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Interview D'Enrico Bernardo

Meilleur Sommelier du monde 2004

 Enrico Bernardo

Enrico Bernardo est devenu amoureux du vin dès qu'il a bu son premier verre, avant même de connaître la culture infinie qui s'y rattache ou les nombreuses rencontres qu'il ferait lors de ses voyages à travers les vignobles.

Après des études à l'école hôtelière de Milan, il passe vingt-cinq ans à travailler dans la restauration au plus haut niveau : d'abord en cuisine chez la famille Troisgros, puis comme chef sommelier du Cinq, restaurant du Four Seasons Hotel Georges V à Paris. Il a ouvert quatre restaurants étoilés Michelin, Il Vino (à Paris et à Courchevel) Goust, également situé dans la ville lumière et La Villa Madie à Cassis.

Enrico Bernardo a été élu Master of Port d'Italie à 19 ans, Meilleur Sommelier de Lombardie puis d'Italie à 20 ans, Meilleur Sommelier d'Europe à 25 ans, et a été sacré Meilleur Sommelier du Monde à 27 ans, en 2004, devenant ainsi la plus jeune personne à recevoir un tel titre dans l'histoire des quatre championnats.

Il est aussi l'auteur de plusieurs livres sur le vin et s'est associé en tant que designer verrier avec Puiforcat et Zwiesel 1872.

En 2017, il se lance un nouveau défi avec un tour du monde des vignobles de quatre ans, qui lui permet de se perfectionner. Au travers de ce long parcours, il a pu vivre et approfondir encore l'identité du vin, avec tous ses anciens et nouveaux acteurs, grâce aux échanges et aux rencontres qu'il a faites. Son expérience est racontée dans son dernier livre La sagesse du vin – Flammarion 2021 qui sera présenté au Umea Food Symposium en Suède.

Ce livre part de la volonté d'Enrico Bernardo de faire découvrir la beauté des terroirs  et de partager ses expériences et sa connaissance du vin avec des passionnés du monde entier. De même qu'il n'y a pas de limites à la qualité du vin, pas plus qu'il n'y a de frontières pour ceux qui savent l'apprécier.

Rencontre...
 

1. Que représentait pour vous le titre de Meilleur Sommelier du Monde ?

J'avais 27 ans, devenir Meilleur Sommelier du Monde signifiait pour moi une grande satisfaction, j'ai étudié et travaillé très dur pendant 10 ans pour arriver à ce résultat, alors bien sûr j'étais très heureux. Tout d'abord, remporter le titre était une reconnaissance du travail accompli. Deuxièmement, cela m'a donné l'énergie et la motivation nécessaires pour continuer à travailler dans la profession que j'ai choisie. La possibilité de représenter un métier dans le monde, donc l'envie grandit. La victoire pour moi n'a pas constitué un point d'arrivée mais au contraire un vrai point de départ. La relation avec les clients, avec les viticulteurs, avec le personnel a été un défi en constante évolution.
 

2. Quel regard portez-vous sur le concours, par rapport à 2004 ?

Si je considère les trois concours qui ont suivi ma victoire en 2004, je pense que le concours et la situation n'ont pas beaucoup changé, car les 3 candidats qui ont remporté le titre participaient déjà quand j'ai gagné en 2004. Par la suite, il y a eu un changement générationnel, de nouveaux jeunes, avec une grosse motivation, c'est extrêmement important. Le classement du concours est toujours très élevé, c'est une excellente occasion pour les sommeliers du monde entier de concourir et de se comparer à d'autres collègues. Je vois très positivement qu'il y a de nouveaux jeunes sommeliers, très motivés qui continuent de faire le tour du monde.
 

3. Comment décririez-vous la sommellerie moderne ?
    Quels fondamentaux et différences voyez-vous ?

Si l'on analyse l'étude et la manière de se préparer au métier, il est certainement plus facile aujourd'hui d'étudier. Trouver des informations sur les vins, la région de production, les producteurs de vin est vraiment plus facile aujourd'hui, donc vous gagnez beaucoup de temps pour une meilleure étude. D'autre part, aujourd'hui le sommelier fait face à la responsabilité d'être bien préparé, il a besoin d'en savoir de plus en plus, il doit être précis dans son explication ou sa suggestion au client, car les clients sont beaucoup plus préparés qu'avant.

Voyager est plus facile aujourd'hui, donc un autre avantage est d'avoir la possibilité de visiter et de tester le vin avec le producteur. Cette expérience donne un avantage supplémentaire et augmente les connaissances du sommelier et par conséquent sa capacité à bien suggérer le client au restaurant. Le marché du vin est aujourd'hui beaucoup plus accessible à tous et de manière différente, le sommelier doit donc améliorer son savoir-faire commercial, et sa capacité à trouver une valeur ajoutée pour le client.
 

4. BONUS : votre accord mets et vins préféré ?

J'aime la nourriture et le vin, donc en choisir un est difficile. Pour cette occasion j'aimerais rester en Italie, je choisis : pâtes tajarin maison à la truffe blanche d'Alba en accord avec un bon Barolo 10 ans d'âge.

Interview de Sandy Bénard-Ravoisier / Photo : Bernardowine