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Salon Vinisud

06/12
France

France Montpellier

SALON VINISUD

Les sommeliers sont aussi en première ligne

Le salon Vinisud, résolument tourné vers la Méditerranée, regroupait en février dernier plus de 1.660 exposants à Montpellier. Il a également enregistré le passage de près de 33.000 entrées en trois jours. Un succès souligné par la satisfaction de participants qui ont tous, dans l’ensemble, noué d’excellents contacts.
Une réussite qui doit aussi sa part à la forte présence de sommeliers professionnels sur les stands ou bien lors d’animations de tout premier plan, très suivies.
Tour d’horizon…

Olivier Poussier

Devenus Meilleurs Sommeliers du Monde à dix ans d’intervalle, Olivier Poussier et Gérard Basset ont, bien entendu, multiplié les dégustations afin de ne passer à côté d’aucune des premières cuvées de jeunes domaines ou d’apprécier les millésimes nouveaux sur le marché. L’un et l’autre ont également animé à tour de rôle une master-class.

Pour le plus britannique des français, le thème retenu était celui des cépages de la Méditerranée. «J’avais réalisé une sélection de quatre vins blancs et huit vins rouges, afin de proposer un panel assez large et parce que je pouvais aussi en rattacher certains à des anecdotes. Globalement, les vins du Languedoc-Roussillon m’ont conquis depuis longtemps. Ils ont atteint un niveau de qualité élevé et offrent toujours un excellent rapport qualité-prix. On peut se faire plaisir et en proposer au restaurant à des tarifs très raisonnables, même en Angleterre. On ressent en outre un réel enthousiasme des producteurs qui se considèrent désormais pris au sérieux.»

Gérard Basset est également allé à la rencontre d’autres visiteurs en animant une dégustation en toute simplicité sur un stand. Il a profité de son séjour pour aller sur le terrain découvrir quelques vignerons dans leurs vignes comme au Roc des Anges, en Roussillon, et au Domaine Peyre Rose, à Saint-Pargoire.


Gérard Basset

Cap sur la Corse

Olivier Poussier a, pour sa part, animé une master-class sur le thème de la Corse. «Je suis un fana de cette région viticole. C’est un vignoble qui possède une pluralité variétale extraordinaire, laquelle participe de façon essentielle à la diversité du goût. Le climat et les sols renforcent également le caractère minéral des vins.»

Un enthousiasme qu’il ne s’est pas privé de partager avec un parterre d’auditeurs essentiellement étrangers et de nombreux journalistes. «Vinisud est un salon indis-

pensable, reconnaît égale­ment le sommelier du groupe Lenôtre, et je suis impressionné par la concentration de vignerons de qualité. J’aimerais bien,

à l’avenir, voir aussi se développer la place réservée aux producteurs étrangers.»

Il a donc pris le temps d’arpenter les allées et de s’attarder sur
les stands. «Je souhaitais avoir une tendance des nouveaux millési­mes qui arrivent sur le marché et je note une évolution positive avec des gens qui affichent leur volonté de contrecarrer ce climat méditer­ranéen. Ils ont compris que pour conserver leur caractère, les vins de ce bassin devaient proposer de la concen-tration en finesse. Et pour cela, les grands vignerons ont montré l’exemple, ils vendangent mûr mais plus en situation de surmaturité. D’une certaine façon, ce sont les clients qui ont poussé vers cette évolution car eux, c’est en situation, à table, qu’ils jugent et apprécient un vin…»



Une question de crédibilité

Les professionnels étaient aussi à l’ouvrage sur le vaste espace réservé aux vins des Côtes du Rhône. Daniel Chaussée, vice-président de l’Association des Sommeliers du Languedoc-Roussillon – Vallée du Rhône sud, était pour la troisième fois sur le stand de Vacqueyras. «J’ai accompagné l’appellation lors d’une édition de Vinexpo. Un sommelier apporte un crédit, la connaissance du produit. Ici, nous présentons les 45 vins de propriétaires qui ont décidé de jouer le jeu de la table de découverte. Majoritairement, il s’agit du millésime 2009 et j’ai tout dégusté afin de préparer commentaires et argumentaires. Ma mission est de dynamiser le stand, d’orienter les clients potentiels en fonction de leurs centres d’intérêt et de leurs recherches.»
Et en étant convaincu soi-même, c’est bien plus simple de conseil­ler les autres. «Cette appellation a un fil conducteur, c’est qu’on termine toujours la dégustation sur le fruit. Dans nos régions un peu solaires, le premier verre n’appelle pas toujours le deuxième. Là, c’est l’inverse! Attention toutefois, je ne suis pas présent pour vendre un domaine, mais bien pour valoriser et présenter l’appel­lation Vacqueyras dans son ensemble.»

