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Concours ASI du Meilleur Sommelier d’Europe à Chypre

05/03/2020
Benjamin Roffet, candidat bleu, blanc, rouge

Suppléant à plusieurs reprises de David Biraud, le Meilleur Sommelier de France 2010 a remporté la sélection qui l’opposait à Dominique Laporte. A Chypre, en novembre prochain, il vivra sa première compétition internationale.
 

Candidats, organisateurs des ateliers et membres du jury après l’annonce du résultat.

Presqu’un an jour pour jour avant la finale du prochain concours ASI du Meilleur Sommelier d’Europe, l’Union de la Sommellerie Française a organisé la sélection de son futur représentant. Et si, potentiellement, une bonne quarantaine de candidats serait en droit de participer (Meilleurs Sommeliers de France, Meilleurs Jeunes Sommeliers de France et Meilleurs Ouvriers de France) deux seulement avaient validé leur inscription.

L’un, Dominique Laporte, a déjà participé au Ruinart Europe et même terminé sur le podium en 2004 derrière Andreas Larsson et Paolo Basso. L’autre, Benjamin Roffet, a beaucoup observé depuis 2013, année où pour la première fois il a joué le rôle de suppléant de David Biraud. Il a accompagné le concurrent français sur tous les continents ou presque, s’imprégnant de l’atmosphère, rencontrant les autres candidats et, surtout, préparant chaque sélection avec l’espoir d’être enfin dans le costume du titulaire.

Ce savoir accumulé, cette expérience, lui ont permis d’atteindre enfin son objectif même si pendant les derniers mois ses révisions et entraînements ont été un peu perturbés par la phase de préparation puis l’ouverture du restaurant Jules Verne à la Tour Eiffel dont il est le chef sommelier.

Benjamin Roffet, dans le décor du restaurant Jules Verne, a encore sept mois pour bien se préparer.

Des invités inattendus

Placées désormais sous la responsabilité d’Olivier Poussier (Meilleur Sommelier du Monde 2000), les sélections françaises évoluent pour se rapprocher au plus près de l’environnement de la compétition elle-même. Ainsi toutes les épreuves se disputent en anglais et le jury s’élargit avec, par exemple, la présence de Jérémy Cukierman, un Master of Wine, au sein du jury. « Il peut nous apporter beaucoup en termes de lecture du vin ainsi qu’un regard anglo-saxon sur la manière dont sont dégustés les vins. »

Mais cette année, Olivier Poussier a voulu aller un peu plus loin encore en invitant un observateur étranger. Arrivé de Stockholm, Andreas Larsson (Meilleur Sommelier du Monde 2007) a suivi le cours de la sélection et jugé la dégustation. « C’est important pour nous d’avoir ensuite le ressenti d’un professionnel étranger », soulignait l’organisateur. Lequel a également souhaité que cette journée se déroule dans une totale transparence en accueillant un huissier qui n’a rien manqué des différents ateliers et s’est ensuite chargé de totaliser les points des différents candidats avant de communiquer le nom du lauréat. Une décision qui va dans le sens d’une proposition de Philippe Faure-Brac afin d’éviter tout risque de contestation lors des différents concours placés sous la responsabilité de l’UDSF.

Enfin, même s’il a choisi de tourner la page des concours internationaux, David Biraud était présent dans les salons du restaurant Mavrommatis qui servaient de décor à cette journée. Et s’il est bien décidé à partager son expérience avec ses successeurs, il avait d’abord sélectionné les produits (eaux-de-vie et spiritueux) destinés à l’identification lors de l’épreuve écrite. Une manière pour lui de négocier en douceur cette décision qu’il avoue clairement ne pas regretter après tant d’années consacrées aux épreuves professionnelles, depuis le Ruinart du Meilleur Jeune Sommelier de France jusqu’à ses quatre participations aux rendez-vous mondiaux.

Le temps de la préparation

Dès le lendemain de cette sélection, Benjamin Roffet s’est engagé dans une phase intense de travail. Car, même s’il possède de solides acquis, encore doit-il étoffer ses connaissances et multiplier les exercices tant en matière de dégustation que de service. S’il fut un spectateur attentif des dernières finales des concours Europe et Monde, il a pris soin également de visionner les films des épreuves, candidat par candidat, afin de disséquer leur performance dans le moindre détail. Un travail personnel qui devrait être soutenu par le Team France comme le souligne Olivier Poussier. « C’est désormais à tous ceux qui ont choisi de rejoindre cette équipe de donner une journée de leur temps pour travailler sur des épreuves ou une thématique bien précise répondant à la volonté du candidat. Une organisation mise en place pour l’accompagner dans une démarche de comprendre et de savoir. Une démarche fédératrice qui doit le soutenir dans sa préparation. »

Une préparation dont Benjamin Roffet a imaginé les contours avec l’intégration de divers intervenants à ses côtés. « Depuis longtemps, j’avais envisagé en toute modestie d’être un jour le candidat de la France. Le programme est donc dans les cahiers et maintenant je vais enfin pouvoir passer à cette étape supérieure. Un voyage à Chypre me semble également nécessaire. Il me faut considérer le pays dans sa globalité, en appréhender la gastronomie, la culture et surtout les vins. Mais la découverte d’autres vignobles à l’étranger sera nécessaire afin de continuer à progresser à l’international. »

Progresser et surtout être compétitif afin de se donner les moyens de ramener en France un titre qui la fuit depuis vingt ans maintenant...

Textes et photos Jean Bernard