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Château Léoville Poyferré

14/05/2019
Le talent se mesure aux nombres des années

Paolo Basso

La petite appellation de Saint-Julien, à peine plus de 900 hectares, est bien la Rolls Royce des AOC médocaines si on s’en tient aux nombres de crus classés au mètre carré. Parmi elle, Léoville Poyferré, dont l’origine remonte à 1638, est une propriété exemplaire, un temps même la plus grande du Médoc. Ce qui la destina assez logiquement à revêtir des oripeaux nobiliaires – Second Grand Cru Classé – conférés par le classement de 1855.

Plus d’un siècle plus tard, Didier Cuvelier ancrera plus fort encore ce Saint-Julien dans l’excellence, en apportant très tôt un soin tout particulier à la conduite de la vigne. Dès le début des années 2000, le chef de culture prôna, sous quelques regards circonspects, la prophylaxie via un effeuillage sur les deux faces pour lutter contre les maladies. Sara Lecompte, la dynamique gérante, raconte que cette approche culturale les amena finalement assez naturellement vers une conduite environnementale vertueuse. Depuis 2016, 16 hectares sont en effet travaillés en biodynamie, avec le souhait de monter à 20 hectares en 2020. Une conduite précise, un terroir exceptionnel qui vous le rend au centuple. Les vignes de Léoville Poyferré s’étirent sur un beau sol de graves. Ces galets roulés issus de l’immémorial lit d’une large Garonne quaternaire régulent naturellement la température du sol. Des croupes de graves, un sous-sol de sable et d’argile favorisent quant à eux un parfait drainage. Le château s’inscrit depuis 2014 dans une dynamique œnotouristique forte qui trouva son point d’orgue dans la création d’une boutique, écrin soyeux pour des vins qui le sont tout autant.

Le Château Léoville Poyferré, qui s’appuie sur les cépages rois du Médoc, dont le Petit Verdot, revendique une approche parcellaire extrêmement poussée pour l’élaboration de son Second Grand Cru Classé mais également pour le second vin : le Pavillon de Léoville Poyferré. Les deux sont assemblées en février, soit le plus tard possible.

Nous dégustons, dans une petite salle accolée au labo, dans laquelle se détache un grand mur blanc irisé de signatures de dégustateurs émérites. La gérante Sara Lecompte et l’œnologue en chef Isabelle Davin nous ont concocté une très belle sélection des deux vins dans des millésimes que Paolo Basso, le Meilleur Sommelier du Monde, prend plaisir à redécouvrir. Ainsi le 2005 affiche une fringance exceptionnelle, une épatante fraîcheur. Le Pavillon de Léoville Poyferré 2012, un millésime bien souvent éclipsé par des aînés surexposés, voir le 2010 par exemple, se montre quant à lui suave, croquant et d’une juste salinité. Dans le même esprit nous découvrons un Léoville Poyferré 2011 mentholé et élégant. L’adage sera ici vérifié ; les grands châteaux s’expriment aussi dans les plus petits millésimes.

Henry Clemens

 

www.leoville-poyferre.fr