Mariages inédits

Toujours dans la Vallée du Rhône, Kelly Mc Auliffe, le plus Français des sommeliers américains, animait un espace ori­ginal. Ancien de l’empire Ducasse, notamment à Las Vegas, il présentait une sélection de vins de Lirac et de Tavel destinés à être associés à des… chocolats! «C’est une idée d’Inter-Rhône que de vouloir prouver qu’il existe une alternative aux vins doux naturels et nous en faisons tout simple-

ment la démonstration.»

Aline Géhant, chocolatier d’Avignon, a effectué des recherches et fabriqué un certain nombre de ganaches originales, spécialement pour Vinisud. «Nous les avons testées, poursuit Kelly, et trouvé de belles complémentarités entre les vins de Tavel et un chocolat à la lavande, un autre au miel et au thym, et enfin un macaron aux fruits rouges et au thé. Le vin de Lirac, lui, permet d’autres approches gustatives. Blanc, il accompagne une ganache au citron. Rouge, on trouve plus d’intérêt avec une ganache au lait et une autre à la cannelle. C’est souvent le pourcentage de cacao qui détermine l’association. Des rouges tanniques peuvent aussi trouver leur place dans ce genre d’exercice, contrairement aux idées reçues.»

Accords vins et mets étoilés

Mais Vinisud, tout comme Vinexpo, s’anime aussi hors du salon lui-même. Julien Seydoux a choisi la table étoilée des frères Pourcel, ‘Le jardin des sens’, pour présenter les vins qu’il produit au Château des Estanilles, sur l’appellation Faugères. Un dîner qui lui a permis, avec la complicité de Yannis Kherachi, le sommelier du restaurant, de dévoiler les nouvelles cuvées, étiquettes et surtout millésimes qui arrivent sur le marché. Propriétaire de ce domaine depuis fin 2009, Juliens Seydoux a expliqué son ambition et sa vision de développement pour les Estanilles. «Nous faisons notamment le pari de maîtriser l’extraction tout en assurant une belle ossature à chacun de nos vins. Et comme près de la moitié du domaine est plantée en Syrah, nous en profitons pour donner un style très aérien aux vins du domaine.» Tout ceci dans le cadre d’une démarche bio.

L’impertinent, InVerSo ou encore, Raison d’être servi sur une Pièce de veau Royale aux Truffes, sont les nouveaux repères du Château. Le clos du fou, lui, demeure. Comme une forme d’hommage au travail réalisé pendant des décennies par Michel Louison, le vigneron qui a lancé la propriété vers les sommets.

Daniel Chaussée

Le sommelier, lui, est sous le charme. «Je trouve qu’il respecte parfaitement ce terroir de Faugères, si particulier avec ses sols de schistes. Bien sûr, Julien Seydoux veut proposer des vins moins rustiques que jusqu’à maintenant, il travaille le bois de façon diffé­rente. Mais cette envie d’imprimer son image au vin ne se fait pas au détriment de la qualité. De même, il a organisé sa gamme de façon très lisible. Ceux d’entrée de gamme sont vraiment des vins de plaisir, faciles à boire. Ensuite, il passe vers quelque chose de plus élaboré qui peut se consommer sur la jeunesse mais aussi s’orienter vers une garde prolongée. Enfin, sa Grande Cuvée souligne le caractère des cépages forts de l’appellation, mais aussi la chance qui est la sienne de bénéficier de très belles expositions, à mi coteaux.»

Rendez-vous désormais dans deux ans pour découvrir de nouveaux vignerons et des sommeliers toujours aussi enthousiastes au cœur de la plus vaste vitrine consacrée aux vins de la Méditerranée.

Jean Bernard


www.vinisud.com