Certains l’appellent la «Bourgogne girondine», nous sommes dans le Sauternais où une partie du vignoble est encore très morcelée, aux mains de petits propriétaires qui recherchent l’excellence pour leurs grands vins de Sauternes. Le Château Cru d’Arche Pugneau en est un exemple.
Très vielle famille du Sauternais avec des origines dans la région qui datent de 1670, Louis Gabriel Daney, époux de Henriette Destanque, propriétaire du Château Peyraguey Le Rousset et voisin, se porte acquéreur en 1923 de Cru d’Arche Pugneau. Jean-Francis Daney (ou Francis), petit fils de Louis, en est l’actuel propriétaire et exploite les 11 ha de vignoble situés sur l’ancien village de Boutoc, aujourd’hui quartier de Preignac.
Comme l’ensemble des vins de cette enclave du Sauternais et autrefois commercialisé sous le nom de «Cru de Boutoc», Cru d’Arche Pugneau bénéficie d’un terroir remarquable entre les prestigieux Châteaux Suduiraut, Rieusec, Yquem mais aussi Haut Peyraguey, Rayne Vigneau, Sigalas Rabaud, Lafaurie-Peyraguey et Rabaud Promis (1er Cru de Sauternes). Son encépagement avec 80 % de Sémillon, 15 % de Sauvignon Blanc et 5 % de Muscadelle est typique des vins de Sauternes. Et si le rendement autorisé est de 25 hl/ha, on est sur une moyenne de 15 ou 16 hl/ha à Cru d’Arche avec une et demi à six tries du raisin selon sa maturité au moment des vendanges, gage de qualité des vins de la propriété.
Francis Daney élabore son Sauternes avec passion et produit entre 15 et 25000 bouteilles chaque année de trois vins différents: Le Château Cru d’Arche Pugneau-Trie exceptionnelle pour lequel le raisin est ramassé au-dessus de 18,5° d’alcool puis vinifié en barriques récentes pendant au moins 3 ans et sans levurage; le Château Cru d’Arche Pugneau Intemporel qui est un assemblage de plusieurs millésimes sur le principe de la solera espagnole, et le Château Cru d’Arche Pugneau élevé 2 ans minimum en barriques.
1990, 2003 et 2005 sont les très grandes années de la propriété sans oublier 2011! Un millésime que Francis qualifie «d’extravagantet pour les vrais connaisseurs de Sauternes » avec un cycle végétatif parfait, la surmaturité et la botrytisation du raisin parfaitement maîtrisées et un élevage en barriques qui ne prendra fin que lorsque les 5 dernières auront été terminées.
Francis est aussi un conteur insatiable dès lors que l’on s’intéresse à l’histoire des vins de Sauternes; il possède encore les Guides des Editions Féret de son grand-père et la visite de son chai à barriques en terre battue et aux murs épais nous replonge bien des années en arrière. Cru d’Arche Pugneau n’a pas de bâtisse autre que les bâtiments d’exploitation donc pas de château mais il faut s’y arrêter lorsque l’on est dans le Sauternais (visite de la propriété toute l’année sur rendez-vous)…
Valérie Massot Germe
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