À proximité de la Garonne, au pied du clocher de Tabanac dans les Côtes de Bordeaux, il est un vignoble confidentiel qui culmine à 80 m d'altitude et repose sur des sols argilo-calcaire, argilo-graveleux ; le terrain caillouteux, en pente légère abrite en contre-bas une pinède. Alentour un foisonnement de flore et de faune environne les vignes et participe à la biodiversité. Ici, une parcelle de 20 ares de muscadelle pour les blancs ; là les vignes du seigneur, une parcelle de vieux merlots dont certains pieds ont plus de 65 ans, du cabernet franc, du cabernet sauvignon.
Si vous leur demandez pourquoi à l'heure de prendre une retraite bien légitime ils se sont lancés dans une telle entreprise, Florence et Jacques Jouny vous répondront d'une même voix : péché de gourmandise, par amour de la bonne chère et des bons vins ! Derrière eux, une vie d'ingénieurs globe-trotters ; devant, peut-être le besoin de s'enraciner, de bâtir ensemble quelque chose qui ait du sens : Créer oui, mais de l'excellence !. Or, être ingénieurs ne suffit pas ! Qu'à cela ne tienne, Florence, allergique à l'idée de ne pas avoir les coudées franches, passe un diplôme d'agriculture (vins & vinifications). En 2016, ils signent pour le Château La Clyde, leur petit Saint-Émilion. Depuis 4 ans qu'ils ont acquis la propriété, ils se comparent à des cultivateurs-vignerons exerçant moult métiers : la vigne, le chai, la communication, la commercialisation, la distribution… Du matin au soir, ils sont sur le terrain, exit les samedis, les dimanches.
Surtout, si comme Florence et Jacques, on fait le choix de travailler en bio et biodynamie.
Tel un grand jardin, le vignoble s'étend sur 1,8 ha d'un seul tenant. Florence : « Quand on est arrivé, on nous a conseillé de tout arracher ; pour nous c'était une hérésie. Il y avait plusieurs générations de ceps, on a décidé de garder tout ce qu'on pouvait et de complanter nos parcelles ».
Philosophie du sensible et du ressenti, la biodynamie c'est tout un système informatif, on se connecte et ça passe. Florence : «C'est intensifier la vie du sol pour qu'il y ait un meilleur échange entre la terre et la plante ; on utilise les plantes pour soigner les plantes, en les perfusant, en faisant des décoctions et des infusions que l'on va dynamiser et que l'on pulvérisera sur l'ensemble de la vigne ; on travaille en respectant les influences astrales ; mais avec du bon sens : observer le végétal, comprendre et lire la nature, s'il y a une urgence, on agit».
À l'aube de leur 6ème millésime, les époux Jouny gagnent en confiance. S'agissant des préparations, Florence admet : «La première année j'ai tout fait moi-même, c'est trop long. On a trouvé un prestataire pour les purins d'ortie et les décoctions de prèle en anaérobie, j'ai vu la différence, c'est bien mieux, c'est un budget un peu supérieur mais on s'y retrouve, notamment avec la muscadelle, un cépage très fragile».
Dans leur petit laboratoire, tout est fonctionnel, soutenus par un spécialiste biodynamiste et Pierre Jean leur œnologue conseil, Florence et Jacques produisent près de 10 000 bouteilles, soit 4 cuvées du Château La Clyde : un blanc 100 % muscadelle, 2 cuvées de rouge dont une élevée en fût de chêne, et une cuvée de rosé.
Jacques : « On fait les vins que l'on aime, on y met notre âme ». Aujourd'hui, œnologues, restaurateurs, sommeliers, s'accordent sur l'excellence de ces vins en constante évolution qualitative ; on parle de vins vibrants, sur le fruit et la fraîcheur, typiques de la rive droite.
AnneMarie Nouaille
www.chateau-la-clyde.fr