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Cinquième concours du Meilleur sommelier de l’Ile Maurice

17/12/2019
De Lores Malin enfin récompensée

 De Lores Malin, Jeff Thomé, Vikram Sundhoo, Jorald Julie et Pascaline Chettiar.

S’il fallait une preuve que la sommellerie occupe une place de choix sur l’Ile Maurice, la présence du ministre du Tourisme et de trois cents spectateurs pour assister à la finale est en soi suffisante. Dix ans après la création de l’Association des sommeliers de l’Ile Maurice (ASIM) par Jérôme Faure et quelques autres expatriés, le pays forme et révèle des professionnels du vin qui ne manquent pas de talent. Et comme c’est le cas un peu dans tout les pays membres de l’Association de la sommellerie internationale, le métier se féminise et les concours nationaux voient des candidates inscrire leur nom au palmarès.

A Maurice, ce fut le cas en 2010, dès la première édition de l’épreuve avec la victoire de Pascaline Chettiar. Et cette tendance s’est confirmée en août 2019 lors du cinquième concours avec une parité parfaite en demi-finale où l’on retrouvait Laura Rughoonauth (Koté vins & spirits), Shani Ramasawmy (Bacchanale Mauritius) et De Lores Malin (Constance Belle Mare Plage) face à Jaisen Pandoo (Constance Prince Maurice), Sivent Thondoo (La Pirogue Hôtel) et Noël-Jean Desvaux (Heritage Le Telfair). Les six rescapés d’une première sélection organisée un plus tôt marquée par la présence de 25 candidats tous mauriciens. Car dans ce pays de l’océan indien où le tourisme a généré le développement d’une hôtellerie de luxe, la compétition n’est pas ouverte aux étrangers. « C’est pour nous le meilleur moyen de favoriser le développement de notre profession auprès du personnel mauricien en mettant un accent particulier sur la formation, tant dans les entreprises qu’au sein de notre association, et en faisant du titre un élément fort de reconnaissance », souligne Jérôme Faure. Un président lui-même récompensé par les bons résultats de ses représentants au concours ASI du Meilleur sommelier du Monde, Jorald Julie en 2016 et Jeff Thomé en 2019.
 

Assurance et maîtrise

Six demi-finalistes donc et face à eux une série d’épreuves imaginées et coordonnées par Antoine Woerlé, l’un des piliers des concours de l’UDSF, épaulé par David Biraud qui apporte son expérience depuis la toute première édition. De la théorie et de la pratique qui ont permis d’établir une hiérarchie et de désigner les finalistes. De Lores Malin et Noël-Jean Desvaux, déjà présents à ce niveau en 2016, étaient accompagnés par Shani Ramasawmy, la benjamine de l’épreuve qui a suivi sa formation à Paris au sein de l’école Le cordon bleu.

Dans le cadre prestigieux de l’espace culturel Caudan construit au cœur de Port-Louis, la capitale mauricienne, et devant un auditoire nombreux, les trois derniers postulants au titre ont dû accorder mets et vins tout en assurant le carafage et le service d’un vin blanc avant de parler vignoble et œnotourisme autour d’une bouteille venue d’Italie. Un travail de sélection, de conseil et d’argumentation avec un chef pâtissier autour d’un dessert et de trois vins doux naturels permettaient de jauger l’aptitude au management de chacun. Huit boissons à identifier et un original exercice face à huit fioles d’arômes à reconnaître bouclaient la partie individuelle de cette finale.

Un dernier atelier devenu un classique de chaque concours réunissait les trois candidats. Un magnum de champagne, la cuvée Clara Morgane de la maison Charles de Cazanove, l’obligation de déterminer le nombre de verres nécessaires afin de les remplir de manière égale au niveau demandé et de vider intégralement la bouteille. Une épreuve que De Lores Malin achevait la première avec l’assurance qui fut la sienne tout au long de cette finale.

De quoi assurer une victoire évidente aux yeux et particulièrement de son fils, le premier de ses supporters...  Shani Ramasawmy prenait la deuxième place devant Noël-Jean Desvaux.

Texte et photos Jean Bernard
 

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La volonté de réussir

Candidate depuis 2010 à la naissance du concours, De Lores Malin a suivi un parcours original marqué par la volonté de réussir. Car dans sa première vie professionnelle rien ne destinait cette pétillante mauricienne à se faire un nom dans le monde de la sommellerie. « En fait, j’ai débuté dans le domaine du textile, un secteur très développé sur l’île. Mais après 14 ans, j’ai décidé de changer de métier et de m’orienter vers l’hôtellerie. Comme je n’avais pas d’expérience, j’ai rejoint la Constance Academy pour acquérir les premières notions. » Et si elle débuté au Constance Belle Mare Plage dans la partie hébergement, elle a rapidement évolué vers le service, le bar d’abord puis la restauration avec la sommellerie pour spécialité en profitant des différentes formations proposées par le groupe hôtelier mauricien.

De Lores Malin et le trophée qui symbolise le titre de Meilleur sommelier de Maurice.

Ce tempérament et cette soif d’apprendre ont été remarqué par les cadres et notamment Jérôme Faure qui lui a inoculé le virus des concours. « En 2010 je n’ai pas franchi la première sélection mais j’ai vécu cela comme une expérience, une préparation pour le prochaine compétition. » Lors des deux éditions suivantes, en 2012 et 2014, De Lores Malin s’est hissée en demi-finale avant de s’approcher un peu plus du sommet en 2016 avec enfin une place dans le dernier trio. « J’ai terminé à la troisième place mais cette participation m’a vraiment aidée à comprendre comment gérer le stress et s’exprimer en public. Cela s’est ressenti cette année même si pendant les deux premières minutes j’ai eu un peu de mal à me libérer. Mais très vite je me suis dit qu’il ne fallait pas calculer et j’ai pris beaucoup de plaisir à vivre les différents ateliers... »

Elle n’entend cependant pas s’arrêter là. La sommelière voudrait continuer d’accumuler des connaissances afin d’espérer un jour représenter son pays lors d’une épreuve internationale. L’aide de Jorald Julie, cadre du groupe Constance, pourrait alors s’avérer déterminante.