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Paolo Basso sacré, David Biraud confirmé et Matteo Ghiringhelli révélé

03/11
Concours Meilleur Sommelier d'Europe

Douzième Concours du Meilleur Sommelier d'Europe Strasbourg

Paolo Basso sacré, David Biraud confirmé et Matteo Ghiringhelli révéléAprès Sofia, au printemps 2008, c’est la capitale de l’Europe qui a accueilli 34 candidats tous désireux de succéder au Turc Isa Bal. Mais, déjà classé second à trois reprises, le Suisse Paolo Basso n’a pas laissé passer l’opportunité de s’imposer enfin dans un concours international au terme d’une finale très disputée et d’un événement réussi.
Fin de tension avec l’annonce du palmarès…

Peut-on se contenter de finir éternellement second? En aucun cas! Alors, en se présentant sur la scène du Palais des Congrès et de la Musique de Strasbourg, le sommelier suisse Paolo Basso n’avait qu’une idée en tête : franchir la dernière marche et ajouter son nom à la liste des ‘champions’ d’Europe. Trois fois déjà auparavant il avait espéré s'entendre appeler au moment de l’annonce du palmarès et trois fois, alors, il avait dû se contenter de la place de dauphin. Mais ce lundi 22 novembre 2010, l’heure de sa consécration est enfin venue…

La concurrence était pourtant sérieuse. Les représentants de 34 pays du vieux continent avaient rallié Strasbourg, répondant ainsi à l’invitation de l’Association de la Sommellerie Internationale (ASI), de l’Union De la Sommellerie Française (UDSF) et du Comité Interprofessionnel des Vins d’Alsace (CIVA). Un trio qui a organisé de façon parfaite les épreuves mais aussi l’ensemble des manifestations et dégustations qui les ont accompagnées.

Aussitôt à bord des bateaux de Croisi Europe, qui ont accueilli tous les participants, les candidats étaient plongés dans le vif du sujet. Dégustation d’un vin blanc et d’un vin rouge commentée par écrit, identification de trois eaux-de-vie ou liqueurs et questionnaire étaient les premiers temps forts d’une sélection qui allait s'achever par une épreuve très technique : une bouteille de Porto blanc au bouchon recouvert de cire, huit verres. Une ouverture et un service à réaliser devant deux membres du jury.


34 candidats ont répondu présent et parmi eux, cinq avaient déjà connu la demi-finale du concours mondial, quelques mois plus tôt au Chili.

Huit en demi-finale

En fin de journée, au terme d’une soirée proposée par Heineken et mettant à l’ordre du jour des accords mets et bières, étaient connus les demi-finalistes. Huit au total dont trois seulement - la Norvégienne Merete Bo, l’Autrichien Andreas Jeschmayr et le Suisse Paolo Basso - étaient présents à ce stade du concours trente mois plus tôt en Bulgarie. Les cinq nouveaux venus étaient Matthieu Longuere (Royaume-Uni), Matteo Ghiringhelli (Italie), Arvid Rosengren (Suède), Julia Gosea (Roumanie) et David Biraud (France).


Six des 12 meilleurs sommeliers d’Europe étaient réunis à l’issue de l’annonce du succès de Paolo Basso.

«Tous nous ont prouvé qu’ils étaient bien à leur place dans cette épreuve en nous proposant une demi-finale de très haut niveau. » reconnaissait d’ailleurs Serge Dubs, le vice-président Europe de l’ASI et le premier lauréat de ce concours continental.

Luttant contre le chronomètre, ils devaient enchaîner différentes opérations de service, mais tous, justement, ne surent pas maîtriser le temps imparti. Seuls les trois mieux rodés à la gestion de la tension que fait naître une telle compétition, les plus irréprochables dans leur expression technique, allaient connaître l’honneur de disputer la finale en public.



Le jury de la demi-finale. Assises, de gauche à droite: Yumiko Ueno, Catherine Doré, Michèle Chantôme. Debouts: Shynia Tasaki, Serge Dubs, Danio Braga, Gérard Basset et Enrico Bernardo.

