel propriétaire, André Lurton, créateur de l’appellation Pessac-Léognan, reste dans la lignée du grand homme par sa liberté de pensée et d’agir pour la région des Graves.


Château de La Brède.

De château demeure en château vignoble ou château prestige, les murs de la Brède, Carbonnieux, Haut-Bergey, Olivier, La Louvière, Smith Haut Lafitte, Rayne Vigneau et tant d’autres racontent les grandes époques de la région.
Le souvenir du Baron de Montesquieu est mis à l’honneur avec le renouveau des vins de l’illustre penseur: 6 hectares de vigne ont été replantés sur son domaine historique. L’étiquette des bouteilles du Château de la Brède rappelle son attachement au vignoble: «Je suis occupé ici à faire du nectar».

* Musique dans la vigne: un système de haut-parleurs diffusant des sons qui permettent de stimuler la résistance naturelle de la plante.
Florence Varaine




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