Fort d'une histoire de plus 350 ans, Château Rauzan-Ségla aura résisté au long des siècles aux crises, guerres, divisions, et réussi à rester parmi les grands jusqu'à aujourd'hui grâce à des personnages emblématiques tout au long de son histoire.
Au cœur de l'appellation Margaux, Rauzan-Ségla est assis sur un vignoble de 70 hectares. Ici la production des vins de ce 2e Grand Cru Classé de Margaux relève du travail d'orfèvre, de la haute couture. On aborde le vignoble en intra-parcellaire, au pied de vigne près, le travail est ajusté au type de sol et de sous-sol.
Triées sur pied, les vendanges sont faites manuellement, en cagettes, elles seront encore triées deux fois, encuvées rapidement pour assurer l'intégrité des baies et ne rien perdre de la qualité du raisin. La vinification est opérée cépage par cépage, parcelle par parcelle. Pour cela le Château s'est équipé de cuves tronconiques, allant de la petite contenance jusqu'à 150 hl.
En 2010 le Château a acquis 4 hectares de vignobles, agrandi de 4 hectares supplémentaires en 2012, qui sont dévolus à l'expérimentation en bio. Mais la totalité du vignoble bénéficie déjà de tous les soins car chaque étape décisive de la culture sont faites manuellement.
Entré dans le giron de Chanel en 1994, le Château Rauzan-Ségla a accueilli à sa tête John Kolasa qui prendra aussi la direction de Château Canon à Saint-Emilion et de la maison de négoce Ulysses Cazabonne. Pendant 20 ans, avec la mission de rebâtir la réputation du cru, il aura accompagné la modernisation, les travaux, l'agrandissement du domaine, l'affinement du travail sur les vins. Il a été une véritable force motrice pour les châteaux. Il a même décidé de réduire les volumes pour préserver la qualité et maintenir Rauzan-Ségla à la hauteur de son rang.
Le millésime 2009 aura été pour Rauzan-Ségla, à l'instar de tout le Bordelais, un des meilleurs de son histoire. Coïncidence heureuse, sa sortie sur le marché en 2011 correspondait au 350e anniversaire du château. Pour marquer l'année et les esprits, la maison a fait appel Karl Lagerfeld pour dessiner une étiquette spécialement dédiée au millésime.
Surnommé «Super Second» il faut y voir une référence non au prix mais à l'excellence des vins. John Kolasa précise «que Rauzan-Ségla veut rester proche de son marché, des ses consommateurs. Nous avons un excellent rapport qualité-prix». Proche de la retraite, il a pris à ses côtés depuis juin 2014 le talentueux Nicolas Audebert, arrivé d'Argentine où il a assuré la direction technique de Cheval des Andes (propriété de LVMH, cousin argentin de Cheval Blanc). «J'ai eu la chance de travailler aux côtés de John tout au long de l'année. Ça n'a pas toujours été facile, John est maître à bord depuis 20 ans... Mais quelle expérience!» confit Nicolas Audebert. Ce dernier prendra la direction générale des deux châteaux cet été, mais pas de la maison de négoce, décision ayant été prise de séparer les activités.
Cette précision du travail à vigne, la minutie de la vinification se déclinent bien sûr dans l'élevage. Seulement 60 % de barriques neuves pour le grand vin et 25 % pour le second vin, «car avec le bois, on leur prend leur âme» sourit John Kolasa. Rauzan-Ségla produit des vins «traditionnels, sur la fraîcheur, sans surmaturité, pas des vins modernes», ajoute Nicolas Audebert.
Sylvia van der Velden
En avril, John Kolasa et Nicolas Audebert ont reçu Paolo Basso
au château. Voici ses commentaires du 2014 et du 2010 :
Belle note toastée de chocolat, cacao, café, encre, graphite. Riche et savoureux, long et expressif, de grande structure, toujours caractérisé par la jeunesse, du corps, tanins riches et puissants, finale persistante. Très grand vin. Garde : 2020-2040.
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