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Bilan primeurs

11/10
Nouvelle présidence, nouvelle stratégie pour les vins de Bordeaux

Bilan Primeurs 2009 Bordelais




Bilan primeurs

nouvelle présidence, nouvelle stratégie

pour les vins de Bordeaux

Certes, le millésime 2009 est, par ses qualités gustatives et son potentiel de garde, incontournable pour les amateurs. Mais SommelierS International a voulu faire le point six mois plus tard sur la campagne Primeurs avec deux courtiers influents de la place, mais discrets…Puis, avec l’arrivée du nouveau Président du CIVB, aborder la nouvelle stratégie des vins de Bordeaux.

Georges Haushalter

Avril, Mai, Juin, Juillet…

Les grands dégustateurs et personnalités internationales du monde du vin ont tenu leur rôle de critique fin mars. Début avril, les courtiers jouaient les intermédiaires entre les propriétés et les négociants pour établir des tendances et évaluer la demande. Conseillers auprès des deux familles, leurs qualités de dégustateurs, leur mémoire des millésimes et leur connaissance des marchés font de ces courtiers de place, des intervenants essentiels au bon fonctionnement des ventes, à terme, d’un certain nombre de crus, quoique réduit par rapport au volume global des vins de Bordeaux (entre 3 et 5 % en volume et 8 à 10 % en valeur selon les millésimes).
«Le système Primeurs est complexe : l’acheteur fait la hausse et le vendeur fait la baisse, contrairement aux idées reçues…
La demande importante pour ce millésime d’anthologie, avec un volume de production proche de 2008, couplés à d'excellents commentaires de grands dégustateurs, a eu une incidence sur les prix. On assiste aussi à une sélection des premiers vins plus sévère encore qu’en 2000.
Les prix de sortie que l’on a constatés restent sur les prix de 2005, avec une fourchette oscillant dans l’ensemble de -10 %
à +10 % voire +20 % pour des crus qui ont une belle notoriété qualitative, un bel historique commercial et des relations équilibrées, permanentes, avec les négociants qui les distribuent.
II est vrai que la semaine des Primeurs s’est déroulée dans un contexte d’instabilité économique et que la situation conjoncturelle reste tendue. Mais la demande était forte malgré une campagne un peu tardive, quoique, à quelques jours près, identique à celle de 2005. Chaque château est un cas particulier. Certains ont vendu un peu cher le 2005 et se devaient de rester raisonnables en 2009. Pour d’autres, qui, à l’inverse, s'étaient montrés très pondérés en 2005, il paraissait évident qu’ils aient augmenté leur prix en 2009.
Les 'grands châteaux' sur un grand millésime annoncent en général leur prix en fin de campagne. Le marché peut alors se concrétiser avant leurs sorties. Cela permet d’éviter d’étouffer la demande pour les autres crus par des prix qui pourraient être trop élevés. Ou encore, de fragiliser certains châteaux comme par exemple un château Léoville Barton 2000, sorti à prix très raisonnable alors qu’au final les consommateurs l’ont payé cher, car ce sont les intermédiaires (cavistes, importateurs, distributeurs…) qui ont énormément margé et spéculé. Un paradoxe des Primeurs que l’on observe pour certains crus chaque année.Il est intéressant, pour les grandes étiquettes, de percevoir l’intérêt de la demande et d’avoir le maximum d’éléments pour fixer leur prix. Certes, il existe un côté irrationnel quand on parle de grands crus et de grands millésimes. Le marché US, la Chine et les pays européens étaient aux achats pour cet exceptionnel 2009. La plupart des grandes marques se sont vendues et bien vendues. Le marché est sain, les affaires se sont réalisées correctement. Certains vins n'ont pas été cédés dans leur totalité, car parfois des crus sont sortis trop chers par rapport à leur habitude et donc, il y aura, quant ils seront livrables, des affaires intéressantes à faire. Nous restons encore étonnés des prix de sortie Primeurs jamais atteints jusque là, mais le business s’est fait.
En général, depuis quelques années (06/07/08), les Primeurs se focalisaient sur une cinquantaine de marques. Nous avons la chance, avec le 2009, d’avoir une forte demande. Ceux qui connaissent les valeurs de notre vignoble se reportent aussi avec plaisir sur des appellations moins prestigieuses, rive gauche comme rive droite. Ces derniers vont pouvoir bénéficier de la vente d’une partie de leur vin en primeur : un bol d’air pour leur trésorerie, avec des prix excessivement bon marché pour le consommateur. Certains amateurs chercheront des vins pour spéculer, comme des amateurs d’art. C’est incontournable sur les vingt grands noms, mais ce sont aussi de grands connaisseurs qui prennent des risques. Seul avantage, sans doute, par rapport à la bourse… dans tous les cas de figure, ils pourront boire une très grande bouteille !...»

