Portrait de Vignerons Bordeaux
2005, quai des Chartrons à Bordeaux : la société Meynard et Fils, TPE jusqu’alors bien implantée, est en péril : les concurrents historiques en Espagne tirent les prix à la baisse, obligeant à trouver très vite un avantage comparatif : c’est la naissance des solutions de pose automatique de filets en laiton intégrées et du design différencié pour les vins et spiritueux (muselets, clissages, fourreaux sur mesure)… La société propose des prestations d’habillage à ses clients, essentiellement des bodegas espagnoles ayant conservé les méthodes d’embouteillage originelles, à l’époque où l’habillage de bouteilles valait authentification de leur contenu. Aujourd’hui, ce procédé, arrêté en France depuis que Philippe de Rothschild a initié la mise en bouteille au château, est surtout le fait de caves coopératives qui en apprécient les qualités esthétiques et pratiques. Certains châteaux, mais surtout les marques de spiritueux, l’utilisent pour leur image. L’image d’un produit, sésame pour l’export, est la clé du succès de cette activité qui a su s’affranchir d’une certaine sobriété esthétique française pour tirer parti de l’attrait du reste du monde pour le packaging luxueux : le parfum Champagne d’Yves Saint Laurent ou la bouteille d’Armagnac de Joy font partie de ses références.
Fasciné par les Etats-Unis, Patrick Meynard est approché peu après par Francis Ford Coppola, propriétaire de l’une des plus importantes wineries de Californie. Le réalisateur souhaite appliquer à sa gamme « Diamond Collection Claret » le même habillage filet qu’un Sauternes du début du XXe siècle qui avait retenu son attention. Aussitôt, les deux hommes contractent sur 2,5 millions de filets annuels et la cession d’une machine de pose automatique ! Leur collaboration est toujours d’actualité, assurant au bordelais un fantastique débouché outre-Atlantique. Hors Etats-Unis, la société équipe une bonne partie de la production de l’hémisphère sud, du traditionnel clissage en raphia au filet en laiton qui plaît particulièrement au Chili, au Mexique, en Espagne, en Italie…. Car Meynard et Fils, c’est aujourd’hui une capacité d’habillage de 8000 bouteilles / heure pour un chiffre d’affaires en progression de 15-20% par an.
Produire un grand vin en Médoc et l’habiller de fourreaux décoratifs, voilà le positionnement original sur lequel part Patrick Meynard lorsqu’en mars 2007, il rachète le Château Lalaudey et son vignoble de 9 hectares avec la ferme intention d’accroître la surface à 15 hectares. C’est chose faite dès qu’il trouve, en août 2007, 4 hectares disponibles sur le plateau de Lalaudey. L’appellation Moulis compte 640 hectares, une quarantaine de propriétés et une quinzaine de coopérateurs ; l’idée est d’acquérir une taille suffisamment critique pour s’assurer une place de choix dans un avenir à moyen terme.
Pour son vin, Patrick Meynard vise le plus haut niveau, celui des trois premières places dans l’appellation. Pour cela, tous les efforts sont engagés : travail de la vigne en vert, herbicides proscrits, tri sélectif du raisin (double tri, mécanique puis manuel par huit personnes), sélection parcellaire bien-sûr (18 cuves en béton), collaboration avec les meilleurs tonneliers (pour garantir une complexité aromatique optimale à son vin, la propriété travaille avec dix tonneliers) et extension du cuvier en bois pour favoriser l’aération naturelle par micro-oxygénation… Une particularité de la maison est de pratiquer la macération à froid au moyen d’un camion frigorifique régulé à 0°C qui recueille le raisin au moment de la vendange. Le tri de la vendange s’effectue ensuite à 6-8 °C, de façon à ce que le raisin préservé entre en cuve à 12°C. Ce procédé de régulation du tri évite les problèmes d’oxydation. 60 000 bouteilles sont produites annuellement depuis début 2008, pour un rendement à la vigne de 35 hl / ha.
Sur le plan de la commercialisation, il convient de faire connaître ce vin différent, élégant, susceptible de plaire à une clientèle sophistiquée, féminine peut-être, étrangère certainement, sensible à l’esthétique en tous cas. Sur les bouteilles, le maillage des filets, complet jusqu’alors, s’ouvre sur les étiquettes, et la complémentarité des activités de Patrick Meynard trouve à s’appliquer. « Je me déplace personnellement sur les salons professionnels : dégustations de l’Alliance des crus bourgeois, le Winefair à Miami, Vinitech à Bordeaux… » précise Patrick Meynard, pour lequel « la synergie entre les deux activités est évidente ». Un vin de moyenne gamme se vend entre 15 et 20 euros. Depuis peu, un importateur californien et une commerciale chinoise s’occupent de l’export. « Miami, la Californie, sont des lieux à forte culture hispanique ; ce sont des marchés prometteurs », souligne Patrick Meynard. Les Etats-Unis et l’Amérique du sud toujours en toile de fond, et ce n’est qu’une étape…
Château Lalaudey
Route de Pomeys
33480 Moulis en Médoc
Tel : + 33 (0)5 57 88 57 57
Fax : + 33 (0)5 56 58 06 00
www.chateau-lalaudey.fr
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Sols : Graves tertiaire d’origine pyrénéenne
Vinification : Vendanges tardives à l’optimum de la maturité
Âge moyen de la vigne : 25 ans
AOC : Moulis
Superficie : 12,5 hectares
Encépagement : 45% Merlot, 55% Cabernet Sauvignon
Elevage : 14 mois en barriques de chêne français
Dégustation : Belle robe aubergine à reflets violets ; très flatteur, rond et puissant, ample et élégant, à boire dès les premières années ou à garder quelques années. A déguster à une température de 16-17°C.
Château Lalaudey 2006
Médaille d’or au Concours général agricole de Paris 2008
Château Lalaudey 2005
Médaille d’or au Concours général agricole de Paris 2007
Médaille d’argent au Concours mondial de Bruxelles 2008
Médaille d’argent au Concours de Bordeaux – vins d’Aquitaine 2008
Château Lalaudey 2004
Médaille d’argent au Challenge international du Vin 2007
Médaille d’argent au Concours mondial de Bruxelles 2007
CFN
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