Comme d’autres veuves célèbres en Champagne, la Veuve Godart a, pendant la guerre, cultivé les vignes et élevé les vins. En 1962 elle est rejointe par son fils Paul qui a passé 28 ans chez Moët et Chandon. Son petit-fils François, allié à sa tante, dirige aujourd’hui l’exploitation avec une belle éthique valorisant sa dizaine de cuvées.
Son domaine s’étale sur neuf hectares, sur les crus de Moussy, Pierry, Chavot, Vinay, mais aussi Bergères-les-Vertus et Festigny (récentes acquisitions) et inclut les trois cépages dans les proportions suivantes: 60 % Meunier, 30 % Chardonnay et 10 % Pinot Noir. Il est entretenu en culture raisonnée avec des plantations en sélection massale; avec un enherbement des pentes en inter-ligne même sur les coteaux inclinés à 28; avec un labour d’été et d’hiver; avec la conservation de vieilles vignes et l’entre plantation de jeunes éléments; avec enfin un choix de clone qualitatif et non quantitatif. Le Domaine de la Veuve Godart privilégie enfin le parcellaire et compte 51 parcelles de différentes expositions (nord et acide, sud et solaire...) enrichissant l’assemblage.
Comme les anciens, François vit et écoute la nature, et calcule la date des vendanges à partir de la 1ère lune de janvier, il la choisit dans le déclin de la 9ème lune, traduisez à maturité pour obtenir un équilibre acidité et sucre naturel satisfaisant. Ses vins sont élevés en cuve émaillée ciment, acier, ou inox, et ne subissent pas la fermentation malo-lactique, garantissant une fraîcheur au vieillissement.
La vendange tardive procure à ses cuvées un surplus d’arôme et de parfum. Une mise en bouteille fin mars et un long séjour en cave (3-4 ans) leur apportent enfin une indéniable délicatesse. Sa gamme ne comprend pas moins de 5 références de Brut: brut, sec, demi-sec, extra brut, ces classiques furent élaborés par son père. Il a créé l’extra cuvée, mariant les trois cépages à égalité, fruit d’une seule vendange, actuellement 2011, sans ajout de vins de réserve, élaboré avec 3 crus Moussy, Pierry et Vinay, et bénéficiant de 3 ans de vieillissement, un régal, un coup de cœur du guide Véron. «Les bruts représentent la moitié de la production, mais la clientèle habituée apprécie aussi aujourd’hui rosé et blanc de blancs, deux Champagnes tout en légèreté, en finesse».
« On n’a un bon vin qu’à partir
d’un bon raisin, et pour qu’il soit goûteux,
le vignoble doit avant tout être sain »
Les vins de cet artisan paraissent aux visiteurs d’autant meilleurs qu’ils sont élaborés de manière responsable. Ici on récupère les eaux de lavage des installations et aussi les eaux de pluie à des fins écologiques. Le Champagne Veuve Godard est en démarche HACCP (Hasard Analysis Critical Control Point). Son site de production est protégé en géobiologie, son vignoble rééquilibré naturellement pour limiter les intrants.
François et son équipe, il l’avoue, sont en perpétuelle recherche. Toute son énergie, il la consacre à donner le meilleur à la vigne et à ses vins, et à recevoir 7 jours sur 7, ses 8 à 10000 clients, qui après visite du Champagne Veuve Godart, communiquent à d’autres son adresse de bouche à oreille. Ses Champagnes sont délicieux et d’un bon rapport qualité-prix (de 13,80 € à 18 €). En partance?
Marie-Caroline Bourrellis
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