Champagne Fleury : producteur de champagnes en biodynamie

01/12

Vigneron

Vigneron Courteron

Champagne Fleury

Producteur de champagnes en biodynamie

Dans cette Maison familiale centenaire, aujourd’hui réputée pour son vignoble en biodynamie, chaque génération a apporté sa pierre à l’édifice. En 1901, Emile, premier pépiniériste du département, plante des Pinot Noir greffés sur ses terres dévastées par le phylloxéra. Il fallait oser…! En 1929 son fils Robertfut l’un des premiers vignerons de la Côte des Bars à champagniser sa récolte.
En 1970, son petit-fils Jean-Pierre, 23 ans, est invité par son père à l’aider au domaine. Adepte de médecine douce et de protection de la nature, le jeune homme, fidèle à ses convictions, se bat dès son arrivée dans le vignoble pour enrayer la dégradation des sols. Ses pratiques vont bien au-delà de la viticulture raisonnée en usage dans la région. En 1989, il décide de laisser une terre propre à ses six enfants… Pour y réussir, il convertit la totalité de son vignoble, soit quinze hectares, en biodynamie (certification Demeter). En adaptant à la viticulture champenoise ce mode de culture inventé pour l’agriculture au début du siècle dernier par Rudolf Steiner, disciple de Goethe, Jean-Pierre Fleury fait figure de pionnier !

La biodynamie privilégie la chaîne de vie des microorganismes de la terre et les influences les plus subtiles du cosmos pour optimiser la perception du terroir. Jean-Pierre nourrit la terre avec du compost naturel en guise d’engrais. Et travaille les sols kimmeridgiens, argilo-calcaires de la Côte des Bars, en les aérant, les désherbant mécaniquement, afin que les racines des plants plongent très profondément dans le sol pour en extraire les sels minéraux, sources de goût. Il remplace les traitements chimiques par des tisanes naturelles, sulfates de cuivre et poudres de roche par exemple. Il pulvérise sur les feuilles de la silice de quartz pour renforcer la photosynthèse et, sur le sol, des préparations favorisant la vie microbienne, au printemps et à l’automne, à des moments cosmiques précis définis par un calendrier planétaire. «Cette méthode, nous confie le président, oblige le vigneron à aller tous les jours dans les vignes, à les observer, à humer le sol». Cette science du vivant, il l’enseigne aujourd’hui à de jeunes vignerons passionnés. Elle a aussi séduit trois de ses enfants qui ont rejoint la Maison: Benoît, vigneron, Jean Sébastien, responsable des chais, et Morgane, sommelière conseil, diplômée de Suze-la-Rousse, en charge de la commercialisation et des relations export.
Dans la Côte des Bars, la biodynamie a fait des émules: un de ses employés aux chais et un de ses vignerons ont adopté sa démarche innovante. En rachetant leurs raisins, la Maison Fleury se lance dans le négoce en 1996 et double ses ventes qui passent de 100.000 à 200.000 bouteilles.
Novateur, Jean-Pierre Fleury, prince de la biodynamie, l’est assurément, mais il reste aussi très attaché aux traditions. Chez Fleury, la presse sur Coquard s’actionne lentement pour obtenir la meilleure expression du raisin à maturité. L’élevage des vins de réserve se fait sous bois en foudres de chêne de 60 hectolitres pour les enrichir de saveurs vanillées. Tous ses millésimes ne vieillissent pas en cave avec une capsule mais avec un bouchon en liège et une agrafe dès la prise de mousse car les échanges vins/liège amènent une grande complexité.
Tout au long du «process» d’élaboration, ce producteur jovial montre une grande humilité devant Dame Nature et chaque jour se remet en question pour faire mieux, plus goûteux.

Ses efforts sont récompensés par trophées, médailles d’or et bonnes notes décernées par de grands salons, des guides sérieux tels Bettane et Desseauve ou la RVF pour ne citer qu’eux en France, mais aussi le guide Parker aux USA, le magazine Decanter au Royaume Uni. Sa fierté: le Trophée International Wine Challenge de Biodynamie décerné à Londres en 2011.
Les meilleures tables d’Europe s’arrachent ses bouteilles car il travaille comme un couturier et propose du sur mesure aux grands sommeliers qui peuvent ici choisir leur dosage à la commande. Un exemple: le millésime 1995 d’anthologie, est proposé à la vente en brut, extra brut et doux. A se procurer absolument!
MC Bourrellis
Crédit photo: Didier Guy-Atelier Trinité Photo