Le directeur d’exploitation du Château de Malleret, Bruno Von der Heyden, est un passionné de beaux vins qu’il imagine et produit comme il élèverait des enfants. Sur un terroir d’exception, ses souvenirs de jeunesse toujours vivaces, il s’inspire des lieux pour que chaque millésime soit digne d’une grande fratrie. Situé à seulement 15 kilomètres de Bordeaux, le Château de Malleret porte bien son nom. C’est un château, un vrai, datant du XVIIe siècle et autrefois propriété d’un écuyer du roi. Protégé par l’écrin des 290 hectares de son parc, le superbe édifice recèle plusieurs univers. Celui de la création viticole qui remonte à ses origines et celui de l’élevage équestre illustré encore par les magnifiques écuries construites sur le modèle des écuries anglaises de la moitié du XIXe siècle. Et, bien sûr, le Château lui-même est un des éléments essentiels de l’esprit des lieux.
Malgré son passé prestigieux, le Château de Malleret sait se faire discret. Ses vignes restent cachées aux yeux des châtelains depuis la demeure dont certaines parcelles sont encore entourées d’une piste d’entraînement, vestige du haras de course. Ces bâtiments historiques ont aujourd’hui une autre destinée. Les écuries accueillent concerts, expositions ou autres soirées de gala et la demeure, Château d’Hôtes, développe une activité de réception haut de gamme, à destination en priorité, des groupes et entreprises.
L’esprit du vin produit par l’équipe du Château doit beaucoup aux trois types de sols du Domaine. Des graves profonds, des sablo-argileux et des argilo-calcaires. “Il faut être un peu artiste et savoir composer avec les arômes que la nature des sols vous concède” explique Bruno Von der Heyden. “Le vin doit être considéré avec humanité et non comme un produit industriel…”. Il file la métaphore en précisant que “le cuvier est le lieu où le vin voit le jour, le chai à barrique le lieu où il s’épanouit. Il faut être patient, autoritaire et câlin à la fois, il faut savoir jouer avec la liberté et les contraintes”. Ainsi élevé, le vin doit être en mesure de pouvoir exprimer pleinement les aspirations de son créateur tout en développant sa propre personnalité, son propre caractère… son originalité.
Bruno Von der Heyden nous confie pour conclure et avec modestie : “S’il faut être proche de son vin, l’élever comme un père élève son enfant, je pense sincèrement qu’une grande partie de sa qualité se fait dans la vigne. N’oublions pas le raisin qui est primordial !”.
L’histoire personnelle de Bruno Von der Heyden est étroitement liée à celle du Château. “Je venais rendre visite à mon cousin quand j’avais une dizaine d’années car les lieux appartenaient à mon oncle”. “Né à cheval sur une barrique” et dans une famille impliquée dans le monde des grands Bordeaux, il explique son choix professionnel par des mots simples : “On s’oriente naturellement vers ce qui nous entoure, ce que l’on connaît et puis cela devient une passion.”
A l’image du Bordeaux commerçant “cosmopolite” du XVIIIe siècle, Bruno Von der Heyden est un mélange de sang hollandais, irlandais, écossais et nord-américain, pays où il a vécu et travaillé de la côte Est à la côte Ouest. Il concède enfin : “Ce château me colle à la peau”. Depuis 2006 et son retour au Château de Malleret, le directeur s’est créé de nouveaux souvenirs, “de beaux souvenirs” empreints de “cette modestie dont il faut faire preuve pour espérer donner une âme à son vin !”
Dominique Salomon
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