Oisly et Chenonceaux : deux nouvelles dénominations de l’Appellation Touraine

04/13

France Touraine

oisly et chenonceaux

deux nouvelles denominations
de l’appellation touraine

L’AOC Touraine est une grande dame née en 1939, et qui se porte comme un charme. Cette septuagénaire alerte a ainsi vu sa famille s’agrandir récemment avec deux nouveaux membres : Touraine-Oisly et Touraine-Chenonceaux.

Ces deux AOC ont été reconnues par l’INAO le 28 septembre 2011, à l’issue d’une trentaine d’années de démarches menées sans relâche par les vignerons pour mieux définir les particularités, les typicités des terroirs et des vins.

Qu’ils travaillent en cépage unique ou en assemblage, ils se sont toujours attachés à obtenir le meilleur de ce que la nature généreuse apportait.

En octobre dernier, les producteurs de Touraine-Oisly et Touraine-Chenonceaux avaient invité SommelierS International à passer une journée sur leurs terres pour faire connaissance, visiter le vignoble et déguster leurs vins.
Nous les remercions pour leur accueil, leur gentillesse et l’émotion partagée. Jeunes propriétaires fraîchement adhérents à la démarche ou vignerons aguerris luttant depuis l’origine du projet, ils n’ont fait qu’un pour nous raconter leur passion, leur fierté et leurs espoirs.

Touraine-Oisly

Le 25 octobre 2012 était un grand jour puisqu’on allait dévoiler le secret le mieux gardé du Val de Loire, identité que s’est choisie le Touraine-Oisly dont le millésime 2011, le tout premier de cette nouvelle dénomination géographique de l’AOC Touraine était enfin révélé.
Le soleil boudait mais les écharpes de brouillard qui s’accrochaient aux ceps sur la crête de Oisly ajoutaient au mystère et à la magie de l’instant.

Là, au cœur du vignoble, les viticulteurs nous ont chaleureusement accueillis sous une tente blanche pour nous faire déguster leurs derniers-nés.

Jean-Marie Michaud, président du Syndicat, a pris la parole pour présenter, expliquer, ce qui fait la spécificité du terroir deOislyet de ses vins, ainsi que toute la démarche de hiérarchisation qui a été mise en route il y a plus de 20 ans: «Notre ambition était de produire un Sauvignon haut de gamme. C’est pour cette raison qu'outre le travail effectué sur le terroir, nous avons voulu définir en amont l'identité de ce vin.»

Après cette séquence studieuse, la journée décidément particulière se poursuivit par une nouvelle surprise: un barnum avait été dressé dans les vignes de Dominique Barbou. Ludovic Laurenty, Chef étoilé de «La Maison d’à Côté» à Montlivault, y avait installé une salle à manger à la décoration digne d’un grand restaurant et une cuisine de campagne sur laquelle il préparait en direct un menu gastronomique en accord avec les vins de la dégustation.

Le Touraine-Oisly est un vin blanc issu à 100 % du Sauvignon blanc, dont l’aire d’appellation regroupe dix communes de la Sologne Viticole. Il répond à un cahier des charges très précis, dès la vigne : parcelles délimitées, contrôlées, dont le bon fonctionnement hydrique, le type de sol et le paysage sont les points-clés d’identification. Critères de taille sévères, rendement maximum de 60 hectolitres/hectare. Le vin doit obligatoirement être élevé sur lies fines au minimum jusqu’au 30 avril suivant la vendange. Les copeaux sont bien évidemment proscrits.

L’étape finale de la certification annuelle consiste en une dégustation collégiale de 5 jurés minimum (tous vignerons de l'appellation), à l’aveugle

et sans débat, pour vérifier et valider le niveau qualitatif de chaque vin et son adéquation avec le profil organoleptique défini (agrumes, fruits exotiques, fraîcheur et volume). Un système de points de pénalité permet de recaler les produits présentant trop d'écarts par rapport à la norme souhaitée.

