Ils sont les indétrônables des cartes des vins, les égéries des vitrines des liquor store,
les must have chez les consommateurs, Sancerre et Bordeaux
conservent leur éclat à New York et n’en finissent jamais de séduire.
D’un côté un petit bout de terre du Val de Loire tenu par des vignerons produisant des mono-cépages brillants par leur définition terroir.
De l’autre, une région, un vignoble où règne divers styles, multitude d’histoires et de traditions, des vins d’artisans au Grand Cru Classé. Alors que réunit ces deux vins à New York ? Quel est leur pouvoir de séduction ? Et comment arrivent-ils à sans cesse conquérir le cœur des consommateurs ?
Bien que Sancerre soit une AOC de vins secs produite dans les trois couleurs, ce grand nom du Centre-Loire résonne auprès des wine lover pour ses vins blancs secs tissés à partir du sauvignon blanc. Ce qui porte parfois à confusion lorsqu’il s’agit d’établir une différenciation entre appellation et cépage. Pour la cible américaine habituée à donner confiance à un fruit en particulier, un cépage, la notion terroir conduite par l’appellation lui semble quelque peu superflue. Cependant, il est important de notifier que bien que les Sancerre Blanc ne soient produits qu’à partir du sauvignon blanc, ils présentent des caractéristiques propres à leur lieu d’éclosion du département du Cher. « Le goût de nos clients a évolué vers des vins blancs à la définition minérale plus appuyée, avec des notes de fruits acidulés moins herbacés – végétaux qu’offraient les vins de Nouvelle-Zélande par exemple », entend-on auprès des managers. Autrement dit, l’amateur averti se dirige de plus en plus vers des Sauvignon Blanc présentant moins de pyrazines. « Sancerre reconnaît l’une des expressions les plus qualitatives du Sauvignon Blanc, pouvant rivaliser avec un large spectre d’accords mets et vins à des prix accessibles au même titre que de cuvées plus premium », s’amuse à détailler les sommeliers de la Grosse Pomme. Malgré quelques millésimes délicats en termes de quantité, la demande grandit et les prix s’alignent. Assistons-nous donc à une premiumisation de Sancerre à New York alors que l’appellation livre toujours un visage de vins accessibles au plaisir immédiat ? L’avenir nous le dira, mais quoiqu’il en soit l’âme ligérienne de ces acteurs est préservée et a réussi son pari de conviction pour New York.
Bordeaux, vignoble français historique, a déjà coché plusieurs cases ces dernières décennies auprès du prospect new-yorkais. Portée par l’image grandiose des Grands Crus Classés, la production girondine convainc par sa régularité et sa stature internationale. Influant sur les vignobles du nouveau monde, Bordeaux est un exemple et se positionne en évidence sur les wine program de la ville. Il est amusant de noter que l’Américain reconnaît aisément la prédominance du vin de Bordeaux, mais se rattache tout de même à son goût, soit pour lui, la notion de cépage. Au restaurant, on vous demandera donc un cabernet sauvignon et tant mieux si celui-ci est produit à Bordeaux.
Amusant pour un vignoble construit autour de sa qualité d’assemblage. Ceci dit l’histoire est bien faite, alors que le médoc joue sa carte mythique du cabernet sauvignon charnel à la stature tannique bien armée, la rive droite présente des merlots juteux tutoyant les voies de la fine élégance. Cependant, ces vérités sont remises en question tous les ans, l’effet millésime d’un côté, la signature de la propriété de l’autre. Bordeaux restera une terre de diversité mêlée d’Histoire, de générations, de savoir-faire historiques et d’audaces. C’est certainement cette pluralité qui continue de plaire et séduire le fin dégustateur new-yorkais. D’autant que Bordeaux évolue et se transforme en interne. « Tout a tendance à devenir plus cher lorsqu’il s’agit de Bordeaux, néanmoins quand le prix est justifié, on tente l’expérience », s’accorde à penser les sommeliers de la ville. Ainsi certaines zones de Bordeaux commencent à tirer leur épingle du jeu. C’est le cas de Côtes de Castillon qui délivrent des vins moins structurés, plus juteux et aguicheurs. Un profil qui séduit une jeune génération qui met le rapport prix/plaisir en atout fondamental.
Finalement, qu’ils soient mono-cépage ou d’assemblage, les vins de ces grandes régions viticoles françaises n’ont pas dit leur dernier pour défendre leur place sur le podium new-yorkais, un french-flair qui navigue avec bonheur sur les cartes des vins.
Adrien Cascio