Juillet, et Avenir… pour les vins de Bordeaux «Bordeaux demain»
Le 19 juillet dernier, le Plan Bordeaux était conjointement dévoilé par Alain Vironneau (ancien Président) et Georges Haushalter, nouvellement élu à la Présidence du CIVB pour un mandat de trois ans. Les résultats d’un an de labeur, associant différents groupes de travail, s’appuient sur un état des lieux et proposent les mutations nécessaires pour redresser la filière bordelaise dans les prochaines années, sous réserve de réaliser les réformes préconisées.
Le constat fait apparaître un manque de compétitivité amplifié par la crise. Des performances commerciales en deça du potentiel, tant en France qu’à l’export, et une marque qui s’abîme et ne joue plus le rôle de repère en termes de standard de qualité.
Le CIVB veut reconquérir ses marchés avec des ambitions importantes et un positionnement «Bordeaux, les plus beaux vins du monde». (Mélange de travail artisanal, ancestral, de savoir-faire rigoureux, de goût, de style associé à un terroir unique).
Sur la pyramide des vins de Bordeaux, quatre segments sont identifiés: le premier intitulé «Art» concerne les vins vendus à plus de 20 €, le deuxième segment, «exploration», ceux de 6 à 20 € . Vient ensuite le segment «fun» de 2 à 7 € puis en dernier le «basique» à 2 € ou moins. La nouvelle stratégie repose sur les segments «exploration» et «fun» (y compris les rosés, clairet et rouges légers, production de vins des caves coopératives qui devraient à terme se regrouper) qui devraient représenter respectivement environ 28 % et 70 % des volumes commercialisés, celle de «Art» ne posant pas de problème et restant dans un univers à part.

Concernant la restauration
en France…

Bordeaux reste le vin le plus diffusé en CHR (76 % des établissements détiennent au moins un vin de Bordeaux) avec 6,4 références en moyenne. Pour les établissements haut de gamme, le nombre de références peut-être 3,4, voire 5 fois plus important. La répartition régionale demeure un problème pour Bordeaux, très présent dans le nord, la région parisienne et le sud-ouest. Les restaurants milieu et haut de gamme restent de bons prescripteurs de Bordeaux (les restaurants au ticket moyen entre 20 et 30 € présentent au moins 7 références Bordeaux). Même si la baisse de fréquentation des restaurants entraine mécaniquement une baisse de consommation de vin, nous pouvons quand même estimer que la bonne reprise dans l’hôtellerie et la restauration haut de gamme et de prestige favorise la vente de grands crus bordelais.

SommelierS International a voulu interroger G. Haushalter, spécifiquement sur la restauration…
«Nos vins sont plus complexes que la moyenne et donc nous allons renforcer nos programmes de formations auprès des écoles hôtelières et de sommellerie de tous pays. Pour aider les opérateurs bordelais, nous allons multiplier nos actions auprès des grands comptes de la restauration. Nous souffrons trop souvent, du fait que nos vins de Bordeaux semblent, pour la sommellerie, être déjà connus. Or, notre diversité permet encore et toujours de faire des découvertes parmi les 60 appellations notamment, dans le milieu de gamme qui offre un vrai rapport plaisir/qualité/prix.»
Concertations, consensus, dialogues seront privilégiés. Les quatre groupes de réflexion continuent à travailler sur «compétitivité de la filière», «valorisation de la marque», «dynamisme commercial» et «pilotage de la filière». En sachant que cette dernière ne peut jouer seule sur la scène nationale comme mondiale, les partenaires régionaux et nationaux seront associés dans cette nouvelle stratégie.

F. Varaine


Quelques chiffres :

(sources CIVB 2009 – Services économie et étude)


Vignoble de Bordeaux:

60 appellations ; 117.500 ha (89 % en rouge),
8.650 viticulteurs

Courtiers: 96 courtiers

Négoce: 300 entreprises

Coopératives: 40 caves et 6 Unions de coopératives

Emplois: 50.000 en Gironde


Commercialisation 2009 :

En 2009, le chiffre d’affaires de 3,37 milliards d’euros et 4,96 millions

d’hectolitres dont 68 % sur le marché français.


Exportation des vins de Bordeaux sur le Marché chinois:

Cœur du marché entre 2 et 6 € pour un global
de 71 %

du volume et seulement 3 % au dessus de 15 €.

Georges Haushalter…

Il a des attaches familiales alsaciennes et girondines. Homme de marketing, il a suivi, après ses études à l’ESSEC, une carrière en marketing alimentaire chez Procter, Pepsi, Besnier. Puis dans le monde du vin chez Cordier, Jadot et, depuis 2002, à la direction générale de la Compagnie Médocaine des grands crus. En 2006, il préside la Commission de Promotion du CIVB, en 2008 de l’Union des Maisons de Bordeaux et en 2010, ajoute la nouvelle casquette de Président du CIVB.
Conseil Interprofessionnel
du Vin de Bordeaux (CIVB)
1, cours du XXX-juillet
33000 BORDEAUX
Tél : 33 (0) 5 56 00 22 66
Fax : 33 (0) 5 56 00 22 77
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