En 2011, pour le premier millésime, 8 vignerons se sont engagés dans cette démarche. Seuls 1.100 hectolitres sur 21 hectares ont été acceptés pour représenter la dénomination. Cette exigence de qualité donne naissance à des vins blancs racés possédant rondeur et complexité, tout en élégance et en finesse.

Touraine-Chenonceaux

Après cette demi-journée bucolique et raffinée, cap fut mis sur le vignoble de Chenonceaux pour découvrir l’élégance d’un terroir au travers des millésimes 2011 blanc et rouge de l’autre dernière-née des appellations de Touraine.
Touraine-Chenonceaux est immanquablement lié au château éponyme. Reconnu dans le monde entier, Chenonceau évoque l’idée d’une harmonie parfaite entre une nature tissée d’eau, d’air et de verdure, et une architecture unique. Ici, la recherche de la qualité est une attention de tous les instants. Fidèle à cette image, la nouvelle dénomination offre un accord idéal, une sincère alchimie entre une terre et un château d’exception.
Il allait donc de soi que les producteurs nous dévoilent leurs trésors dans le cadre plein de charme de l’Orangerie du Château, au fond du Jardin Vert dessiné par Bernard Palissy.
Tous étaient venus nous présenter leurs vins autour d’un magnifique dîner buffet et nous faire partager une soirée conviviale et chaleureuse en nous racontant l’histoire de leur bataille et ses péripéties.

Aujourd’hui, Touraine-Chenonceaux voit couronnés de succès plus de 15 ans d’effort dans la définition des terroirs. Durant tout ce temps, un labeur colossal a permis d’identifier et de classer de nombreux vins et sols. Du meilleur de cette œuvre, est sorti ce premier millésime pour lequel 17 ha pour les blancs et 19 ha pour les rouges ont été revendiqués par les 18 vignerons engagés dans la démarche.
L’approche globale de processus qualitatif a débuté par un travail sur les rouges, avant de développer celui sur les blancs.
Aujourd’hui, en termes de volumes, Touraine-Chenonceaux s’équilibre parfaitement entre les deux couleurs. Des recherches historiques ont permis de mettre en lumière la place prépondérante du Côt dans cette région de la vallée du Cher, avant l’arrivée du phylloxéra. De vieilles sélections massales assurent encore aujourd’hui sa présence sur de nombreuses parcelles. Il représente 50 % minimum de l’assemblage et le Cabernet-Franc 35 % minimum.

Le cahier des charges est détaillé et exigeant. La taille est maîtrisée, les rendements limités à 60 hl/ha pour les blancs et 55 hl/ha pour les rouges. La réglementation s’étend jusqu’à la mise en marché. Les blancs doivent être élevés sur lies fines au minimum jusqu’au 30 avril suivant la récolte et les rouges jusqu’au 31 août. Étape finale : des dégustateurs experts valident le niveau qualitatif de chaque vin.
Ce travail sur l’élevage permet d’obtenir des vins d’une belle complexité. Les blancs offrent puissance, structure, et développent un registre aromatique sur les fruits blancs bien mûrs, les fleurs blanches, aubépine, acacia, avec des notes fumées.
Les rouges, quant à eux, sont portés sur la suavité et présentent principalement des arômes de fruits rouges et noirs, avec des tanins soyeux et ronds.
27 communes sont actuellement englobées dans l’aire d’appellation Touraine-Chenonceaux, la zone s’étirant sur les coteaux des deux rives du Cher. Ici aussi, un travail d’identification a été mené, désignant ainsi des parcelles situées en coteaux, présentant de la pente, favorable au drainage naturel ainsi qu’une ouverture paysagère adaptée. On y retrouve principalement des calcaires, argiles à silex et notamment des perruches, ces pierres siliceuses typiques des terroirs ligériens.
Dominique Peyral-Bon

Crédits photos:
Denis Bomer,
Sylvia Van der Velden