A Châteauneuf-du-Pape, Michel Arnaud perpétue la passion familiale pour le travail de la terre. Sous sa houlette, le domaine s’est uniquement consacré à la production viticole avec un succès qui doit tout à un terroir exceptionnel, réunissant à lui tout seul la mosaïque des sols qui constitue la célèbre appellation des Côtes-du-
Rhône. Rencontre avec un homme discret mais pas sans talent.
Michel Arnaud
Sur la zone de Cabrières, entre Rhône et Courthézon, au Nord de Châteauneuf-du-
Pape, s’étend l’essentiel des vignes du Domaine la Millière. Ici, Michel Arnaud connaît le poids de l’héritage familial. «Je représente la cinquième génération d’une dynastie de vignerons. Les deux premières avaient fait le choix de la polyculture mais, au début des années quarante, mon grand-père, Fernand, a acquis ce domaine pour se spécialiser dans le vin. Avec huit hectares en Châteauneuf et deux hectares en Côtes-du-Rhône, il a vécu pleinement sa passion et participé à la vie de l’exploitation jusqu’en 1978. C’était quelqu’un de très réfléchi, un sage qui m’a beaucoup appris. J’étais friand de ses histoires et de son art du travail. Aujourd’hui encore, 60 % de ce que je sais, je le tiens de lui…» Avec Aimé, son père, Michel s’est retroussé les manches très tôt et a signé son premier millésime en 1983. «Je n’avais que 22 ans et, en parallèle, on continuait encore la production fruitière. Mais j’ai fait le choix de concentrer mes efforts sur la seule viticulture en 1991 et surtout, je n’ai cessé d’acheter des vignes pour porter aujourd’hui la surface exploitée à 27 hectares.»
Plus de la moitié du domaine est sur l’appellation Châteauneuf «avec une particularité essentielle: nous récoltons sur quatre terroirs différents. Sur les célèbres galets roulés on trouve essentiellement le Grenache et cette association donne toute sa typicité à la Millière. C’est-à-dire des vins marqués par des tanins fondus et une grande minéralité. On doit aux sables l’apport d’un peu plus de fraîcheur et de minéralité alors que les argiles assurent à nos vins la longueur et la profondeur en bouche. Enfin, le terroir calcaire est synonyme de rondeur en termes de structure.»
Michel Arnaud, qui produit une moyenne de 60.000 bouteilles, insiste sur la notion de fraîcheur, au point d’en faire un élément essentiel du caractère de ses vins. «Elle est toujours là, même si le vin est puissant, quel que soit le millésime. Et surtout, elle persiste dans la durée. C’est elle qui donne la touche de finesse et d’élégance et qui permet d’apprécier nos vins de différentes façons. Dégustés jeunes, ils n’en mettent pas ‘plein le nez et la bouche’, puis, après 4 à 5 ans ils dévoilent des arômes de garrigue avec des notes poivrées et d’épices douces en fin de bouche. Et comme tout cela n’a rien d’agressif, nos vins expriment beaucoup de féminité. ‘Sexy’, disent même les Américains…»
Ontario, Australie, et Europe du Nord sont de façon générale des bases solides de commercialisation. «Mais nous commençons à percer en Europe de l’Est, on sent une reprise au Japon et la Corée du Sud est un marché qui se dessine.» Toutefois, le Domaine de la Millière n’appuie pas sa réputation que sur Châteauneuf-du-Pape. «Les Côtes-du-Rhône dont nous produisons 30.000 bouteilles et les Côtes-du-
Rhône Villages - avec 10.000 cols - sont travaillés selon la même philosophie: un soin identique dans toutes les étapes de la croissance du plant et du développement des fruits, puis des vendanges manuelles et enfin un tri qui se réalise sur la parcelle.» Une notion de tradition à laquelle Michel Arnaud veut apporter des touches de modernité.
«En 2008, nous avons lancé Miss Rose, un rosé 100 % Grenache abordé comme un vin de marque. Remarqué par Parker, on nous le réserve alors qu’il n’est pas encore mis en bouteille.» Miss Rose ne devrait pas longtemps rester célibataire puisque le vigneron a imaginé un vin rouge baptisé Myster M. Et pour donner une autre image de la Millière, il peut s’appuyer sur une production de 26.000 bouteilles en vin de pays du Vaucluse et envisager ainsi une gamme nouvelle pour le marché français.
Un esprit d’ouverture sur le futur qui ne l’empêche pas d’avoir les yeux de Chimène pour les plus vieilles vignes du domaine. Des doyennes plantées en 1891, aux pieds noueux à souhait et toujours aussi résistantes à ce satané Mistral qui balaie si souvent l’appellation.
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Domaine la Millière
Quartier Cabrières - Le Grès
84100 Orange - France
Tél.: +33 (0) 4 90 34 53 06
Fax: +33 (0) 4 90 34 85 57
www.la-milliere.fr
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