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Maison Jeeper

06/12/2016
L’excellence au naturel

Produire un Champagne d’exception, dans un flacon exclusif, et installer son nom au firmament des étoiles champenoises. Telle est l’ambition de Nicolas Dubois, à la tête du Champagne Jeeper. Le défi est de taille. L’homme aussi.
 

Samuel Ferjou, directeur export, et Marie Luce Thiéry, chef de cave.

Costaud, trapu, des épaules de rugbyman, une tête de boxeur et des mains de vigneron. Voici le personnage. Nicolas Dubois est un gars de la terre champenoise. Parti de rien il y a vingt ans, il est aujourd’hui avec son épouse Myriam à la tête d’une entreprise en plein essor qui emploie cinquante personnes et produit 350 000 bouteilles par an, exclusivement à partir des quarante hectares de vignoble possédés en propre. C’est un fonceur, un créateur né, qui a mille idées en tête, et vous les expose en parlant par rafales, avec un large sourire, comme si tout était parfaitement naturel…

Le Champagne Jeeper est né en 1949. Juste après la guerre. Nicolas Dubois a repris la maison soixante ans plus tard, en 2009. Associé à Michel Reybier, propriétaire du Cos d’Estournel, à Saint-Estèphe, et spécialiste du développement des marques, il s’est fixé un objectif hors du commun : élaborer des Champagnes d’exception, capables de rivaliser avec les plus belles cuvées des grandes maisons, et faire de Jeeper une référence incontournable au sein de la petite famille des grands Champagnes.

Le choix du naturel

Le projet de Nicolas Dubois est bâti sur deux « piliers », le Chardonnay pour cépage, le fût de chêne pour l’élevage. Les parcelles du domaine sont concentrées en Côte des Blancs. L’importance accordée au Chardonnay est donc un choix naturel. Quant au chêne, matériau lui aussi naturel, il fut pendant des siècles le réceptacle exclusif de la vinification et du vieillissement des vins. Il était donc encore une fois naturel d’y revenir, pour faire vivre cette tradition.
La maison Jeeper possède plus de mille fûts, des barriques bourguignonnes, qui servent à l’élevage de ses vins clairs (les Chardonnays sont élevés deux ans, c’est dans la charte qualité de la maison) et 250 demi-muids utilisés pour les vinifications.

Quant à son approche, elle se veut aussi proche et respectueuse de la nature que possible. Le travail se fait en agriculture raisonnée. Jeeper a obtenu la meilleure note lors de l’attribution du certificat européen HVE (Haute Valeur environnementale). Le travail se fait sans produit de synthèse, ni désherbants. Les rangs son régulièrement binés et labourés. Nicolas va d’ailleurs réintroduire le cheval dans les vignes. Quatre Ardennais sont attendus. « Ce n’est pas que du folklore, dit-il ! Cela fait partie de notre approche qualitative et respectueuse. Le cheval est plus léger pour les sols qu’un enjambeur. Et travailler au rythme du cheval apporte une tout autre satisfaction. »
 

Nicolas Dubois & Samuel Ferjou

L’excellence comme ligne de conduite

Les vins sont vinifiés parcelle par parcelle, dégustés à l’aveugle et notés sur 5. Seuls les jus s’étant vus attribuer une note de 4 ou 5 sont conservés pour l’élaboration des Champagnes Jeeper. Ils sont alors à nouveau goûtés et notés, cette fois sur 20. Seuls les élus de cette seconde dégustation, ceux qui auront pu se hisser jusqu’au sommet de cette pyramide ultra sélective, finiront dans les meilleures bouteilles de la gamme Jeeper.

Pour l’heure, celle-ci compte quatre cuvées : Grand Assemblage, photographie de la Champagne, où les trois cépages sont pré­sents, dosé à 7 gr ; la cuvée Grande Réserve, 100 % Chardonnay ; Grand Rosé, élaboré à partir de 92 % de Chardonnay et seulement 8 % de Pinot Noirs, ainsi que la cuvée Naturelle élaborée à partir de raisins bio, dosée à trois grammes. Cette dernière n’est pas pérenne, l’approche « bio » étant beaucoup plus dépendante des aléas climatiques… A terme une cuvée Premier Cru et une autre Grand Cru viendront compléter cette gamme. Mais Nicolas et sa chef de cave, la jeune Marie Luce Thiéry, arrivée comme apprenti-ingénieur voici huit ans, estiment que ces cuvées ne sont pas prêtes. Elles attendront. Et nous aussi.

Avec Jeeper, Nicolas Dubois progresse à grands pas dans le monde du Champagne. Mais il sait que si l’on vise l’excellence, il faut aussi savoir attendre.

Gérald Olivier

 

Anecdote

L’histoire du nom

Le fondateur de la maison était un certain Armand Gourtobe, vigneron champenois blessé à la jambe alors qu’il était venu en aide à des soldats américains pendant la libération. En récompense de sa bravoure, l’armée américaine lui avait alors donné une Jeep, et c’est à bord de ce véhicule tout terrain qu’il faisait le tour de ses vignes. Il y gagna un surnom, « jeeper », qu’il apposa sur ses premières bouteilles.

Jeeper en chiffres

• 40 hectares en propre
• 350 000 bouteilles par an
• + de 1000 fûts bourguignons et 250 demi-muids
• 4 cuvées