Suisse et France à leur place
et une surprise venue d’Italie

Déjà finalistes lors du mondial chilien, en avril 2010, Paolo Basso (Ceresio Vino, à Lugano) et David Biraud (Le Crillon, à Paris) étaient à nouveau dans le dernier trio où ils accueillaient Matteo Ghiringhelli (Il Vino, à Paris), le candidat italien de 23 ans, élève d’Enrico Bernardo.

Après tirage au sort, le Français ouvrait le bal sous l’œil d’Henri Chapon, Dominique Laporte et Eric Zwiebel, tous candidats tricolores qui ont, depuis 2002, atteint la finale de cette épreuve sans parvenir à décrocher le titre. David Biraud découvrait le premier la série d’épreuves au programme. Un ensemble sans surprise avec du service, l’accord mets et vins, la dégustation commentée d’un vin blanc et d’un vin rouge, l’identification d’eaux-de-vie et liqueurs et la correction d’une carte des vins erronée.


Révélation de ce concours, l’Italien Matteo Ghiringhelli.

«Je me suis efforcé de donner à ma prestation l’image du métier de sommelier telle que je la diffuse au quotidien dans le restaurant du Crillon. C’est-à-dire être chaleureux, souriant et désireux de partager. Ce que j’ai fait sur scène est ce que je fais avec les clients. Voilà pourquoi je n’ai pas réalisé une dégustation mécanique des produits. Au contraire, je voulais inviter le public à m’accompagner dans ma recherche. Je souhaitais être à l’image d’Andreas Larsson lors de sa finale du concours Europe en 2004. Il n’était pas le plus théoricien mais il avait su me faire rêver dans sa façon d’être sommelier…»

Chacun avec son style, les deux autres finalistes ont à leur tour franchi les obstacles. Mais seul Paolo Basso, quelques minutes à peine après la fin du concours, avait le droit de lever triomphalement les bras et de laisser éclater sa joie.


L’enthousiaste Français David Biraud a confirmé que son podium mondial ne devait rien au hasard.

David Biraud pense déjà au futur

Le candidat français prenait la seconde place et le prometteur Italien complétait le podium. Mais au terme d’une année 2010 marquée par la tenue des deux plus grands concours internationaux, on retiendra surtout la confirmation de David Biraud au rang des prétendants les plus solides à la conquête d’un titre. «David nous a ravis, soulignait d’ailleurs Serge Dubs. Il est finaliste des deux premiers concours auquel il participe. Je suis notamment admiratif devant la masse de travail qu’il a dû abattre pour atteindre un tel niveau en un an. Le bilan français est donc bon mais pas parfait, malheureusement, et je comprends son amertume car je l’ai connue aussi…»

Battu mais pas abattu, le Chef Sommelier du Crillon, s’est donc déjà tourné vers les prochaines échéances. «J’ai vécu une très grande année avec deux podiums. Une médaille de bronze puis une d’argent, c’est la preuve d’une progression. Mais je ne vais pas m’arrêter là. Il y aura d’abord une phase de repos, je vais aussi en profiter pour remettre au propre tout ce qui constitue la base de mes connaissances. Puis, fin 2011, je préparerai mon plan d’action pour l’année 2012 et la sélection française…». Une épreuve qui à elle seule est déjà du niveau d’un grand concours.

Le prochain mondial se déroulera au Japon alors que le 13e concours européen devrait avoir pour cadre l’Italie. Et dans son pays d’origine, Paolo Basso sera cette fois du côté du jury.

Jean Bernard

Les Meilleurs Sommeliers d'Europe

1988 – Serge Dubs (France)
1990 – Mikael Söderström (Suède)
1992 – Bernd Kreis (Allemagne)
1994 – Eric Beaumard (France)
1996 – Gérard Basset (Royaume-Uni)
1998 – Eric Duret (France)
2000 – Franck Thomas (France)
2002 – Enrico Bernardo (Italie)
2004 – Andreas Larsson (Suède)
2006 – Robert Lie (Norvège)
2008 – Isa Bal (Turquie)
2010 – Paolo Basso (Suisse)