Je m'identifie

Albert Grivault : une belle histoire de famille au sein d’un vignoble prestigieux

10/08
Vigneron







Grivault clos des perrieres

Vigneron Bourgogne

Grivault

Une belle histoire de famille
au sein d’un vignoble prestigieux Discrètement protégés par l’anonymat de la porte du domaine, sur la place du Murget à Meursault, les héritiers d’Albert Grivault continuent l’œuvre de l’aïeul. Ils sont situés au cœur même du vignoble de Meursault. Leur adresse est à elle seule symbolique puisque la place du Murget porte un nom directement lié à la vigne.

En Bourgogne, le murget désigne l’amas de pierres formé à la périphérie des parcelles par les vignerons qui tentent de concilier la culture de la vigne et la présence des cailloux et des roches facteurs de typicité. Les perrières étaient des carrières de pierres car, dans la côte bourguignonne, la roche n’est jamais loin. Elle fut exploitée dès les temps anciens et l’est encore. On était vignerons et tailleurs de pierres. Dès l’âge de 19 ans, à la mort de son père, Albert Grivault décida de consacrer sa vie à la vinification et à la distillation. En 1875, le phylloxéra déjà bien installé en Languedoc, n’avait pas encore atteint le vignoble de Bourgogne. En 1879, le marquis de la Roche, de célèbre noblesse et propriétaire à Meursault, décède sans hériter direct. Ainsi le plus prestigieux climat de Meursault que l’on a parfois comparé au Montrachet, le Clos des Perrières, se trouve à la vente. Albert Grivault s’en porte acquéreur. C’est un trait de génie qui lui coûte cher mais fait entrer l’excellence dans sa propriété.

Le Clos des Perrières est un vrai clos qui forme un ensemble dans l’appellation de près d’un hectare et dont la réputation est déjà établie de longue date. Pourtant, cette année là, dans une marche inexorable, l’infâme insecte fait son apparition en Bourgogne avant de toucher le reste de l’Europe. Albert Grivault a-t-il fait un bon choix ? Un investissement heureux ? C’est compter sans l’intelligence et le dynamisme du jeune homme qui constate que le Languedoc, touché 10 ans plus tôt, a donné une réponse aux attaques de l’insecte, grâce au greffage et aux hybrides. Cependant, peu à peu la reconstitution du vignoble méridional va se heurter à la concurrence des ersatz de vins et des plantations nouvelles en Algérie. La surproduction va toucher ce vignoble replanté. Albert Grivault, fort de son expérience de distillateur s’installe à Béziers où il produit de la « Fine Béziers » renouant ainsi avec les fines Languedoc réputées au siècle précédent. Il fait de très bonnes affaires et se signale aussi par ses talents de dégustateur tant en Bourgogne qu’à Béziers. Il élargit son domaine bourguignon jusqu’à 15 hectares dont un hectare de Clos de Vougeot qui sera revendu en 1931. Dans un élan généreux, en 1904, il fera don d’une vigne de Meursault charmes aux Hospices de Beaune, ce qui lui assure la reconnaissance de l’ordre hospitalier et la pérennité de sa mémoire. Il va sans dire qu’une telle filiation allait peser lourd chez ses héritiers, qui sont aujourd’hui Michel Bardet, ses sœurs et ses enfants.

Excellence, culture et soins attentifs pour toute une famille

Michel Bardet, ingénieur électronicien, et sa sœur Marguerite Bardet, agrégée de l’Université, sont présents sur le domaine. Ils ont mis leur talent au service des grands vins dont ils portent la réputation. Modestes mais imprégnés de culture, notamment bourguignonne, ils vont appliquer à l’élaboration des vins de leur propriété la rigueur scientifique et l’exigence universitaire. C’est un bonheur d’entendre Michel Bardet parler des soins qu’il apporte à ses vins.


Robert Tinlot :
Vous produisez des vins sur un périmètre bourguignon limité alors que la plupart des vignerons de cette région sont propriétaires d’un grand nombre d’appellations, de la Côte de Nuits à la Côte de Beaune et souvent jusqu’à la Côte chalonnaise.


Michel Bardet :
Nous avons six hectares de vignes mais déjà six appellations contrôlées différentes dont cinq sur Meursault et une sur Pommard : le Clos blanc, qui est rouge. Cette désignation ! C’est toute une histoire qu’un jour il faudra conter. A Meursault, nous avons du Bourgogne, et du Meursault au centre du village, du Meursault Perrières 1er cru, et enfin le fameux Clos des Perrières, monopole du domaine et fleuron de notre famille. Ces six appellations résultent de délimitations qui ne sont pas le fruit du hasard. La Bourgogne est le haut lieu de la notion d’appellation d’origine fondée sur le terroir au sens le plus précis du mot. Les lieux-dits (que l’on appelle ici « climats ») doivent être respectés. Ici nous prenons un très grand soin de ne pas mélanger les raisins et nous respectons l’origine parcellaire.


Aujourd’hui la tendance est à une vinification courte pour faire des vins à consommer rapidement. Qu’en est-il chez vous ?

Au domaine, les vins sont vinifiés pour être de garde avec un usage modéré des fûts qui tournent sur cinq ans : le Clos des Perrières devrait attendre au moins dix ans, les Perrières premier cru 8 ans, le Meursault, quatre à cinq ans et le Bourgogne deux ans. Quant au Pommard, l’optimum de la dégustation est à huit ans.

Beaucoup de grands domaines se refusent à entrer dans la compétition des concours. Qu’en est-il pour vous ?

Il faut être modeste et attentif au jugement des experts, c’est pourquoi je n’hésite pas à présenter mes vins dans les grands concours. Je suis heureux d’avoir des succès. J’ai obtenu régulièrement médailles d’or, coups de cœurs et autres appréciations élogieuses des grands dégustateurs. Ma clientèle internationale apprécie ces distinctions. Ainsi, je vends 25% de nos vins au Japon, 15% aux Etats-Unis, et puis au Royaume Uni, en Belgique, aux Pays Bas. Or dans tous ces pays nos clients sont des connaisseurs exigeants et s’ils sont fidèles, c’est que nos vins de Meursault et Pommard sont à la hauteur de leurs exigences.

Robert Tinlot

Domaine Albert Grivault
7, Place du Murger
21190 Meursault
Tél. : 03 80 21 23 12
Fax : 03 80 21 24 70



Michel Bardet, petit-fils d’Albert Grivault

Michel Bardet,
petit-fils d’Albert Grivault

Albert Grivault

Albert Grivault