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Le réveil de la Gaffelière

17/05/2019

Rangée de vignes argentées signées Philippe Pasqua, projet archéo-touristique autour d'une villa gallo-romaine découverte sur le domaine, nouveau cuvier en 2013, valorisation du Château La Gaffelière chez les négociants bordelais : autant d’initiatives qui marquent le retour au premier plan d’un géant qui s’était assoupi au cours de ces vingt dernières années. Aux commandes aujourd’hui Alexandre Malet de Roquefort, le fils du comte.
 

Après avoir été négociant, vous avez décidé de vous recentrer sur les propriétés familiales…
Oui, je me consacre à 100 % aux Domaines Comte de Malet Roquefort, dont La Gaffelière, Premier Grand Cru Classé de Saint-Emilion, est la propriété historique. Nous avons progressivement agrandi en rachetant le Château Armens (Saint-Émilion Grand Cru), le Château La Connivence (Pomerol) et le Château Chapelle d'Aliénor (Bordeaux Supérieur) pour ouvrir la gamme. Aujourd’hui, je gère 50 employés, 140 hectares de vignes. Et passe beaucoup de temps à l’étranger pour épauler les négociants !


Quelles ont été les différentes étapes pour réveiller La Gaffelière ?
Dans les années 80, mon père n’a pas cédé à la tentation des vins concentrés, serrés, tanniques. En 82, en pleine effervescence, il s’est même séparé du roi des vins parkerisés, Michel Rolland ! La Gaffelière a vécu sur sa notoriété, loin des projecteurs, sans faire d’effort commercial, cultivant la discrétion. Depuis les années 2000, nous avons commencé à restructurer le vignoble à l’aide de Stéphane Derenoncourt, le prince du Cabernet Franc, avec la mise en valeur sélective de sa géologie bien spécifique, puisque nous avons à la fois des argiles bleues sur les coteaux et la fameuse molasse du Fronsadais. Le cuvier a été entièrement repensé en 2013. Plus fonctionnel, il est équipé de 20 cuves tronconiques inversées fabriquées sur mesure permettant une vinification parcellaire très précise. Ce nouvel espace de vinification est associé à d’autres investissements tels que machine à tri optique, chambre froide, pressoir vertical… La Gaffelière, c’est redevenu de la dentelle, avec un nouveau virage à 180° en 2017, où nous sommes passés à 45 % de Cabernet Franc contre 30 % avant. Notre plus gros investissement aujourd’hui, c’est la sélection. Et les négociants nous font à nouveau confiance depuis 5 ans. Nous avons également investi dans l’accueil, avec une salle de dégustation pour recevoir les professionnels et les touristes.


Quelle est l’ambition, passer en A ?
Je vous dirai pourquoi pas, mais l’essentiel pour la Gaffelière est ailleurs… Notre plus grande ambition est de conserver et de développer générations après générations le Château La Gaffelière. L’achat de vignes, c’est aujourd’hui un investissement patrimonial. Notre famille et son château sont parmi les plus anciens de Saint-Emilion et nous comptons y rester ! D'ailleurs, des fondations d'une villa gallo-romaine d'une dizaine de pièces ont été découvertes en 1969 ce qui fait remonter La Gaffelière à plus de mille huit cents ans ! Ouvrir la visite de la villa au public fait partie de nos futurs projets.

Bénédicte Chapard


 

gaffeliere.com